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mercredi 20 juin 2018

La « lettre secrète » par laquelle les présidents US protègent l’arsenal nucléaire israélien


En 1969, Richard Nixon et Golda Meir arrivent à un accord en vertu duquel Israël s’engage à ne pas déclarer, tester ou menacer d’utiliser ses missiles nucléaires. En échange, les États-Unis n’exercent plus de pression pour qu’Israël signe le traité de non-prolifération nucléaire, selon le New Yorker.....Détails......



Depuis 60 ans, les gouvernements américains et israéliens perpétuent un accord permettant à Tel-Aviv de protéger son arsenal nucléaire, révèle un passionnant article du magazine The New Yorker publié lundi qui raconte l’histoire de cette entente.
Tout commence à l’automne 1969. Après une décennie de tensions entre les deux pays au sujet de la volonté d’Israël de fabriquer une bombe dans le centre nucléaire de Dimona, Richard Nixon et Golda Meir parviennent à un accord non écrit : Israël s’engage à ne pas déclarer, tester ou menacer d’utiliser ses missiles nucléaires. 
En échange, les États-Unis n’exercent pas de pression sur l’État hébreu pour qu’il ratifie le traité de non-prolifération nucléaire.
Pendant plus de vingt ans, les présidents américains et les Premiers ministres israéliens appliquent cet arrangement tacite, jusqu’à la guerre du Golfe en 1991, lorsque les grandes puissances évoquent la possibilité de créer une zone au Moyen-Orient sans armes de destruction massive.
Israël estime alors que l’accord tacite ne suffit plus : une lettre secrète est donc rédigée, reprenant les termes de l’accord conclu entre Nixon et Meir.
Cet accord sera renouvelé avec chaque nouvelle administration américaine. En 1998, dans une missive adressée aux officiels israéliens, le président américain de l’époque, Bill Clinton, assure à l’État juif qu’aucune initiative américaine de contrôle des armes ne « réduira les capacités de dissuasion d’Israël ». 
Plus tard, Tel-Aviv a ajouté à ce document qu’Israël a le droit de « se défendre seul » et que l’arsenal nucléaire américain ne devra pas se substituer aux armes nucléaires israéliennes.
George W. Bush signe cette lettre à son arrivée au pouvoir, tout comme Barack Obama, en 2009, malgré les craintes des responsables israéliens de l’époque. Avant une conférence sur la non-prolifération nucléaire en 2010 qui réveille de nouveau les craintes d’Israël, le président Obama déclare que la politique américaine n’a pas changé sur la question de la non-prolifération nucléaire et qu’« Israël a des exigences uniques en matière de sécurité ». 
Des déclarations publiques qui faisaient écho au contenu des lettres secrètes, sans néanmoins révéler leur existence, note le New Yorker.
Des sources officielles US citées par l’auteur de l’article, Adam Entous, expliquent que ce document secret signifie que Washington soutient l’argument de Tel-Aviv selon lequel il ne peut accepter un désarmement au vu de la situation au Moyen-Orient. 
Des sources israéliennes voient plutôt dans ce document un engagement des Américains à n’exercer aucune pression sur l’arsenal nucléaire israélien.
Dernier épisode en date, le 13 février 2017. 
Ce jour-là, une délégation israélienne, dont l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Ron Dremer, se rend à la Maison-Blanche pour demander au président Donald Trump de signer la lettre. 
Mais les conseillers du président US ne comprennent pas de quelle lettre il s’agit. 
En réalité, tous les documents signés par les prédécesseurs de M. Trump ont été consignés dans les archives. Et la transition entre les équipes d’Obama et celles de Trump a été pour le moins tendue. 
« À l’instar des conseillers d’Obama, ceux de Trump étaient déroutés par l’insistance de (Benjamin) Netanyahu pour que la lettre soit très rapidement signée », écrit le New Yorker, qui précise que les Israéliens ont présenté à l’équipe de M. Trump une copie de la lettre.
Après des discussions tendues, la Maison-Blanche étant irritée par la pression israélienne et le fait que, comme le rapporte le magazine américain, l’ambassadeur israélien aux États-Unis, Ron Dermer, se comporte à la Maison-Blanche comme chez lui, Donald Trump finit par signer le document.

Source L'Orient le Jour
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