Le lancement du projet de pipeline « Red-Dead » reliant la mer Rouge à la mer Morte, réactivé en 2015, est suspendu à la validation des plans de financement de la Jordanie et d'Israël. Pendant ce temps-là, le grand lac d'eau salée du Proche-Orient recule.......Détails........
Le terme de pharaonique lui convient toujours, bien que son financement ait été revu à la baisse.
Le projet « Red-Dead » (mer Rouge - mer Morte), qui doit enrayer le processus d'assèchement du grand lac d'eau salée du Proche Orient, met en jeu un investissement de 1 milliard de dollars.
C'est dix fois moins que ce qui avait été annoncé en 2005 quand Israël, la Jordanie et l'Autorité Palestinienne, se sont entendus pour donner vie à ce vieux rêve.
Le retrait de la Banque mondiale a entraîné une remise à plat complète du scénario initial, très surdimensionné, qui avait été bâti pour réaliser ce chantier. Sa nouvelle mouture a fait l'objet d'un accord en février 2015 entre Israël et la Jordanie.
Elle prévoit la réalisation dans ce dernier pays d'une unité de dessalement à Aqaba, et d'un pipeline de 180 km reliant la mer Rouge à la mer Morte.
La Jordanie s'impatiente
Le premier ouvrage doit fournir 65 millions de m3 d'eau douce par an, dont 35 millions vendus à Israël pour approvisionner la station d'Eilat, au nord de la mer Rouge.
Les autres 30 millions de m3 sont destinés à la Jordanie. Le second ouvrage doit transporter la saumure rejetée par l'usine d'Aqaba jusqu'à la mer Morte et ce, à raison de 235 millions de m3 par an.
Un volume considéré comme le meilleur point d'équilibre entre la nécessaire préservation de la biodiversité propre à la mer Morte et l'impératif de ralentir au maximum la baisse de son niveau.
Le déclenchement des opérations se profile. Reste cependant à savoir quand va tomber la décision de Jérusalem de débloquer sa part de financement. Israël tarde à apporter les 140 millions de dollars attendus, selon Amman qui, de son côté, assure être tout proche de faire aboutir son propre dossier de financement, du même montant.
« En réponse à la requête du gouvernement jordanien, une proposition de prêt est en cours d'instruction par l'AFD, qui a été validée en décembre par son comité des risques », signale Atika Ben Maid.
La chargée de projets à l'Agence française de développement (AFD) en Jordanie précise aussi que les autres contributeurs européens (Union européenne, Banque européenne d'investissement, Espagne et Italie) en sont au même stade et attendent que le dossier soit finalisé entre la Jordanie et Israël, pour le faire valider définitivement par leurs conseils d'administration.
« Avec ces partenaires, on espère signer un montant de cofinancement qui correspond à la contribution totale attendue par la Jordanie avant la fin de cette année », ajoute-t-elle.
Le privé déjà mobilisé
Les autres financements ne posent pas de problème. Plusieurs pays, dont la France, l'Italie, le Japon et surtout les Etats-Unis, qui ont prévu d'apporter 100 millions de dollars, vont contribuer directement au projet et ce, à un niveau d'aides qui totalise aujourd'hui 120 millions de dollars.
Enfin, les 600 millions que doit apporter le privé ne sont pas un problème. Cinq consortiums, dont le français Suez fait notamment partie, ont été préqualifiés pour porter ce projet dans le cadre d'un PPP.
Rien n'est joué cependant. Iyad Dahiyat, le secrétaire général de la Water Authority of Jordan fait état de « difficultés » avec Israël. Depuis la fusillade survenue en juillet dernier à Amman, dans l'ambassade d'Israël , les relations entre les deux pays se sont tendues.
La récente arrivée d'un nouveau représentant diplomatique de l'Etat juif dans la capitale jordanienne augure un début de réchauffement qui ne peut pas faire de tort à « Red-Dead ».
Joël Cossardeaux
Source Les Echos
Suivez-nous sur FaceBook ici: