Pages

dimanche 28 janvier 2018

Les milices chiites, bras séculier de Téhéran


Malgré les protestations de l’opposition iranienne, les inquiétudes d’Israël et de l’Arabie saoudite, les Pasdaran continuent de soutenir les groupes armés chiites qui se battent hors des frontières de l’Iran......Analyse.........


Abandonne la Syrie, occupe-toi de nous, criaient en décembre dernier les manifestants iraniens au président Rohani.

Comme jadis aux États-Unis pendant la guerre du Viêtnam, une partie de l’opinion demande, aujourd’hui, au régime de rapatrier ses milliers de Gardiens de la révolution, les Pasdaran, qui financent à grands frais une soixantaine de milices chiites et se battent à leurs côtés contre Dae’ch dans les pays voisins. Mais rien n’y fait.
Car pour le guide suprême de la révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, ce sont ces volontaires de la Mobilisation populaire, les Hachd al-Chaabi qui, avec les Gardiens de la révolution, ont vaincu les takfiris, les “excommuniés de Dae’ch”, en Irak.
Et contre les Pasdaran, le président réformiste Rohani ne peut rien. Ils sont aux ordres du guide et disposent d’une véritable fortune, au grand dam de l’opposition.
Grâce aux entreprises, aux banques et aux fondations qu’ils contrôlent, les Gardiens de la révolution ont déployé en opération “extérieures” leur force spéciale Al-Qods (“Jérusalem”, en farsi), qui encadre plus de 100 000 hommes.
La plus ancienne de ces milices est le Hezbollah libanais, devenu une véritable armée intégrée aux Pasdaran.

Votre avocate en Israël...

Elle pallie en Syrie le manque d’effectifs de l’armée loyaliste de Bachar al-Assad. La brigade de l’Imam-Ali est aussi en première ligne.
Elle est accusée de crimes de guerres sur des civils sunnites. Asaïb Ahl al-Haq, “la Ligue des vertueux” en français, est accusée, elle, de plusieurs dizaines d’exécutions de sunnites.
Les brigades du Parti de Dieu sont appelées Hezbollah d’Irak. Ces 10 000 miliciens déployés en Syrie sont accusés par les Nations unies d’un massacre de civils.
Pendant la bataille de Mossoul, ils bouclaient l’ouest du fief de Dae’ch avec un armement puissant fourni par les Russes, via l’Iran.
Depuis, leur chef, Akram al-Kaabi, a annoncé qu’il allait former une Brigade de libération du Golan syrien, territoire sous controle d'Israël.
Ces chefs de guerre veulent désormais présenter des candidats pro-iraniens aux législatives irakiennes du 12 mai prochain contre ceux du Premier ministre sortant, Haïder al-Abadi, qui, sous la pression des États-Unis et de la France, a rompu, pour le moment, avec eux.
L’Arabie saoudite et ses alliés sunnites du Golfe se sentent menacés par ce “croissant chiite” que le régime des ayatollahs vient de conquérir depuis la chute de Dae’ch.
De l’Iran jusqu’au Liban existe désormais une continuité territoriale qui englobe des pays gouvernés par des chiites, comme l’Irak, ou par des alliés, comme la Syrie. Un arc confessionnel armé par Téhéran qui atteint désormais la Méditerranée.
Du coup, Israël est aujourd’hui pris en tenaille.
Au nord, par le Hezbollah, État dans l’État libanais, qui contrôle en sous-main les institutions du pays. Au nord-est, par les milices pro-iraniennes en Syrie, qui se rapprochent de sa frontière.
À Téhéran, au bureau d’Ali Khamenei, on crie victoire, malgré les récentes manifestations contre le régime.
Le chef de la force Al-Qods, le général Qassem Soleimani, multiplie les visites en Irak et le chef du Hezbollah irakien, Akram al-Kaabi, lui tresse des louanges pour l’aide de ses conseillers qui ont permis de déjouer les « plans de l’Amérique dans la région ».

Votre avocate en Israël...

Les chiites d’Irak, près de 60 % de la population du pays, suivent principalement les préceptes de l’ayatollah Ali al-Sistani mais reconnaissent l’influence théologique et politique d’Ali Khamenei.
En juillet dernier, les ministres de la Défense iranien et irakien ont signé un accord pour renforcer leur coopération militaire et la lutte contre le « terrorisme et l’extrémisme ».
Les deux régimes sont d’accord sur la présence des milices. Vladimir Poutine aussi. Mi-novembre, son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a indiqué que l’Iran avait une présence « légitime » en Syrie et que la Russie n’était pas concernée par l’expulsion des milices affiliées à l’Iran.
D’où l’inquiétude des États-Unis et de leur allié saoudien. Ils craignent la recomposition territoriale et politique qui émerge au Moyen-Orient depuis la défaite de Dae’ch.
L’influence d’un Iran conquérant et victorieux ravive l’antagonisme millénaire entre les Arabes sunnites, qui représentent le courant majoritaire de l’islam, et les Iraniens perses et chiites, qui sont bien décidés à retrouver la splendeur de l’Empire achéménide, ainsi qu’une profondeur stratégique.
Une dynamique qui risque de créer de nouveaux troubles dans la minorité chiite de l’Arabie saoudite, 10 à 15 % de la population, concentrée dans la province pétrolière.
Au Yémen voisin, les chiites houtistes contrôlent la moitié du pays et la capitale, Sanaa.
Ryad accuse Téhéran d’y être à la manoeuvre, avec des miliciens du Hezbollah et des conseillers de la force Al-Qods. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, eux, soutiennent les forces gouvernementales.
Le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, a quant à lui demandé, l’an dernier, « le départ des milices iraniennes », « maintenant que le combat contre l’État islamique touche à sa fin ». Un voeu resté pieux.

Source Valeurs Actuelles
Suivez-nous sur FaceBook ici:
Suivez nous sur Facebook...
Sommaire Vous avez un business ?