Ce journaliste israélien installé en France s’indigne des abandons et du traitement infligé par les Français à leurs animaux de compagnie.......Détails.........
C’est sans doute le rituel le plus exaspérant des grandes vacances en France, en tout cas aux yeux de l’observateur étranger. Non seulement du fait de son ampleur, mais aussi de l’indifférence avec laquelle il est accueilli chaque année, comme s’il était irrémédiable ou inné.
Cette année n’a pas fait exception à la règle : en juillet et août, ce sont plus de 60 000 animaux, dont une majorité de chats et de chiens, qui ont été abandonnés par leur propriétaire, selon la Société protectrice des animaux (SPA).
Au moins un tiers d’entre eux sont morts, ou ont dû être piqués en raison de la surpopulation dans les refuges.
[Début septembre,] selon un rituel immuable, les mêmes personnes ont poussé la porte des animaleries ou des refuges pour aller chercher un nouveau compagnon, qu’il soit chat, chien, lapin ou hamster.
Après un tassement récent dû aux campagnes d’information et au durcissement de la législation, le phénomène est reparti de plus belle cet été : 2017 battra sans doute le record du nombre d’abandons en France depuis les années 1970.
Sans doute un record mondial d’abandons
Le déni généralisé de ce phénomène (même s’il existe aussi en Allemagne, la France détient sans doute le record européen, voire mondial, de l’abandon d’animaux) est lié en partie au fait que la France se sait pionnière sur la question des droits de l’homme et des animaux.
Entre 1789 et 1794, la République a adopté des lois très sévères en matière de protection des animaux, principalement pour les chevaux, mais également pour les chiens et les chats.
L’objectif était d’éradiquer des coutumes très ancrées comme l’abattage de chats, l’exploitation cruelle des chevaux et l’organisation des combats de chiens.
La Révolution française voulait également asseoir une idéologie laïque qui éliminerait la notion de supériorité de l’homme sur les autres animaux telle que définie dans la tradition judéo-chrétienne.
Descartes se demandait même si les animaux ressentaient la douleur, et d’autres philosophes français ont essayé de transposer les mesures implicites dans l’idée de la supériorité de l’homme, détournant les versets originels de l’Ecclésiaste (3:19) au passage (“Car le sort des fils de l’homme et celui de la bête sont pour eux un même sort ; comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l’homme sur la bête est nulle ; car tout est vanité.”).
La Révolution créera les premiers refuges pour animaux ; les gens qui se rendent coupables de cruauté à leur égard seront mis derrière les barreaux, et dans certains cas à l’échafaud.
Ces refuges sont actuellement saturés. On abandonne dans toutes les couches sociales – des données ont été recueillies cet été à Marseille, une ville pauvre, et Bordeaux, une cité prospère : dans les deux villes, une moyenne de 43 chats et chiens étaient abandonnés chaque jour.
Or, la seule chose que tous ces propriétaires ont en commun, ce sont les animaux qui les empêchent de prendre de longues vacances, un droit fondamental qui l’emporte sur le droit à la vie de celui qui était, jusque-là, leur meilleur ami.
Source Courrier International
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