Samuel Sandler a perdu un fils et deux petits-enfants dans la tuerie de l'école juive Ozar-Hatorah. Chaque imprécision sur les circonstances de la mort de son fils et de ses deux petits-fils, tués le 19 mars 2012 avec leur petite cousine Myriam Monsonégo, 8 ans, devant l'école juive Ozar-Hatorah à Toulouse par celui qu'il appelle «l'assassin», le fait souffrir.....Détails......
«Je le prive de nom comme il nous a privés de vie», dit Samuel Sandler. Le père de Jonathan, 30 ans, grand-père d'Arieh, 5 ans, et de Gabriel, 3 ans, précise : «Ils étaient devant le collège Ozar-Hatorah. Ils attendaient la navette pour aller à l'école primaire... Ils n'étaient pas un prof et ses élèves comme je l'entends dire à tort.»
L'homme, brisé par un chagrin qu'il tait avec pudeur, ne vit plus qu'avec ce but : «Faire vivre leur souvenir.»
Du procès qui s'ouvre ce lundi, du coup, il n'attend «rien». «A la justice de faire son travail», balaye-t-il.
Alors il s'y rendra, oui, mais mû par le seul «devoir de mémoire» à l'égard des siens.
Fils d'un couple de juifs allemands qui avaient fui le nazisme avant de s'installer en Haute-Vienne, Samuel Sandler a grandi avec le souvenir de son petit-cousin Jeannot, arrêté au Havre à l'âge de 8 ans puis déporté de Drancy à Auschwitz en 1943 avec ses parents et sa grand-mère Pauline.
Pour Jeannot jadis, comme pour Jonathan, Arieh et Gabriel aujourd'hui, il est hanté par cette crainte : «J'ai peur qu'on les oublie.»
«Chaque attentat a tendance à effacer le précédent et à faire basculer les victimes des crimes précédents dans l'oubli. Après celui de Charlie Hebdo, lors de la grande manifestation, dans la foule, je le ressentais : non, ce ne sera pas le dernier.»
Samuel Sandler l'a affirmé dans son discours, le 19 septembre, lors de la journée annuelle d'hommage aux victimes du terrorisme :
«Je ne peux pas faire de différence entre les nazis et les islamistes. C'est la même haine qui les habite, ce sont des tueurs d'enfants juifs.»
Il sait que ce nom qu'il refuse de prononcer va l'être tout le temps durant l'audience.
Et s'il sait aussi que «la pire crapule a le droit à une défense dans un Etat de droit», la complicité du «frère de l'assassin» ne fait pour lui pas débat : «Ils partagent les mêmes idées.»
Il tient à saluer «l'énorme travail des juges d'instruction», puis son regard se perd dans le vague.
Il dit : «On ne tire pas sur un enfant de 3 ans qui a encore sa tétine dans la bouche. Et en plus, l'assassin s'est filmé. Même les nazis ne faisaient pas ça.»
Source Le Parisien
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