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mercredi 27 septembre 2017

Chronique du nouvel antisémitisme....


Quelques mois après le meurtre de Sarah Halimi, le 8 septembre, une famille juive a été séquestrée et agressée à son domicile. Enquête sur ce nouveau phénomène qui ronge nos banlieues et sur le silence des pouvoirs publics......Détails........



Mireille cherche à les raisonner, ils n’ont pas de coffre. Pas de quoi convaincre les individus qui l’agressent à son domicile. « Vous êtes juifs, vous avez de l’argent ! », répètent-ils. « C’était le thème central des échanges, se souvient Roger Pinto, ils répétaient : “On prend l’argent aux juifs pour donner aux pauvres.” »
Cette énième agression visant des Français juifs aurait pu passer inaperçue, mais, quelques mois après le meurtre de Sarah Halimi, il était difficile de la glisser sous le tapis.
Et le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) entendait bien veiller à ce que l’indifférence publique n’affecte pas cette sinistre affaire. Les victimes, une famille juive de Seine-Saint-Denis, sont connues pour leur engagement militant sioniste.
Tout commence vendredi 8 septembre, alors que Roger Pinto, 84 ans, et Mireille Pinto, 74 ans, viennent de rentrer de vacances.
Ils vivent dans un pavillon bourgeois de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) avec leur fils David, handicapé.
Depuis trente-sept ans qu’ils sont installés dans cette commune, la famille mène une vie paisible, sans déplorer d’incident. Ce vendredi, vers 9 heures, David descend à la cuisine préparer son thé.
Surprise, la lumière ne s’allume pas. Il descend à la cave vérifier le compteur électrique. C’est alors que trois hommes de type africain lui sautent dessus, l’immobilisent, l’attachent et lui demandent combien de personnes habitent les lieux. Plus tôt, ces individus se sont introduits dans le domicile après avoir scié des barreaux de la cave donnant sur l’extérieur.
Le sous-sol était fermé, ils ont donc coupé l’électricité afin de forcer leur victime à se rendre à la cave et à ouvrir la porte.
Sans savoir ce qu’il se passe à quelques mètres de là, Mireille, à son tour, se rend à la cuisine.
Elle tombe nez à nez avec deux hommes qui se jettent sur elle, tentant de la ligoter. Elle se débat, hurle, avant d’être projetée au sol et rouée de coups. Entendant les cris de sa femme, Roger Pinto se précipite dans les escaliers. Il est alors battu, frappé au visage et au thorax.
« Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait », raconte Roger Pinto, meurtri mais combatif.
Mireille confie même avoir craint d’être violée. Une fois leurs victimes maîtrisées, les agresseurs les interrogent : « Où est votre coffre ? »
Menacée avec un couteau et un tournevis, la famille soi-disant riche car juive est sommée de suivre les ravisseurs dans l’une des chambres.
Le pavillon est alors vandalisé : livres et châle de prière jetés au sol, matelas éventrés, meubles déplacés…
Les trois agresseurs restent persuadés de l’existence d’un coffre chez eux. Le calvaire dure près de deux heures.
« Seul l’un des ravisseurs, celui qui semblait mener les opérations, était cagoulé, les autres non. Cela nous a inquiétés, nous avons craint pour notre vie », explique le père de famille.
N’entendant plus les ravisseurs, Mireille se saisit du téléphone portable dans la poche de son fils. Dans la peur, elle se trompe de numéro et appelle les pompiers et leur raconte, en larmes, la situation.
Quelques minutes après, la police arrive, défonce la porte du pavillon et libère les Pinto.
Mais les agresseurs ont réussi à s’enfuir, emportant 500 euros en liquide, des cartes de crédit et deux parures de bijoux d’une valeur de 150 000 euros, laissant derrière eux une famille traumatisée.
Aujourd’hui, Roger Pinto aimerait que son cas, symptomatique de ce qui arrive à la communauté juive en France, alerte les pouvoirs publics : « Si la situation ne s’améliore pas, comment imaginer rester en France alors que nous sommes l’ennemi numéro un ? »
Une question à laquelle certains ont répondu. Chaque année, plusieurs milliers de Français juifs quittent le pays qui est le leur, pour rejoindre Israël, le Royaume-Uni ou l’Amérique.
Selon le BNVCA, chaque année, entre 6 000 et 8 000 juifs partent à l’étranger. À cela s’ajoutent les déplacements au sein même du territoire français, notamment depuis 2000, date du début de la seconde intifada.
En Île-de-France, où se concentrent près de 250 000 juifs, ces derniers délaissent l’Est pour l’Ouest.
« À Sarcelles, surnommée “la petite Jérusalem”, les synagogues sont désormais vides », déplore maître Marc Bensimhon, avocat de la famille Pinto et membre du BNVCA.
Cette année, à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), une famille juive a découvert dans sa boîte aux lettres une balle de kalachnikov accompagnée d’insultes, à Anet (Eure-et-Loir), c’est l’inscription « Hitler avait raison, il fallait mettre tous les juifs dans des fours » sur laquelle tombe une autre famille juive…
Alors que les juifs représentent moins de 1 % de la population française, ils sont la cible de la moitié des actes racistes commis en France.
En cause, depuis une quinzaine d’années, des individus généralement d’origine musulmane, bien loin du profil skinhead affilié à l’extrême droite (lire notre encadré, page 34).
Les juifs qui restent en France tentent de donner de la voix : « C’est un enjeu politique. La communauté israélite représente 500 000 personnes, quand on compte près de 5 millions de musulmans dans notre pays. On ne fait pas le poids », lâche Richard Abitbol, président de la Confédération des juifs de France et des amis d’Israël.
Et d’ajouter : « Les juifs ne brûlent pas de voitures pour manifester leur mécontentement, ils ne cassent pas de vitrine… Un énorme défaut dans cette société. »
Comme les canaris dans les mines, qui signalaient les risques de coup de grisou, les juifs de France alertent sur l’état de santé de la société. Encore faudrait-il qu’ils soient écoutés.
Source Valeurs Actuelles
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