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dimanche 27 août 2017

Joël Mergui : Les juifs, voleurs de poules ?

 
Révélée par le Parisien, une lettre des services de la préfecture des Hauts-de-Seine aux fermes du département, mettant en garde contre les vols de bêtes à l’approche des fêtes de l’Aïd al Ahda et de Yom Kippour, provoque l’indignation de la communauté juive......Détails........



« J’ai été effaré de découvrir dans la presse du 22 août que j’étais devenu soudainement et collectivement, avec tous mes coreligionnaires, un voleur de poules potentiel ! » Joël Mergui, le président du Consistoire central, n’a pas de mots assez fort pour dire sa consternation après la lecture d’un article duParisien.
Dans son édition du mardi 22 août, en effet, le quotidien francilien révélait l’envoi, le 7 août, d’un courrier de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) des Hauts-de-Seine à tous les propriétaires de moutons, chèvres et volailles du département.
L’objet de cette lettre : inviter les éleveurs à « la plus grande vigilance » face au risque de vols d’animaux à l’approche de la fête musulmane de l’Aïd al Ahda et de la fête juive de Yom Kippour, qui auront lieu en septembre.
« Des personnes malintentionnées pourraient essayer de les capturer en vue de pratiquer des abattages clandestins », explique au Parisien Patrick Drouet, directeur de la DDPP des Hauts-de-Seine.
L’un des rites de l’Aïd al Ahda consiste à sacrifier une bête de troupeau, le plus souvent un mouton. Chez les juifs, le sacrifice d’un poulet après le rite des « Kapparot », la veille de Kippour, est une tradition encore en vigueur principalement chez les plus orthodoxes.
Si les préventions de la DDPP se fondent notamment sur le démantèlement, en 2013, d’un trafic de moutons volés dans un campement rom, aucune plainte n’a été déposée en revanche concernant des vols de poulets. L’affaire a provoqué, vendredi 25 août, la colère de Joël Mergui, qui s’indigne dans une tribune publiée dans Le Monde.
« Voilà comment de préjugés en amalgames, la communauté juive – contre laquelle aucune plainte n’a même été émise – est stigmatisée et jetée en pâture à l’opprobre public pour des faits imaginaires qui ne la concernent ni de près ni de loin ! », proteste le président du consistoire, qui déplore également le « discrédit collectif » que cette circulaire jette sur les Roms et les musulmans.
Allant plus loin, Joël Mergui accuse la DDPP d’avoir associé les vols de poulets et la fête de Kippour dans ses avertissements, pour ne pas être accusée de ne cibler que l’Aïd al Ahda et les vols de moutons.
« Pourquoi les juifs doivent-ils systématiquement être invoqués, comparés, associés, amalgamés à toute déclaration négative non assumée en direction des musulmans ? », interroge-t-il.
« J’espère que cette maladresse administrative sans lendemain servira enfin à faire réfléchir », conclut-il.
La réaction de Joël Mergui fait suite à celle d’une autre figure de la communauté juive française, Francis Kalifat, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
Dès mercredi 23 août, celui-ci avait réagi auprès de la DDPP. « L’amalgame entre juifs et musulmans fait systématiquement par le monde politique et médiatique et cette fois par l’autorité administrative est devenu intolérable et insupportable », avait-il lui aussi affirmé.
Dans l’intervalle, la préfecture des Hauts-de-Seine, dont dépend la DDPP, a tenté de se justifier dans un communiqué, jeudi 24 août, affirmant que « ce courrier (…) n’est évidemment pas destiné à stigmatiser les différents rites religieux ».
« Un tel courrier est adressé aux fermes pédagogiques chaque année depuis 2013 », précise la préfecture. Des explications qualifiées de « mise au point a minima » par le Crif.
Source Tribune Juive (et La Croix)
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