La plus grande usine d’épuration des eaux usées à destination de l’agriculture au monde, Shafdan (photo ci-dessus), se situe en Israël. Un exemple de mobilisation de ce pays, leader mondial de la gestion de l’eau, pour trouver des solutions au déficit cruel auquel il est confronté.......Reportage.......
L’eau est l’une des préoccupations principales de l’état d’Israël. Plus de la moitié du pays est désertique, les précipitations limitées, avec d’énormes différences de répartition entre le nord et le sud.
Les ressources en eau proviennent des sources du Golan, du Jourdain, du lac de Tibériade. Ce dernier représentant le tiers de l’eau consommée du pays, mais son niveau baisse de manière inquiétante du fait de l’évaporation.
Leader en hautes technologies
Israël a pris très tôt des mesures pour gérer et répartir avec parcimonie l’eau. Outre les besoins en eau potable de la population, l’agriculture nécessite le recours à l’irrigation des régions jusqu’alors non exploitées comme le désert du Néguev.
Cette situation a obligé le pays à trouver des solutions. Il est devenu le leader mondial de la gestion de l’eau et exporte son savoir-faire dans le monde entier.
Cette spécialité en hautes technologies dans tous les domaines est l’une des caractéristiques de ce pays à la surface réduite et ne possédant pas d’industries lourdes.
Un exemple en agriculture : ce sont les Israéliens qui ont mis au point le « goutte à goutte », technique d’irrigation économisant l’eau et utilisée dans le monde entier.
Israël est à la pointe des processus de désalinisation de l’eau de mer pour produire de l’eau potable. La recherche agronomique n’est pas en reste. Elle travaille sur des variétés résistantes à l’eau salée. C’est le cas de la variété de tomate « Jahnun ».
Eaux usées recycles
Parmi les moyens de se procurer de l’eau figure la récupération des eaux usées. C’est l’activité de Shafdan, impressionnant complexe de retraitement des eaux usées.
Situé à Rishon Le Tziyon, dans la banlieue de Tel Aviv, le site de Shafdan s’étend sur 200 ha. Cette station traite chaque jour 370 000 m3 d’eaux usées acheminées par 110 km de canalisations reliées aux égouts d’une population concernée de 2,5 millions d’habitants.
Ce sont plus de 85 % des eaux usées qui y sont recycles.
Tout un processus est mis en route : décantation, filtrage, brassage à l’air… À l’arrivée, de l’eau épurée destinée à l’irrigation de l’agriculture. Autrefois, ces boues étaient rejetées en mer mais, depuis les accords de Barcelone, cette solution est abandonnée.
D’où la mise au point d’un processus de leur transformation : passage par un « digesteur » dont le gaz est récupéré pour l’industrie, stérilisation anaérobie… pour arriver à un engrais sec.
Engrais gratuity
Pour obtenir un engrais équilibré, Shafdan récupère les cendres issues de la production d’électricité.
La présence de métaux lourds est très faible. Pas de traces de mercure depuis son interdiction et la présence de plomb a chuté depuis l’utilisation de pots catalytiques pour les automobiles. Et le fait qu’Israël possède très peu d’industrie lourde engendre peu de pollution.
Près de 40 tonnes d’engrais sont produites par jour et sont distribuées gratuitement aux agriculteurs.
Le coût de ce produit résiduel est assumé par les collectivités qui ont dû augmenter le prix de l’eau pour le financer. Par contre, l’agriculteur paye le tiers du coût de l’eau qu’il utilise pour l’irrigation. Elle est destinée aux grandes cultures et aux productions fruitières.
Plus de 60 % de l’agriculture dans le Néguev est irriguée par l’eau Shafdan. À cela s’ajoute une mesure d’incitation : l’attribution aux agriculteurs d’un quota de 1,2 litre d’eau recyclée pour l’abandon d’un quota de 1 litre d’eau potable.
« Si la qualité de l’eau que nous produisons s’améliore sans cesse, il nous faut encore rassurer les utilisateurs souvent réticents », conclue Gal Shoham « instructeur » chez Shafdan.
Par Jean-François Coffin
Source Campagnes et Environement
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