D’après une étude menée par le Prof. Yair Ben-David (Eugene Kobyliansky) du Département d’anatomie et d’anthropologie de l’École de médecine de l’Université de Tel-Aviv, en collaboration avec le doctorant Dmitri Torchinsky de l’Ecole de chimie, les descendants nés de parents qui ont gravement souffert de la faim viennent au monde avec des télomères (extrémités des chromosomes, liés au vieillissement et à l’espérance de vie) raccourcis sur au moins trois générations....
Selon les chercheurs, l’étude pourrait prouver que la faim, la malnutrition et même les périodes de jeûne provoquées peuvent accélérer le processus de vieillissement et / ou raccourcir l’espérance de vie chez les victimes et leurs descendants.
La recherche, à laquelle ont également pris part le Dr. Leonid Kalichman du Département de physiothérapie de l’Université Ben-Gourion et le Prof. David Karasik de la Faculté de médecine en Galilée de l’Université de Bar-Ilan, a été publiée récemment dans la revue The American Journal of Clinical Nutrition.
“Les télomères sont des séquences d’ADN spécifiques, situées aux deux extrémités de chaque chromosome, qui se raccourcissent à chaque division du noyau cellulaire” explique le Prof. Kobyliansky. “Les recherches antérieures ont montré un lien clair entre la dynamique de ces télomères et le processus de vieillissement et la longévité des personnes.
Nous avons voulu examiner si la famine influait sur la longueur des télomères, à la fois chez les personnes qui l’ont elles-mêmes vécue et chez leurs descendants”.
Les chercheurs ont choisi de mener leurs recherches chez les Koubatchis, population de petits villages de la rive est de la Volga, en Russie orientale, qui a connu une famine sévère dans les années 1922-1923, décimant 50 à 60% de la population.
A cet effet, ils se sont rendu sur place 3 fois pendant les 20 dernières années, en 1994, 1999 et 2002, et ont recueilli des échantillons de sang d’un groupe de 687 hommes et de 647 femmes, nés entre 1980 à 1909, appartenant à 410 familles nucléaires différentes.
Ils ont ensuite mesuré en laboratoire la longueur des télomères contenus dans les globules blancs des échantillons.
Les échantillons ont divisés par groupes d’âge: les personnes nées entre 1909 et 1921, qui étaient âgées de un à treize ans lors de la famine; celles nées en1922-1923 pendant la famine elle-même; les personnes nées entre 1924 et 1928, peu de temps après la famine, mais dont les parents y ont été exposés à l’âge de procréation; et tous ceux qui sont nés après 1928, y compris les descendants des survivants.
Les résultats se sont avérés fascinants. Parmi les hommes, en particulier, des différences significatives ont été observées entre les groupes: les télomères les plus courts se trouvaient chez les individus nés immédiatement après la famine, entre 1924 et 1928, et les plus longs chez ceux nés avant les années de famine, en 1921-1909.
Les chercheurs en ont conclu que la famine n’a pas affecté les télomères des hommes ayant soufferts eux-mêmes de la faim étant enfants, mais a eu le plus grand impact sur ceux des enfants nés de parents qui ont connu la faim à l’âge adulte.
En d’autres termes, il semble que les cellules reproductrices des parents qui ont connu la faim en âge de procréer aient subi les dommages les plus graves sur ce plan. Il est fort probable que le préjudice ait été intensifié par la pression psychologique vécue pendant la période difficile. Ils ont de même constaté que les télomères raccourcis en raison de la famine sont passé dans l’héritage génétique des trois générations suivantes, chez les hommes nés entre 1980-1929.
“Notre recherche est très pertinente aujourd’hui également, car de nombreuses populations dans le monde souffrent encore de la faim et de la malnutrition”, conclut le Prof. Kobyliansky.
“Il est très important d’examiner les effets de la faim sur les personnes qui la vive en temps réel, ainsi que ses résultats biologiques à long terme, et pour les générations futures. Une question fondamentale pour la recherche future, directement liée aux télomères pourra être: est-ce que la faim, la malnutrition et même les périodes de jeûne provoquées peuvent accélérer le processus de vieillissement et / ou raccourcir l’espérance de vie chez les victimes et leurs descendants ? Nous continuons d’explorer ces phénomènes fascinants avec nos collègues”.
Source SiliconWadi
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