Le dernier rebondissement dans le débat sur les accommodements de minorités religieuses donnera lieu à un référendum, dimanche, dans l'arrondissement d'Outremont à Montréal....
Les résidents du quartier cossu situé sur le flanc est du mont Royal se prononceront ainsi sur un règlement voulant interdire tout nouveau lieu de culte sur l'avenue Bernard.
Ce règlement vise à interdire l'ajout de temples dans la rue achalandée où s'entremêlent commerces et résidences, et ce, sans égard à leur appartenance religieuse.
Or, nul ne se fait d'illusion quant à la communauté ciblée par ce règlement, alors que les juifs hassidiques ont tout récemment obtenu un permis pour y construire une synagogue.
« Si ça marche comme un canard et ça parle comme un canard, c'est un canard », a lancé Alex Werzberger, le porte-parole des hassidim d'Outremont.
La conseillère de district Céline Forget, qui mène la campagne en faveur du règlement, a déclaré par courriel que la réaction de M. Werzberger cadrait dans la stratégie du « lobby juif » afin d'attirer l'attention des journalistes.
Les tensions s'avivent à certains moments dans ce voisinage entre les hassidim et quelques citoyens qui estiment que cette communauté abuse de son influence.
Malgré le caractère local de ces disputes, elles résonnent à travers la province.
Il y a une dizaine d'années par exemple, la communauté hassidique avait payé un centre d'entraînement du YMCA pour qu'il fasse givrer ses fenêtres - une mesure visant à prévenir les regards baladeurs des garçons fréquentant une école juive avoisinante.
Cet épisode avait avivé l'épineux débat des « accommodements raisonnables » aux quatre coins du Québec.
La plupart des incidents ayant alimenté ce débat houleux depuis les années 1980 ont abouti devant les tribunaux.
Cette fois, les hostilités ont été nourries par l'obtention du permis pour une nouvelle synagogue sur l'avenue Bernard, la cinquième à Outremont.
L'arrondissement a réagi en tentant d'adopter le règlement administratif qui fait l'objet du référendum de dimanche.
Si l'interdiction s'étend à la rue Laurier, cette partie du règlement n'a pas suscité la controverse. L'avenue Van Horne est par ailleurs soumise à une interdiction similaire depuis la fin des années 90.
« Il y a d'autres endroits dans le secteur qui permettent le culte. De plus, l'arrondissement prévoit ouvrir une nouvelle zone pour cet usage. Pour les juifs et pour tous les autres, » a souligné Mme Forget.
La communauté hassidique, qui compose près du quart de la population d'Outremont, estime que ses membres devraient avoir accès à leurs services à une distance de marche, puisque les hommes hassidim prient deux fois par jour et se voient interdire l'utilisation de leur véhicule automobile lors de certains congés.
« C'est une guerre de territoire », a avancé M. Werzberger. « Ils ont l'impression que nous avons pris le dessus dans une certaine mesure », a ajouté celui qui a 10 enfants et 50 petits-enfants.
Le taux de natalité croissant de la communauté juive hassidique exerce une pression sur les services du secteur, selon Mindy Pollak, la seule élue hassidique de Montréal.
« Je pense que les problèmes économiques de certains commerces sont attribués au fait qu'un permis a été délivré à une synagogue », a-t-elle affirmé.
« Nous sommes une communauté grandissante et les statistiques le prouvent », a-t-elle ajouté.
Or, Alex Werzberger a fait preuve d'optimisme en ce qui a trait à la consultation de dimanche.
« Je ne pense pas qu'ils soient aussi motivés que nous », a-t-il fait valoir.
Source Radio Canada
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