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mardi 1 novembre 2016

Alain Soral, l’extrême droite englo-bante






Le polémiste d'extrême droite Alain Soral donnera une conférence le 12 novembre à Genève. Tentative de déconstruction d'un discours où le racisme n'est plus hiérarchisé mais qui ne parvient pas à cacher ses desseins d'un France patriarcale, blanche et catholique....







Plusieurs fois condamné en France pour ses propos antisémites ou homophobes, l’essayiste d’extrême droite Alain Soral est attendu à Genève le 12 novembre pour une conférence organisée par la section Rhônes-Alpes de son mouvement Égalité et Réconciliation.
En 2012 déjà, l’idéologue avait également choisi Genève, dont il est originaire, pour la tenue d’une conférence. L’Université de Genève avait au dernier moment refusé de louer une salle pour l’événement qui avait alors accueilli près de 500 personnes dans une salle privée près de l’aéroport.
L’événement de novembre accueillera également Imran Hosein, théologien sunnite dont les écrits sont publiés en France par la maison d’édition d’Alain Soral.
La présence de M. Hosein interpelle: l’homme rejette le modèle d’États laïcs et prône l’adhésion volontaire des communautés musulmanes à la loi coranique Or, Alain Soral s’inscrit pour sa part dans la droite dure française.
Le Franco-Suisse est très populaire sur le net. Rejetant le monde politico-médiatique classique, l’écrivain a su créer son propre espace de communication grâce aux nouvelles technologies.
Certains articles sur son site internet affichent plus de 500000 visiteurs, ses vidéos comptabilisent des dizaines de milliers de visionnages et ses livres se vendent massivement (Comprendre l’empire est resté de nombreux mois en tête des vente du site Amazon).


Idéologie nationaliste et antisémite


Pourtant, les thèses défendues par Alain Soral sont loin de faire consensus. Du jeu rhétorique entretenu dans douze livres parus entre 1984 et 2013, ressort une idéologie nationaliste, où la France devrait être refondée sur des valeurs qui lui sont propres et libérée du contrôle d’un lobby mondial juif accusé de tous les maux. Ici, la question identitaire et nationaliste rejoint la lutte contre l’impérialisme atlantiste et sioniste.
Par ce complotisme imprégné d’antisémitisme, l’auteur jouit, chez certains, d’un rayonnement de résistant qui combattrait un système politique, médiatique et financier corrompu.
En témoigne l’écho du pamphlétaire auprès de la jeunesse immigrée des banlieues ou des jeunes ruraux. Ainsi, M. Soral brasse un triple public allant des déçus de la gauche radicale, aux musulmans en passant par les nationalistes catholiques.


Flou volontairement entretenu


Comment cet individu si proche de l’extrême droite française peut attirer à lui tant de diversité? D’une part grâce au flou qu’il réussit à entretenir autour de son mouvement.
Passé par le Parti communiste français puis par le Front national avant de fonder Égalité et Réconciliation, son parcours illustre cette grande ambiguïté. Se disant héritier tant de Karl Marx que de de Gaulle, son syncrétisme idéologique permet un self-service où chacun peut trouver son compte.
Puis d’autre part, l’étiquette «réconciliation» permet de réunir dans un même mouvement antisystème des forces qui semblent de l’extérieur totalement contradictoire.
Pourtant la théorie «les ennemis de mes ennemis sont mes amis» n’explique qu’une partie du phénomène. L’abandon d’un racisme hiérarchisé au profit d’un communautarisme, où chacun fait ce qu’il veut chez lui, en explique l’autre part. Et c’est sur ces points que M. Soral et son coconférencier Imran Hosein trouvent à se rejoindre.
Leur rejet de l’État d’Israël et leur vision fragmentée des communautés permet de «réconcilier» des idéologies très éloignées.
Cette stratégie qui semble fonctionner sur le net arrivera-t-elle à avoir une concrétisation matérielle?
Rien n’est moins sûr. Alain Soral essaime au fil des livres l’espoir d’une France patriarcale, blanche et catholique.
Un jour le masque déjà fendu se brisera, et sa coalition de partisans explosera de l’intérieur, comprenant la supercherie.


Source Le Courrier.ch


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