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mardi 25 octobre 2016

Ardennes : le chemin de mémoire du camp de travail forcé des Mazures a été inauguré




Plus de 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la lumière est mise sur le judenlager des Mazures, où près de 300 juifs ont été déportés et exploités....







L’émotion était palpable, hier matin, lors de l’inauguration du chemin de mémoire du judenlager des Mazures.
Un sentier matérialisé par des gravillons blancs serpente dans la forêt située au-dessus de la zone d’activité de Bellevue.
Le visiteur peut y observer les vestiges des fours à bois ayant servi à la production de charbon, tâche à laquelle étaient contraints les quelques 288 juifs déportés d’Anvers et mis au travail forcé dans le camp entre 1942 et 1944. 239 d’entre eux périront lors de cette dernière année, dont 237 dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Plus loin, une infime portion de voie ferrée rappelle l’intense activité de production du camp. Le chemin se prolonge ensuite autour du terrain de football.
Celui-ci recouvre aujourd’hui l’espace où était installée la majorité des équipements du camp. Buts et bancs de touches ont pris la place des dortoirs, cuisines et autres postes de garde.
Enfin, le sentier s’achève devant une stèle sur laquelle est gravée, entre autres, une citation de Primo Levi : «  Visiteur, observe les vestiges de ce camp et médite : de quelque pays que tu sois, tu n’es pas un étranger. Fais que ton voyage ne soit pas inutile, et que notre mort n’ait pas été inutile.  »
Hier matin, ce chemin a été parcouru par de nombreux élus et officiels, mais aussi par des centaines de personnes touchées par l’événement. Des mazurois et mazuroises, bien sûr, concernés par cette page sombre de l’histoire de leur commune. Des Belges, aussi, venus rendre hommage à leurs concitoyens disparus.
Des descendants de déportés, surtout, parfois venus d’Israël ou du Canada pour assister à cette inauguration.
«  Mon grand-père est passé ici avant d’être envoyé à Auschwitz, raconte Brigitte Topper, petite-fille de Ferdinand Topper. C’est très important d’être là, c’est un lien direct.  »
Sa belle-mère, également venue d’Anvers, partage le même sentiment : «  Ça me touche de savoir qu’il y a un peu de son sang ici.  »
«  On est éloigné de ces événements par les années, mais ça nous concerne quand même, et l’antisémitisme reste d’actualité, reprend Kévin Milet, arrière-petit fils de Ferdinand Topper. C’est dommage qu’il ait fallu attendre autant.  »
C’est là le seul regret dans l’assistance vis-à-vis de l’initiative : les 71 années nécessaires avant que l’histoire du judenlager des Mazures ne soit enfin exposée au grand jour.
«  La commune fait face à ce passé tragique en inaugurant ce chemin de mémoire  », a tout de même apprécié Yael Reicher, présidente de l’association pour la mémoire du judenlager des Mazures, lors de son discours. Le devoir de mémoire, sur toutes les bouches, est finalement respecté, alors que le maire du village, Élisabeth Bonillo, l’assure, «  ce chemin n’est qu’un début et nous allons poursuivre notre travail  ».


Robin Philippot


Source L'Union