A l'Assemblée nationale, jeudi 23 juin, deux responsables des cultes musulman et juif étaient auditionnés sur la question épineuse en France de l'abattage rituel, Joël Mergui, le président du Consistoire central israélite de France et le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech...
Une commission parlementaire composée de quelques élus les ont interrogé sur divers aspects liés à l'abattage rituel avec spécifiquement des questions sur la souffrance de l'animal saignée rituellement. Zaman France a visionné l'audition qui a duré près de deux heures.
Pas de compromis sur l'étourdissement
Les deux hommes ont répondu tour à tour aux questions et ont tout deux défendu le caractère incontournable religieusement parlant del'interdiction de l'électronarcose qui provoque l'assommage de la bête avant qu'elle ne soit égorgée pour lui éviter de souffrir.
Joël Mergui a été jusqu'à indiquer qu'interdire l'abattage rituel en France conduirait des Juifs à quitter l'Hexagone. «Sans manger casher, il n'y a pas d'avenir pour la communauté juive dans un pays. Revenir sur cette pratique, c’est une forme d’atteinte à notre liberté de conscience qui parfois peut induire des envies, chez certains membres de la communauté juive, de quitter la France», a-t-il déclaré.
«L'animal doit être respecté [...] L'abattage doit avoir lieu sans aucune forme d'étourdissement que ce soit avant ou après. La mise à mort des animaux sans étourdissement est une exigence rituelle, certes, mais qui participe également au bien-être animal et à l'hygiène» a pour sa part avancé Anouar Kbibech.
Les ratés de l'électronarcose
Ce dernier a annoncé la création, conjointement avec le Consistoire de Paris, d'une commission mixte avec le CFCM sur l'abattage rituel, chargée de réfléchir et de travailler sur des problématiques communes aux deux religions.
Les députés ont beaucoup insisté sur l'aspect de la souffrance animale suggérant que la pratique de l'électronarcose pré ou post-jugulation (coulée de sang consécutive à la saignée, ndlr) était de nature à y remédier.
Un argumentaire qui n'a pas convaincu les deux religieux qui ont avancé des études soulignant l'imprécision des connaissances établies sur le niveau de souffrance épargné à la bête avec l'électronarcose.
Joël Mergui a mis en avant les nombreux ratés de cette méthode qui échouerait au minimum dans 16 % des cas au niveau national, ce qui impliquerait des millions de bêtes.
Les parlementaires ont voulu également connaître le montant de la taxe prélevée sur le prix de la viande dans les deux cultes.
1,66 euros par kilogramme pour la taxe cacheroute établie par le Consistoire de Paris.
Pour le halal, les prix varient de 0,80 à environ 1,20 euros par kilo suivant les organismes de certification.
Quid de la chasse et de la corrida ?
Selon les chiffres cités par le président du Consistoire central israélite de France, l'abattage rituel représente 15 % de la viande disponible en France, dont 1.6 % pour la viande casher.
Joël Mergui qui a plaidé pour un abandon du principe de dérogation établi pour l'abattage rituel et pour une normalisation de l'abattage rituel, a par ailleurs souligné que la liberté religieuse sur la question du casher était devenue «une préoccupation majeure au sein de la communauté juive de France».
Les deux hommes ont enfin respectivement rappelé l'importance que leurs traditions religieuses respectives accordaient au respect du bien-être animal, Anouar Kbibech citant un verset du Coran et deux hadiths pour en attester, et ont réclamé que cette problématique soit traitée dans sa globalité pour éviter toute forme de stigmatisation, ce qui implique les questions de la souffrance des bêtes dans les secteurs de l'abattage conventionnel, mais aussi selon les mots de Joël Mergui, celles de la chasse et de la corrida.
Source Zaman France