Lawgeex a pour ambition d’amener les professions juridiques dans le XXIème siècle, de la même manière qu’Uber a transformé le secteur des transports. Pour Noory Bechor, fondateur et président de cette société, “Les services juridiques sont la deuxième industrie de service la plus importante aux États-Unis, derrière les services de santé. Le secteur pèse près de 400 milliards de dollars Mais la quasi-totalité de ces activités est réalisée hors-ligne, par des sociétés traditionnelles...
Les activités juridiques en lignes ne représentent qu’un pourcent du secteur, principalement grâce à des sociétés comme Legal Zoom, qui aide ses utilisateurs à la création de contrats.”
Lawgeex représente en quelque sorte l’envers de Legal Zoom, des contrats de travail aux contrats de location, en passant par les stock-options. L’utilisateur télécharge le contrat sur le site, et dans les 24 heures celui-ci aura été passé en revue. Un examen accompagné d’annotations sur ce qu’il manque, les points délicats, ou non-conformes, est alors délivré.
Rédigé en anglais, celui-ci peut même inclure des statistiques comme “94% des contrats de location ne contiennent pas cette clause”, permettant de donner une idée précise des points les plus sensibles.
Noory Bechor donne l’exemple suivant : “Admettons qu’un propriétaire ait inséré une clause lui donnant le droit de vous expulser sans préavis, ou une autre interdisant d’avoir un animal de compagnie. Ce genre de procédés sont signalés et le co-contractant peut les contester ou se retirer des négociations.”
Pour les locations et les contrats de travail ponctuel, LawGeex est gratuit. Pour le reste, la société gère une vingtaine de contrats-types, de la convention de non-concurrence aux obligations de confidentialité.
Il est possible de payer 50 dollars pour une vérification ou souscrire un abonnement de deux contrats par mois pour 80 dollars. Les petites et moyennes entreprises ayant de très nombreux documents juridiques peuvent avoir un accès illimité pour 600 dollars par mois.
LawGeex emploie l’intelligence artificielle, le Machine Learning et des algorithmes sophistiqués pour comparer un contrat donné aux milliers présents dans une base de donnée de plus en plus complète. Par la suite, la société met à contribution un juriste, bien réel cette fois, afin de s’assurer de la qualité de l’examen.
“Nous voulons être sûr que le retour que nous envoyons à nos clients soit exact à 100%” explique Noory Bechor. Et bien que les contrats aient en commun un style de rédaction bien particulier, 71% de ceux analysés par LawGeex sont grevés d’une clause inhabituelle ou manquante. “Il suffit qu’une clause soit problématique pour mettre en péril un projet” prévient le site internet de la société.
Une telle idée est venue à l’esprit de Noory Bechor alors que celui-ci entamait sa carrière d’avocat spécialiste en matière contractuelle auprès du plus grand cabinet d’Israël, Meitar Liquornik Geva Leshem Tal. “J’ai remarqué que le monde contractuel était bien moins complexe qu’il ne pouvait le paraître pour le profane.
Cela peut ressembler à un dialecte incompréhensible, mais quand l’on étudie des dizaines ou des centaines de contrats, on commence à déceler des modèles constants. Le langage juridique est en fin de compte très structuré”.
Et étant donné que reconnaître des modèles est l’une des utilités premières de l’informatique, Noory Bechor a décidé d’externaliser les revues de contrats fastidieuses et répétitives aux machines.
Ainsi, LawGeex ne vise pas seulement les potentiels consommateurs et petites entreprises, mais aussi les cabinets d’avocats eux-mêmes. Pour Noory Bechor, “le calcul est assez simple.
Soit le cabinet engage quelqu’un pour s’occuper de cette activité, soit il externalise vers une autre entreprise, par exemple en Inde. L’externalisation du traitement juridique croît de 30% par an”.
Le marché de l’examen des contrats se trouverait également en pleine expansion selon le fondateur de LawGeex : “Le barreau américain a établi que 33% des américains ont déclaré avoir eu besoin d’un avocat sur l’année écoulée.”
La start-up a levé en avril dernier 2,5 millions de dollars et compte 15 collaborateurs permanents. La société compte aussi développer son offre : “Si vous souhaitez que quelqu’un s’occupe personnellement de votre contrat, il sera possible de cliquer sur une interface envoyant le contrat à l’un de nos avocats. Le prix reste alors raisonnable, l’ordinateur effectuant entre 80 et 95
pourcent des tâches les plus rébarbatives.
La société prenant de l’ampleur, Noory Bechor espère pouvoir recruter des avocats indépendants ayant immigré des États-Unis à Israël. Lancée en janvier dernier, la jeune société compte déjà plusieurs milliers d’utilisateurs : De nombreux particuliers et petites entreprises, mais aussi de grandes firmes telles que Deloitte, grand cabinet de conseil fiscal, Brandwatch, site de suivi des réseaux sociaux, ou encore l’un des spécialistes israéliens de la cyber-sécurité, Ironscales.
Les israéliens cherchant de l’aide avec leurs contrats en hébreu ne doivent pas se réjouir pour autant. “Il n’y a pas beaucoup de savoir-faire concernant l’analyse de texte en hébreu” regrette Noory Bechor. “S’attaquer à l’examen de contrats en hébreu reviendrait à réinventer la roue.”
Toutefois, en Israël comme ailleurs, les contrats rédigés en anglais se multiplient au delà des considérations pour le dialecte local.
LawGeex ne souffre pour le moment d’aucune concurrence directe et profite donc seul d’une demande grandissante pour des services juridiques automatisés.
Dans les domaines voisins, LegalZoom a levé 266 millions de dollars. Grâce à sa solution de signature de document en ligne, DocuSign en a quant à lui recueilli 3 milliards.
Si les services juridiques en lignes ne représente qu’une fraction du marché aujourd’hui, Noory Bechor estime qu’ils peuvent atteindre 10% du secteur dans les prochaines années.
Source Israel Valley