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dimanche 5 juin 2016

Conférence de Paris : des paroles, mais pas d'engagement





La conférence de Paris a  réaffirmé que la solution des deux États - Israël et la Palestine - était «la seule façon de parvenir à une paix durable» au Proche-Orient. Mais aucun engagement n'a été pris par les 28 participants à ce conclave, mis sur pied par la France pour relancer un processus au point mort depuis des années...





Au grand dam de plusieurs pays, le communiqué final ne fait que «s'alarmer» de la «poursuite de la colonisation» israélienne en Judée-Samarie et à Jérusalem, «acte unilatéral» qui met pourtant en cause la viabilité de cette solution à deux États, recherchée par la communauté internationale.
Et, contrairement à ce qu'avait annoncé la partie française ces derniers jours, le texte se contente «de saluer» «la perspective de réunir d'ici à la fin de l'année une conférence internationale», sans même mentionner la participation, cette fois, des Israéliens et des Palestiniens.
«Les Américains ont freiné des quatre fers, confie un ambassadeur arabe, déçu du peu de résultat de la réunion.
Et la France a été très sage, comme elle tenait à ce que John Kerry participe à cette conférence pour qu'elle ait lieu, les Français au final n'ont pas été en mesure d'imposer leurs vues. Ils se sont un peu fait piéger.» D'aucuns soulignent même que la partie américaine a tenu la plume du communiqué final. Aucun accord, non plus, sur la mise en place, pourtant annoncée par la France, de plusieurs groupes de travail autour de questions telles que les incitations économiques en faveur des Palestiniens ou des garanties de sécurité à apporter à Israël en échange de concessions en faveur d'un État palestinien.
«Ce n'est que le début d'un processus», a insisté Jean-Marc Ayrault, le chef de la diplomatie française, en clôture d'une matinée d'interventions par les 28 représentants des pays invités.
Des débats plus longs que prévu. La Jordanie a présenté des «objections» de dernières minutes à propos des réfugiés palestiniens, qui composent les deux tiers de sa population. Quant à John Kerry, il s'est exprimé pendant vingt longues minutes.
Avant d'assister à la conférence, le secrétaire d'État américain s'était déjà montré très circonspect sur l'issue de la réunion. «Nous verrons bien. Nous devons voir quel sera le contenu des débats», glissait-il.
«Mais à quoi bon se réunir, si c'est pour faire du surplace?»
Seule note d'optimisme, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Joubeir a réaffirmé que l'initiative de paix arabe portée par feu le roi Abdallah en 2002 restait sur la table.
Cette offre est, selon lui, «la meilleure possibilité de parvenir à une paix» entre Israël et ses voisins arabes. «C'est aux Israéliens de savoir ce qu'ils veulent», a-t-il déclaré. En 2002, Riyad avait proposé que les 22 pays arabes établissent la paix avec l'État hébreu.
En échange, ce dernier devait se retirer des Territoires palestiniens et accepter la création d'un État palestinien. En ouvrant les débats par un discours sans relief, François Hollande n'avait certes pas placé la barre des espérances très haute.
«Mais à quoi bon se réunir, si c'est pour faire du surplace ? », s'interrogeait un autre diplomate arabe à l'issue de la conférence.


Source Le Figaro