Le 25 Avril, l'Italie célébrait l'anniversaire de sa Libération du nazi-fascisme : une célébration qui a causé des frictions. En signe d'indignation contre la présence d'associations antisionistes (voire antisémites) au sein de l'Anpi - l'Association Nationale des Résistants Italiens, les groupes juifs étaient absents du défilé de la Libération à Rome. À Milan, le cortège de la Brigade Juive de Libération a écopé d'insultes...
C'est sans la Brigade Juive et sans l'Association nationale des anciens déportés qu'a du compter le défilé romain de la Libération. Indignés par la présence de groupes qui les ont chahutés lors des précédent anniversaires, l'Aned, l'Association des anciens déportés et la Brigade Juive n'ont défilé qu'avec la Communauté des Juifs romains: un parcours qui prévoyait son départ devant le Musée de la Résistance de via Tasso, ancien lieu de torture des prisonniers des nazis.
Malgré ce, un groupe de jeunes Juifs romains a fait apparition devant le Colisée avec une bannière en l'honneur de la Brigade juive.
Des tensions ont eu lieu à Milan aussi. La Brigade Juive, qui participait bien au défilé dans cette ville, a écopé d'insultes (Israele fascista, stato terrorista qui signifie « Israël fasciste, état terroriste ») au même titre que les membres du Parti Démocrate qui secondaient la Brigade lors du défilé (PD sionista, primo della lista à savoir « Parti Démocrate sionistes, les premiers de la liste »).
Le candidat du centre-droit à la mairie Stefano Parisi, qui défilait avec la Brigade Juive a déclaré quant à l'identité des groupes contestataires pro-palestiniens : « Ils étaient environ 40.
Ce sont des antisémites, il y en a en Europe et nous le savons. Ils ne devraient pas manifester, ce sont des fascistes et des antisémites. Ils sont peu nombreux et ont détruit la beauté du défilé».
Le secrétaire du Parti Démocrate de Milan Pietro Bussolati et le candidat à la mairie du Parti Radical italien Marco Cappato, défilaient eux aussi aux cotés de la Brigade Juive. Les forces de l'ordre, en tenue anti-émeute, ont du rappeler à l'ordre les manifestants.
En guise de drapeau blanc, les groupes antisionistes pro-palestiniens ont applaudi au passage de l'Anep et ont fait savoir qu'ils étaient « amis des Juifs et de ceux qui ont combattu pour la liberté » mais ne se sont pas privés de critiquer violemment la politique du gouvernement israélien lors du passage de la Brigade Juive.
« Délinquants de merde » entend-on crier dans une vidéo lors du passage du cortège juif à place San Babila, dans le chef-lieu de Lombardie.
L'an dernier à Milan la Brigade Juive a été accueillie au cri de Sionisti carogne tornate nelle fogne (« Sionistes, charognes, retournez dans vos égouts »).
Méconnue, la Brigade Juive était une formation militaire sous l'égide de l'armée britannique qui a compté bien 2000 combattants lors de la seconde Guerre Mondiale.
En 1944, les Juifs qui habitaient en Palestine décidèrent après de longs débats de s'unir militairement pour combattre le nazisme sous la houlette du Royaume-Uni. Nombre de combattants faisaient déjà partie du Palestine Regiment depuis 1941. Bientôt, ils furent rejoints par nombre de leurs coreligionnaires d'origine russe et polonaise.
Après une période d'entrainement à Alexandrie en Egypte, l'unité a débarqué à Taranto, en Italie et s'est distinguée pour avoir forcé les lignes allemandes dans la vallée du Senio entre la Toscane et l'Émilie-Romagne.
S'il est vrai que de nombreux vétérans de la Brigade Juive se sont après la guerre enrôlés dans l'armée israélienne, l'anniversaire de la Libération de l'Italie du joug nazi était-il le bon moment pour aborder cette question complexe ?
Source La Factory