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lundi 18 avril 2016

Une stèle commémore les 70 Justes de l'Indre





L’Indre a rendu hommage aux femmes et hommes, héros ordinaires qui ont accueilli des Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale.  Une cérémonie toute en émotion retenue. Les drapeaux tricolores des associations d'anciens combattants, mais aussi celui d'Israël, avec son étoile de David...







L'État, la Région, le Département, Châteauroux Métrople, les forces de secours et de sécurité, pas un de leurs représentants ne manquant à l'appel. Une chanteuse, Anne Jeanjacques, professeur au Conservatoire, qui a interprété Le Kaddish, de Maurice Ravel, et Que serais-je sans toi, d'Aragon.
Des jeunes du conseil municipal des enfants qui ont égrené les noms des Justes de l'Indre. Les familles de ces héros du quotidien, ordinaires et pourtant tellement extraordinaires.


Dans ces valises des vies qui ont rencontré l'humanité


Et puis Paula Kerob, présidente de l'Alliance France Israël pour le département de l'Indre, avec, à ses côtés l'artiste Alain Kleinmann, auteur de l'œuvre insérée dans la stèle.
Cette stèle justement, voulue par Paula Kerob, financée par des fonds publics (Châteauroux Métrople, conseil départemental, fonds parlementaires du député Jean-Paul Chanteguet) et privés, au centre de la cérémonie et plantée comme un phare, square du Général-de-Gaulle.
 Soixante-dix. Ils sont 70 Indriens, 70 Français à avoir tendu la main à des Juifs pour les accueillir sous leur toit en 39-45, en bravant tous les risques, en faisant preuve d'humanité quand d'autres dénonçaient, prêtaient main-forte à l'envahisseur allemand ou renonçaient, tout simplement. Comme Émilia-Raymonde Mayeux, âgée de 101 ans, empêchée hier, et son mari Hubert, qui, en 1943, ont recueilli Ginette Korenbaum et sa fille Solange, à Ardentes, et David Orzeck et ses deux garçons, en les cachant des rafles et leur offrant gîte et couvert.
 Ce sont ces personnes, reconnues Justes parmi les nations depuis 1968, à qui l'État et chacune des collectivités du département, donc chacun de nous, ont rendu hommage hier, en dévoilant cette stèle, lourde de sens, écrasante, oppressante.
 Dans un carré, un bas-relief en bronze, des valises superposées. La lecture immédiate est sombre. Les valises résument une vie qui voyage jusqu'aux camps de concentration, jusqu'à une mort atroce.
 Mais l'auteur, Alain Kleimann, a pensé autrement son œuvre. Les valises symbolisent l'errance du peuple juif du nord de la France et de Paris vers la zone libre.

De façon symbolique, elles ont été ouvertes hier matin. A l'intérieur, un message d'espoir qui donne souffle à la reconnaissance. Tant qu'il y aura ces portes qui s'ouvrent malgré l'horreur et l'effroyable peur qui se jouent du temps et reviennent sans cesse sous des formes différentes, l'humanité pourra continuer à croire en elle.
Le message de Paula Kerob et Alain Kleinmann résonne singulièrement aujourd'hui.

 
La stèle de Paula Kerob


Cette femme-là est pugnace, déterminée, au-delà de ce qu'on peut imaginer. Bien sûr, d'autres personnes emploient des qualificatifs moins valorisants. Mais une chose est sûre, sans cette initiative de Paula Kerob, présidente de l'Alliance France-Israël pour le département de l'Indre, sans son acharnement, son réseau qu'elle tisse avec insistance, cette stèle n'aurait pas vu le jour, ces Justes n'auraient pas trouvé place au cœur de Châteauroux.
Il y a les monuments aux morts des guerres de 1870, 1914-1918 et 1939-1945, avec leur cortège de haine et de malheur. Et puis, désormais, à Châteauroux, il y a une stèle, symbolisant ce qu'il y a de meilleur en l'Homme, une fraternité qui dépasse les singularités.
Merci Paula Kerob pour ce message d'espoir.


Jean-François Minot


Source La Nouvelle Republique