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mercredi 13 avril 2016

Cyber : menace sur la «poule aux œufs d’or» israélienne





Les firmes israéliennes spécialisées dans la cyber-sécurité font monter la pression sur leur gouvernement en mobilisant leurs consœurs américaines, afin qu’il renonce à exiger des licences d’exportation pour certaines des activités de ce secteur considéré comme «sensible». Un soutien logique car les entreprises d’outre-Atlantique redoutent que le gouvernement fédéral ne se fonde sur le précédent israélien pour mettre en place le même type de législation...







En effet, l’administration américaine avait envisagé d’imposer de telles contraintes il y a trois ans, avant de faire marche arrière face à la levée de boucliers des entreprises du secteur.
«Si Israël s’engage sur cette voie et que les choses vont jusqu’au bout, il y a toutes les chances pour que l’offensive reprenne aux Etats-Unis», admet un responsable du ministère de la Défense.
Selon le projet de régulation concocté en Israël, toutes les entreprises exportant des systèmes dits «offensifs» ou spécialisés dans des missions de renseignement devront obtenir une licence d’une commission du ministère de la Défense avant de pouvoir vendre leurs services à l’étranger.
Autrement dit, les firmes de cyber-sécurité seraient ainsi assujetties aux mêmes contraintes que celles auxquelles sont soumises les entreprises exportatrices d’armement.
Les entreprises du secteur ont lancé une campagne en expliquant que les contraintes que le gouvernement veut imposer risquent d’inciter les entreprises à délocaliser une partie de leurs opérations à l’étranger et de dissuader des firmes étrangères de chercher des partenaires israéliens.
Tous les responsables du secteur se sont unis pour effectuer, avec l’aide de représentants de firmes américaines, des démarches auprès de Benjamin Netanyahu pour tenter de le persuader de réviser sa copie.
«Le gouvernement n’a aucun intérêt à tuer la poule aux œufs d’or que représente la cyber-sécurité pour l’économie israélienne», souligne un responsable de l’Association des industriels, la principale organisation patronale israélienne.
Selon un représentant des entreprises américaines, la procédure envisagée par le gouvernement israélien, qui risque de faire tâche d’huile aux Etats-Unis, ne manquerait pas de se traduire par des mois de procédure de contrôle, «ce qui risquerait de paralyser l’activité des firmes visées».
Il a exprimé le plus grand scepticisme à propos de l’assurance donnée par le gouvernement, selon lequel l’obtention des licences pourrait se faire «quasiment en temps réel». «C’est mal connaître l’inertie inhérente à toute administration», ajoute-t-il.
Seule certitude : le secteur de la cyber-sécurité est devenu vital pour Israël. Des experts américains tels que Michael Eisenstadt et David Pollock estiment à plus d’un millier le nombre de cyberattaques par minute visant des entreprises ou des administrations en Israël.
Le secteur compte 430 sociétés de toutes tailles, locales ou étrangères. En 2015, les exportations de technologies, services et logiciels, ont battu un record à 6 milliards de dollars, soit 8 % du marché mondial.


Source TTU Online