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mardi 29 mars 2016

Help Israël, la chronique de Sarah Cattan






Israël, vainqueur des attentats aveugles perpétrés par le terrorisme djihadiste, est maintenant aux prises avec les attaques au couteau qui ont pris le pas sur celles aux voitures- béliers. Le monde, frappé par le même assassin, compte ses morts, l’Europe, touchée par le même mal, illumine ses monuments aux couleurs des pays frappés à mort, allume des bougies, dessine à la craie des cœurs sur le sol ensanglanté et se répand en débats et questionnements, brandissant des pancartes où elle s’identifie aux pays touchés....







Enfin, pas tous. Je suis Paris Bruxelles Le Mali La Tunisie. Cherchez l’erreur : Israel ne figure pas dans la liste des pays touchés par le terrorisme islamiste, Libération du 22 mars 2016.
C’est pourtant bien de l’Etat Hébreu que nous avions appris que le terrorisme djihadiste ne pouvait être assimilé à un terrorisme classique, les meurtriers ne craignant pas la mort, certains analystes tentant de nous expliquer qu’ils aimaient même la vie, mais l’autre, vous savez, celle de l’au-delà, cette particularité nous amenant à tous nous disputer sur l’impact dérisoire d’une menace de déchéance de nationalité ou d’une peine de perpétuité à vie qui seraient infligés à ces malfrats qui partent un beau matin se faire exploser, voyant dans ces monstrueux assassinats entraînant leur propre mort une issue triomphante, une naissance offrant l’accès à l’éternité.
Ces attentats qui firent le quotidien des Israéliens plongent aujourd’hui le monde et l’Europe dans la sidération, nos dirigeants politiques ahuris se disputant il y a peu encore pour savoir si nous étions en guerre et contre qui, habitués qu’ils étaient au terrorisme anarchiste ou communiste qui recourut à l’extrême violence sans que jamais la notion de suicide eût jamais émergé, et des experts du jihadisme se succédant sur les plateaux télé et radio à chaque attentat, souvent pour ne rien dire.
Des intellectuels de plus en plus nombreux exhortent politiques et media assoupis à sortir de leur torpeur[1], à cesser de faire croire que le terrorisme ne serait qu’un problème de délinquance ou l’avatar du conflit israélo-palestinien, et demandent à l’Etat d’admettre qu’il existe bien un lien irréfutable entre djihadisme et Coran, entre multiculturalisme et salafisme, et que nous sommes là face à de jeunes musulmans haïssant la société démocratique occidentale et ayant pour unique ambition d’imposer une idéologie coranique.

LES NOCES DU CHAOS

Trop tardivement, Manuel Valls admit que l’on avait fermé les yeux, partout en Europe et aussi en France, sur la progression des idées extrémistes du salafisme dans des quartiers. Or qui ignorait les soutiens intérieurs au salafisme, alimenté par les Frères musulmans et les organismes ou associations ayant des liens avec cette confrérie dont l’objectif, connu de tous, est d’instaurer le califat, qui ne voyait pas cette odieuse collaboration de l’extrême-gauche avec ce qu’elle continua d’appeler l’islam révolutionnaire, partageant avec lui sa détestation de l’Occident, des Etats-Unis, d’Israël, qui pour ne pas pressentir que ces noces du chaos[2] allaient nous mettre à genoux?
Nombre de voix musulmanes dénonçaient au péril de leur vie cette relation entre l’islam et ceux qui tuent au nom d’Allah et appelaient de leurs vœux cette Re-lecture du Coran dont parlait déjà BHL[3]: c’est nous qui ne les entendions pas.
Pourquoi les imams prêcheurs de haine sont-ils restés en liberté, pourquoi ne furent-ils pas renvoyés dans leurs pays d’origine, pourquoi leurs mosquées ne furent-elles pas systématiquement fermées, pourquoi les descentes dans les cités pour récupérer toutes les armes qui s’y trouvaient ne furent-elles pas systématiques, pourquoi ne se multiplièrent-elles qu’au lendemain des attentats, pourquoi l’Armée ne rentre-t-elle pas à présent des pays africains où elle n’a rien à faire ? On nous rétorquera qu’il s’agit là de propositions inapplicables en droit mais le droit ne peut-il être refait pour permettre aux populations de vivre en sécurité.
Vous l’aurez compris : beaucoup ici en ont assez d’allumer des bougies, de déposer des fleurs, de faire briller la Tour Eiffel et les mairies aux couleurs du dernier pays touché, autant d’actes dérisoires qui mettent en exergue aux yeux des terroristes notre impuissance extrême et notre naïve et coupable puérilité face à ces illuminés sans foi ni loi.
Beaucoup aussi, qui se sont tus lorsque l’Etat accéda et accéda encore à tant de demandes de la communauté musulmane, ont eu un ultime haut le cœur lorsque le prince héritier d’Arabie Saoudite, pays qui soutient le wahhabisme et le salafisme, se vit remettre la Légion d’Honneur, sous prétexte que la diplomatie voulait cela.
Beaucoup n’en peuvent plus de ces islamo-gauchistes qui, hier encore, défilaient à Paris aux côtés des partisans du Hamas ou appelaient à participer à un meeting du chef européen des Frères Musulmans ou qui, encore, il y a peu préféraient, au nom d’un antiracisme pervers, dénoncer la Tribune de Kamel Daoud au lendemain des agressions à Cologne, et se demandent comment Clémentine Autain, qui osa dire après les attentats de Bruxelles qu’il fallait répondre à Daech non pas par la logique guerrière et sécuritaire mais par plus de services publics et de solidarité, s’arrange de la place de la femme dans le modèle rigoriste musulman.
Beaucoup refusent de prendre pour une révolution tiers-mondiste ce qui s’appelle le djihad et dénoncent ce déni sous couvert duquel il faudrait comprendre et pourquoi pas négocier. Car négocier quoi, si ce n’est la charia en Europe.
Beaucoup, à l’instar de l’essayiste Pascal Bruckner dans sa Tribune publiée par Le Figaro le 22 mars L’islam radical exporte sa sale guerre dans le monde entier, s’inquiètent avec lui de la faiblesse de nos démocraties face à la menace djihadiste et cet Islam que l’on définissait déjà, il y a quelques années, comme une idéologie religieuse au service d’une politique d’expansion prônant la haine des femmes, des homos, des juifs, et des chrétiens.
Beaucoup n’en veulent plus, de ces renoncements sur lesquels l’islam a progressé en Europe, et refusent de croire avec Cazeneuve que l’arrestation d’Abdeslam a porté un sérieux coup à Daech.
Les mêmes répètent que l’islam est le dénominateur commun entre tous les actes terroristes, toutes les barbaries du moment et tous les régimes rétrogrades et cruels, abasourdis d’entendre, au lendemain des attentats de Bruxelles, le CFCM se demander avec Tarik Ramadan si la communauté musulmane doit encore une fois se justifier.

ÇA SUFFIT LES MINUTES DE SILENCE

Beaucoup, avec Malek Boutih, dénoncent nos politiques qui regardent le terrorisme comme un spectacle, le sous-traitent à l’aspect sécuritaire, et ne font pas leur part de travail[4], et demandent clairement qu’on agisse enfin d’un point de vue militaire contre les terroristes mais aussi que l’on couper le robinet des départs pour le djihad, déplorant l’inaction d’une classe politique qui se contente d’être dans le pathos: ça suffit les minutes de silence comme simple bilan politique, s’énerve le député, expliquant qu’au moment du remaniement, il espérait que le président forme un gouvernement de guerre, associant l’opposition dans une logique d’union nationale.
Beaucoup, comme Christian Estrosi, intiment l’UOIF de prendre enfin des positions claires sur le djihadisme et comprennent que soit envisagée la dissolution de cette fédération proche des Frères musulmans, elle qui donne régulièrement la parole au sulfureux Tariq Ramadan, à Amar Lasfar et sa défense d’une communauté islamique appliquant ses propres lois, ou encore à Hassan Iquioussen, imam dénoncé plusieurs fois pour ses propos antisémites, et d’autres encore qui proclament que l’homosexualité implique la peine de mort ou que les juifs ont une capacité incroyable à détruire les nations, y compris chrétiennes, de l’intérieur.
Les mêmes en ont ras le bol des Raphaël Logier pour qui les djihadistes ne sont pas des musulmans radicaux mais de jeunes Français davantage attirés par l’aventure et les exploits guerriers que par l’islam[5], le sociologue allant jusqu’à accuser Manuel Valls de faire le jeu de Daesh en disant, lors du dîner du CRIF, qu’être antisioniste c’était être antisémite, et obligeant BHL à lui rappeler que le djihadisme ne datait pas du jour où Valls parla au Dîner du CRIF, soulignant : Ça fait quinze ans que le 11 septembre a eu lieu. Ça fait 25 ans que l’Algérie a été endeuillée par le djihadisme.
Beaucoup se reconnaissent quand Mazarine Pingeot demande aux media de cesser de laisser micro ouvert aux Tariq Ramadan, financé par le Qatar, qui tient salon chez nous, poursuivant: Nos pays ne veulent plus la moindre collaboration culturelle ou financière avec des états dont l’objectif avoué consiste à transformer notre continent en une terre de djihad […] extirpons de nos villes les prédicateurs du Golfe […] en refusant à leurs rois l’entrée libre dans nos monuments, nos stades, nos musées.
Les mêmes ne veulent plus qu’on laisse parler, épaulé par des Plenel, Dumas, Soral, Dieudonné, Sand et autres Autain, Frère Tarik qui vient d’annoncer très officiellement son admission à l’ Union mondiale des savants musulmans, lui dont l’ami et le maître à penser Youssef Qaradawi plaide pour la conquête musulmane de l’Occident, justifie les attentats suicides et le meurtre des musulmans apostats, décrit la mosquée comme une institution politique où les participants sont mobilisés pour le djihad, présente Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les Juifs, entre autres prises de position.
Les mêmes encore qui réclament qu’on vire Federica Mogherini, Chef de la diplomatie européenne, parce que ses larmes sont sélectives et qu’elle serait avantageusement remplacée par une Margaret Thatcher ou une Golda Meir[6]. Si on en trouvait une.
Beaucoup , avec Rioufol[7], dénoncent les politiques qui soldent la Nation, les intellectuels soumis et les musulmans apparemment indifférents à la montée du radicalisme religieux, alors que le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), proche des Frères musulmans, tente chaque jour d’opposer notre démocratie à une idéologie conquérante qui exige sa place, relayés par les antiracistes et droits-de-l’hommistes qui se taisent face à la judéophobie sans retenue de certains de leurs protégés, occupés qu’ils sont à comptabiliser l’islamophobie sans rien dire du martyre des chrétiens d’Orient ni de la violence d’une foule parisienne criant Israël assassin. Israël justement qui fit dire au philosophe Eric Hoffer : Comme il en va avec Israël, de même il en ira pour nous tous. Eh bien nous y voilà ! Car la France n’est-elle pas aujourd’hui confrontée à son tour aux épreuves qu’imposa le Hamas à Israël ? Car le salafisme autorisé de facto puisque non dénoncé dans nos banlieues ne rend-il pas envisageables de semblables intifadas ?
Opposant le déni face à une charte où il est écrit qu’il faut détruire Israël, tuer les Juifs et faire le djihad contre qui n’est pas musulman, gauche et extrême gauche ont multiplié les signes de compromission et les loups sont entrés dans Paris.
Pour autant, les mêmes continuent de brandir le concept de riposte proportionnée, dont il faut bien dire qu’il est unique dans l’histoire et semble ne devoir s’appliquer qu’à l’Etat Hébreu, ineptie consistant à faire de l’agressé un agresseur quand celui-ci anéantit son ennemi pour protéger ses citoyens et son territoire, Israël étant le seul état qui doive renoncer unilatéralement au droit à la légitime défense, la moindre de ses réaction étant qualifiée de disproportionnée, expression larvée de sa non reconnaissance.

LA CAUSE DE L’ISLAM RADICAL

Or l’on sait tous que les terroristes palestiniens ne défendent pas la cause palestinienne mais celle de l’Islam radical, et quand des centaines de missiles sont tombés sur l’Etat Hébreu dans l’indifférence générale de la communauté internationale, celle-ci ne comprit toujours pas que Eric Hoffer avait raison, Israël étant la sentinelle veillant sur la liberté et la démocratie au milieu de l’obscurantisme islamique voire islamiste et du fanatisme palestinien qui à présent s’intéressent à nous, nous qui nourrissons et abritons la bête en attendant d’en être la victime.
Avez-vous remarqué qu’on parle en France des attentats de Tunisie, de Libye, d’Egypte, du Liban, du Mali et de tous les autres pays arabes et musulmans. Mais pas un mot sur Israël, alors que tout le monde sait que ce qui se passe en Israël, comme à présent dans le reste du monde, est une guerre de l’Islam contre le reste du monde. Mais non. La Semaine de l’Apartheid israélien, front antijuif dont le fer de lance universitaire est le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS), a encore été organisée en Mars dans des universités américaines, anglaises, européennes de plus en plus nombreuses réunies sous le prétexte de dénoncer la répression des Arabes palestiniens par Israël, au lieu d’œuvrer pour les droits des femmes en islam, pour l’aide aux réfugiés syriens ou les chrétiens victimes de l’État islamique et de s’indigner devant la destruction de monuments antiques et de sociétés indigènes par des musulmans radicaux.
Amnesty, je ne vous enverrai plus un sou, écrivit il y a peu le Docteur Jean-Fred Warlin : Votre décision de poursuivre les responsables politiques ou militaires d’Israël me reste en travers de la gorge.
Je ne sache pas que vous ayez traîné les dirigeants russes, chinois, ou soudanais en justice pour leurs exactions sans commune mesure avec l’opération de défense légitime d’un État qui a attendu 8 ans pour mettre à la raison les terroristes qui le bombardaient journellement, et qui s’est montré particulièrement soucieux d’épargner les vies humaines (tracts prévenant la population, appels sur téléphones portables, etc.). […] Les Israéliens ont réussi, en 3 semaines d’opérations dans un milieu hyper-hostile, à faire 3 fois moins de morts civils que les attentats du 11 septembre, en 5 minutes, contre une population sans défense et qui ne leur avait rien fait.
Aimé Césaire disait qu’un peuple qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir : les Français n’ont pas oublié le sang et les larmes versés depuis les tueries de Mohamed Merah jusqu’à celles de Paris et sont de plus en plus nombreux à prendre la mesure de la dimension idéologique qui préside aux malheurs de la France et savent à présent que l’Europe et l’ensemble du monde libre vont connaître des jours sombres.
Alors que les aéroports du monde entier sollicitent les conseils d’Israël pour mieux se sécuriser, ne pourrions-nous pas, nous aussi, au lieu d’ignorer de façon scandaleuse le terrorisme auquel fait face l’Etat Hébreu, nous inspirer avantageusement du support et des lumières des services secrets israéliens […] En l’occurrence le Mossad [qui] sait tout sur tout et surtout sur les djihadistes, leur ennemi juré de toujours[8].
Enfin, si Israël veut bien.


Sarah Cattan


[1] comme Pascal Bruckner
[2] L’expression est de Brigitte Stora
[3] L’Esprit du Judaïsme
[4] RTL, 24 mars 2016, Malek Boutih
[5] Raphaël Laugier, Ouest France, Janvier 2016
[6] Myriam Ibn Arabi
[7] Le Figaro
[8] Blog des Palmiers, 24 mars, Lord Jim, relayé par Line Tubiana


Source Tribune Juive