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vendredi 12 février 2016

Haftara Terouma : Construire le Temple



Dans notre Haftara nous voyons la politique de grands travaux initiée par le roi Salomon dans le but de construire le Temple. Le lien avec la Parasha montre que le Temple de Jérusalem se veut la continuité du Mishkan du désert. Voici la Haftara traduite suivie de 3 analyses du texte...



Haftara traduite :


L’Éternel donna de la sagesse à Salomon, comme il le lui avait promis. Et il y eut paix entre Hiram et Salomon, et ils firent alliance ensemble.


30.000 hommes de corvée


Le roi Salomon leva sur tout Israël des hommes de corvée ; ils étaient au nombre de trente mille.
Il les envoya au Liban, dix mille par mois alternativement ; ils étaient un mois au Liban, et deux mois chez eux. Adoniram était préposé sur les hommes de corvée.
Salomon avait encore soixante-dix mille hommes qui portaient les fardeaux et quatre-vingt mille qui taillaient les pierres dans la montagne,
sans compter les chefs, au nombre de trois mille trois cents, préposés par Salomon sur les travaux et chargés de surveiller les ouvriers.

Le roi ordonna d’extraire de grandes et magnifiques pierres de taille pour les fondements de la maison.
Les ouvriers de Salomon, ceux de Hiram, et les Guibliens, les taillèrent, et ils préparèrent les bois et les pierres pour bâtir la maison.


Description de ce Temple


Ce fut la quatre cent quatre-vingtième année après la sortie des enfants d’Israël du pays d’Égypte que Salomon bâtit la maison à l’Éternel, la quatrième année de son règne sur Israël, au mois de Ziv, qui est le second mois.
La maison que le roi Salomon bâtit à l’Éternel avait soixante coudées de longueur, vingt de largeur, et trente de hauteur.
Le portique devant le temple de la maison avait vingt coudées de longueur répondant à la largeur de la maison, et dix coudées de profondeur sur la face de la maison.
Le roi fit à la maison des fenêtres solidement grillées.
Il bâtit contre le mur de la maison des étages circulaires, qui entouraient les murs de la maison, le temple et le sanctuaire ; et il fit des chambres latérales tout autour.
L’étage inférieur était large de cinq coudées, celui du milieu de six coudées, et le troisième de sept coudées ; car il ménagea des retraites à la maison tout autour en dehors, afin que la charpente n’entrât pas dans les murs de la maison.
Lorsqu’on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées, et ni marteau, ni hache, ni aucun instrument de fer, ne furent entendus dans la maison pendant qu’on la construisait.
L’entrée des chambres de l’étage inférieur était au côté droit de la maison ; on montait à l’étage du milieu par un escalier tournant, et de l’étage du milieu au troisième.
Après avoir achevé de bâtir la maison, Salomon la couvrit de planches et de poutres de cèdre.
Il donna cinq coudées de hauteur à chacun des étages qui entouraient toute la maison, et il les lia à la maison par des bois de cèdre.


Dieu passe un pacte avec Salomon


L’Éternel adressa la parole à Salomon, et lui dit : Tu bâtis cette maison !
Si tu marches selon mes lois, si tu pratiques mes ordonnances, si tu observes et suis tous mes commandements, j’accomplirai à ton égard la promesse que j’ai faite à David, ton père,
j’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je n’abandonnerai point mon peuple d’Israël.



Analyse 1:


Les sept derniers versets de cette haftara (Isaïe 66, 18 à 24) contiennent une révélation eschatologique évidente, puisqu’ils évoquent la fin des temps, mais cette révélation comporte des aspects inquiétants : Les nations se rassembleront, apparemment pour se faire la guerre (verset 19). Après quoi tous les peuples seront considérés comme dignes de servir Hachem (verset 21), tandis que les méchants subiront un châtiment éternel et effroyable (verset 24).
L'image de la fin de temps présentée ici est difficile à comprendre, car si elle veut dire que la justice finira par triompher et que Hachem sera universellement reconnu, elle annonce en même temps des événements cataclysmiques.
 Selon Rambam/Maïmonide, « personne ne saura vraiment comment ces choses arriveront, car elles resteront mystérieuses jusqu’à l’époque où elles auront lieu, même pour les prophètes et les Sages. Leurs détails ne sont pas essentiels pour la foi, et il est inutile de vouloir approfondir les midrachim sur ces questions. L’important est d’attendre et de croire » (Hilkhoth Melakhim 12, 2).

Rambam semble bien conscient que ces visions sont, au moins en partie, pure spéculation théologique que les êtres humains sont encore incapables de décrire, et encore moins de comprendre. Et il n’éprouve que de la méfiance envers ceux qui se livrent à de telles spéculations, tant elles sont menaçantes à la fois spirituellement et moralement.


Jacques Kohn


Analyse 2 :


Evidemment, c'est la construction de la Maison de Dieu qui constitue ici le dénominateur commun entre la sidra et la haftara. Dans la sidra, il s'agit du Tabernacle édifié dans le désert par les enfants d'Israël à peine affranchis de l'esclavage égyptien; dans la haftara il est question du Temple construit par le roi Salomon en l'honneur de l'Eternel, à Jérusalem.
 Ainsi présentée,l'analogie entre les deux textes est nettement apparente. Il y a lieu cependant de signaler, au delà des ressemblances, un certain nombre de points qui différencient le Temple du Tabernacle. Ce dernier, il est bon de s'en souvenir, a été demandé par l'Eternel; c'est lui qui en a fixé tous les détails d'exécution et les a fait connaitre à Moi'se, lequel, aidé par des artistes et des artisans, a procédé à sa confection et à son édification. Il en fut tout autrement du Temple; l'initiative de sa construction appartient à David qui, sur les conseils de l'Eternel, laisse cependant à son fils Salomon le soin de mettre son projet à exécution.
 Par ailleurs, on peut noter également que la Maison de Dieu, telle que l'Eternel l'a désirée, est bien plus modeste que celle que, de son propre chef, Salomon édifiera en l'honneur de l'Eternel. Dans les deux cas, le peuple tout entier participe à sa construction. Mais si, dans le désert, c'est à profusion que, librement, tous les Hébreux, hommes et femmes, apportent ce qu'ils ont de plus précieux et participent selon leurs capacités à la préparation de tous ses accessoires, à l'époque de Salomon un contingent obligatoire est appelé par le roi pour participer aux travaux de la construction.
 Cependant, malgré ces divergences, les deux édifices furent à égalité considérés par Dieu comme sa Maison et l'Eternel y établit sa résidence. Si pour le Tabernacle il a dit: "Qu'ils me fassent un sanctuaire et je demeurerai au milieu d'eux" (Exode 25, 8), parallèlement, pour le Temple il s'est exprimé d'une façon analogue, disant: "Je demeurerai au milieu des enfants d'Israël" (6, 13).



Par Le rabbin jean schwarz


Analyse 3:


Bien que la construction d’une Maison pour le Seigneur soit un commandement de la Thora (comme l’indique Maïmonide au début des Lois du Temple), et que la Thora ne change pas (l’un des treize principes de foi), nous trouvons des différences dans les plans de construction du Temple à différentes époques par la bouche des prophètes. C’est ainsi que la construction de la Tente d’Assignation du désert diffère de cette de Shilo, et toutes deux sont différentes du Premier Temple, du Second, et même du Troisième que décrit le prophète Ezéchiel. La raison de cela est que le Temple est le reflet du monde supérieur dans notre monde, « selon le plan qui t’est indiqué sur cette montagne » (Ex. 25, 40), un peu comme le monde des Idées de Platon. Le monde spirituel change de forme avec l’évolution de l’Histoire, raison pour laquelle sa représentation dans le Temple d’en bas évolue en conséquence.


Les fenêtres du Temple


L’un des détails qui diffère entre la Tente d’Assignation de la Paracha de Terouma et le Temple du roi Salomon de la Haftara de Terouma est que la Tente ne possède pas de fenêtres contrairement au Temple de Salomon. La signification de ce détail est que la présence divine dans le désert était l’apanage exclusif d’Israël, sans relation avec le reste de l’humanité, du fait que le peuple d’Israël était centré sur lui-même, lorsqu’il vivait une relation d’amour intime avec le Créateur « ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu me suivais dans le désert » (Jér. 2, 2). Au temps du roi Salomon, le moment était venu de mettre en pratique la mission universelle du peuple d’Israël, lorsque du monde entier l’on venait entendre la sagesse du roi Salomon. Le moment était arrivé d’installer des fenêtres au Temple, symbolisant le contact entre Israël et les nations.


Influences intérieures et extérieures


Le Texte indique que ces « fenêtres éclairaient, tout en étant scellées » (Rois I 4, 6). La traduction araméenne de Yonatan indique « ouvertes de l’intérieur et fermées de l’extérieur ». La signification est que les fenêtres montraient l’influence du profane sur le saint, des nations sur Israël. Cette même idée est retrouvée chez le rav Kook (Orot Hat’hia ch. 16). Le Radak (David Kim’hi) ramène une source soutenant l’inverse, « que les fenêtres éclairaient l’extérieur et étaient scellées de l’intérieur, signifiant qu’il [le Temple] n’avait pas besoin de lumière de l’extérieur » (cette idée est aussi trouvée dans les premiers écrits du rav Kook, Eyn Aya sur Bikourim §27). Il semble que les deux idées ne sont pas contradictoires. La première décrit la pratique – que le peuple d’Israël ne craint pas les influences extérieures lorsque la présence divine réside en son sein, alors que la seconde décrit la théorie – que dans son essence le peuple d’Israël se distingue des autres peuples. C’est précisément ce principe qui donne au peuple d’Israël son assurance.


Une nouvelle technologie


L’exégète Baal Hametsoudot réunit les deux idées en indiquant que les fenêtres étaient en verre, à la fois éclairant et scellées. Mais pour parvenir à combiner les influences de l’intérieur et de l’extérieur, une nouvelle technologie est nécessaire, en l’occurrence le verre, provenant de l’évolution du monde.


Oury Cherki


Source Massorti et Chiourim et Netiv David et NoahideWorldCenter