La Torah entame cette semaine le récit décrivant les différentes plaies d’Égypte. Pharaon va « endurcir son cœur » et Hachem devra déployer devant lui toutes sortes d’interventions pour le convaincre de laisser partir les Enfants d'Israël de son pays. Or, la question qui se pose ici est de savoir si elles ont un caractère surnaturel ou non - ce qui, sur le fond, revient à s'interroger sur ce qu’est un miracle…
Rappelons au passage que voilà à peine une vingtaine d’années, des chercheurs non-juifs ont essayé de « démontrer » que toutes ces plaies auraient été en fait provoquées par l’émergence subite d’une petite ile en mer Ionienne - au large des côtes grecques - qui aurait provoqué un mini raz-de-marée, suivi d’un certain nombre de phénomènes peu habituels : des animaux particulièrement excités, des bêtes sauvages qui se sauvent en tous sens, des insectes partout, et des millions de sauterelles envahissant toutes les zones humaines habitées… Et, ont-ils argué, il existe également des algues donnant à l’eau une nette coloration rouge...
En d’autres termes, ils ont tout simplement encore essayé de « prouver » que tous les miracles de l’Égypte étaient en fait des phénomènes naturels !
En fait, sans du tout le vouloir, ces savants nous ont rendu un immense service. En effet, la question pour nous n’est pas liée à l’aspect « surnaturel » des miracles. Hachem étant le Maître du monde, cela ne change rien pour Lui d’utiliser un élément naturel ou de le transformer. Alors qu'est-ce qu’un miracle ? C’est tout simplement une intervention divine qui survient au bon moment !
Rien n'est donc dérangeant dans le fait que l'on peut expliquer « scientifiquement » pourquoi la mer Rouge s’est ouverte, pourquoi toutes les eaux d’Égypte sont devenues rouges, la raison de la présence de sauterelles, des bêtes sauvages et de la grêle…
Parce que, pour la Torah, le miracle se place sur un tout autre plan : c’est le moment auquel il intervient qui compte !
Puisque Pharaon, totalement incrédule et « endurci », refusait de laisser partir Israël, Moché lui répétait chaque fois en substance : « Voila ce que je vais faire demain… Tu veux que cela cesse ? Eh bien, tout cela pourrait s’arrêter aujourd’hui si… etc. ».
En d’autres termes, le chef d'orchestre de cette mise en scène extraordinaire n'était autre que Moché le prophète, qui obéissait à D.ieu. Le miracle est donc, par définition, un phénomène naturel qui intervient au bon moment et à la demande d’un prophète. Et le fait que l’on veuille expliquer les dix plaies d’Égypte en tant que phénomènes naturels ne fait que conforter notre croyance !
En hébreu, le mot précis pour dire « miracle » est « pélé » composé des lettres pé, lamed et alef - les mêmes lettres à l’envers que le mot « alef » qui signifie apprendre. L’essentiel étant ici de savoir apprendre d’un événement des plus naturels qu’il soit que D.ieu est son instigateur et d’en avoir la conviction la plus absolue.
Voilà pourquoi - selon nos maîtres, dont le Rambam - des miracles continuent de se dérouler sous nos yeux aujourd’hui encore. Ainsi, disons-nous dans notre prière trois fois quotidienne « Modim ana'hnou la'h al nissé'ha erev, boker vetsaoraïm [nous Te remercions pour les miracles que Tu nous fais soir, matin et midi] ».
C'est que, sans que nous en soyons pleinement conscients, de nombreux miracles se déroulent tous les jours de notre vie. Finalement, c’est de cela que l’on remercie Hachem : pour Son intervention permanente autour de nous, quelle que soit sa forme !
Car même dans les événements politiques, militaires ou scientifiques, la Main de D.ieu est toujours présente.
Par le rav Sitruk
Source Chiourim