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mercredi 13 janvier 2016

L’aventure Technion : au commencement, une vision




L’histoire de l’humanité s’est écrite dans un mouvement inexorable vers le progrès d’une (r)évolution à l’autre, politique, philosophique, technique, plus ou moins rapide, profonde et drastique, se ménageant ici et là quelque plage de repos. Dans le fil de cette narration, le xxie siècle semble vouloir s’inscrire comme celui de l’élan perpétuel en avant, de rebondissement en rebondissement....



Un siècle fou, passionnant, même si parfois dévorant, qui s’acharne à toujours repousser plus loin les limites du savoir, du possible.
Dans cette séquence de l’histoire, Israël s’est vu décerner le surnom de « start-up nation » en grande partie grâce au Technion, fer de lance de l’innovation et de l’entreprenariat. 
Lorsque, en 1924, sur le mont Carmel à Haïfa, le Technion ouvre les portes à sa première promotion, de 17 étudiants, Israël n’existe pas encore. C’est justement dans l’espoir de son édification, et afin de se préparer à le construire, le développer, et le faire prospérer que le cinquième Congrès sioniste a, en 1901, résolu de fonder cet institut polytechnique.
En 1948, année de la création de l’État d’Israël, le Technion compte déjà 680 inscrits. En 1969, il inaugure sa faculté de médecine, une rareté parmi les universités techniques.
Son aura et sa renommée n’ont cessé de grandir depuis. Après avoir convaincu par l’excellence de ses travaux la communauté scientifique, le Technion a réussi à gagner l’attention de partenaires économiques en Asie, en Europe et aux États-Unis.
Quel est donc le secret de ce succès spectaculaire ? Selon Muriel Touaty, présidente de l’association Technion France, c’est dans la mentalité israélienne qu’il réside. Et plus précisément dans trois de ses caractéristiques : le choix de l’excellence plutôt que de l’élitisme, l’absence de hiérarchie et l’incertitude existentielle.
 
Le secret du succès : rien n’est jamais acquis

Parce qu’Israël ne dispose d’aucune richesse naturelle hormis la matière grise, le « dépistage » des forces vives de l’avenir y est une priorité. Muriel Touaty n’en doute pas, l’empressement des enseignants à repérer ceux qui demain pourront au mieux servir et construire le pays s’inscrit dans une dimension patriotique.
Dans cette quête de talents, nul territoire n’est oublié, nulle communauté négligée. En témoignent mieux que tout discours les 20 % d’étudiants arabes du Technion.
Autre facteur de succès, la qualité des relations humaines. L’absence de hiérarchie génère une liberté qui dynamise le système et les individus. « Au Technion que l’on soit en première, en deuxième année ou doctorant, si l’on a besoin d’un renseignement, on va directement à la source il n’y a pas dix mille étapes pour arriver à la bonne personne. » Cette accessibilité des moyens et des personnes favorise la communication, facilite les démarches, augmentant l’efficacité et la réactivité, assure Muriel Touaty.
Selon elle, enfin, la clé du « mystère » Technion est le besoin vital qu’ont les Israéliens d’aboutir, de concrétiser, afin de convaincre les autres et eux-mêmes de leur légitimité.
Pour expliquer l’origine de ce « besoin vital » particulier à Israël, elle s’appuie sur une métaphore. « Dès lors qu’on se lève le matin sans savoir si on se couchera le soir, c’est dans ce laps de temps T, entre le questionnement “est-ce que je serai mort ce soir” et le moment où on se couche, que se place l’élan vital, c’est là que se place le combat, le parcours d’épreuves et c’est là qu’on doit réussir le pari pour tout simplement être. »
La créativité qui fait la force du Technion tient donc à ce « rien-n’est-acquis », à l’urgence d’apporter sa pierre à l’édifice, sa contribution à l’humanité. Et c’est pourquoi « le logiciel du Technion est inversé par rapport à celui des instituts de recherche européens et notamment français.
Ses chercheurs aspirent à répondre aux demandes du marché. Alors qu’en France on reste dans la recherche fondamentale. » C’est certainement une des raisons de l’intérêt accru des Français pour l’écosystème entrepreneurial israélien en général et pour le Technion.


Source Opinion international