La privatisation des Industries Militaires Israéliennes tourne au fiasco : les candidats au rachat renoncent et l’État pourrait vendre à perte. En Israël, la production d’armes est dominée par trois sociétés publiques : Israel Military Industries (IMI), Israel Aerospace Industries (IAI) et Rafael Advanced Defense Systems Ltd...
De nombreux fabricants du secteur privé viennent compléter ou sous-traiter la production publique, comme Elbit et Elisra.
C’est en 2005, que le gouvernement israélien avait pris la décision de privatiser les Israel Military Industries.
Or dix ans après, la privatisation d’IMI est en panne : les candidats potentiels au rachat renoncent les uns après les autres, à tel point que le Contrôleur de l’État Joseph Shapira envisageait cette semaine de vérifier si l’appel d’offres a été régulièrement publié.
DES ÉCHECS À RÉPÉTITION
Un peu d’histoire : c’est en 1990 que le ministère israélien de la Défense s’est séparé de sa branche-production dépensière et peu efficace (15.000 salariés) pour en faire une société publique, sous le nom d’Israel Military Industries (IMI). Or IMI continuera de constituer un gouffre financier pour le gouvernement israélien qui y injectera des milliards de shekels tout au long des années 1990 et 2000.
En 2005, le gouvernement décide de vendre IMI en un seul bloc ; c’était sans compter sur le lobby politique exercé par Rafael et les Industries aéronautiques (IAI) qui réclamaient une part du gâteau. En 2007, le gouvernement propose de fusionner IMI avec IAI ou avec Rafael ; nouvel échec, cette fois-ci en raison de l’opposition des salariés et du ministère de la Défense.
Il faudra attendre avril 2014 pour qu’un accord entre l’Etat, la société et les syndicats, permette de relancer la privatisation d’IMI.
Dans le cadre de cet accord, 1.300 salariés partent à la retraite (le tiers des effectifs) avec de substantielles indemnités financées par le contribuable.
ELBIT SEUL EN LICE
La saga de la privatisation d’IMI ne s’est pas achevée pour autant. Progressivement, deux des trois candidats au rachat se sont retirés. La semaine dernière, le consortium israélien Naska Group, contrôlé par les hommes d’affaires Samy Katsav et Meir Shamir, a annoncé qu’il renonçait au rachat d’IMI. Il y a quelques jours, ce fut au tour de l’américain Invictus (du groupe Flextronics) d’abandonner la course au rachat d’IMI.
Aujourd’hui, un seul candidat reste en course : Elbit Systems. Et il faudrait encore savoir si l’Etat pourra vendre IMI au prix minimal fixé dans l’appel d’offres : 1,1 milliard de shekels (260 millions de shekels). Avec un seul candidat au rachat, il sera difficile de faire monter les enchères. Dans le milieu israélien de la Défense, des voix s’élèvent pour appeler l’Etat à renoncer à privatiser les IMI.
Or, avec un gouvernement qui prône la privatisation de toutes les entreprises publiques, plus aucun secteur en Israël n’est à l’abri du retrait de l’Etat, même pas la Défense. La cession d’IMI à un investisseur privé n’est qu’une question de temps ; et les Industries aéronautiques (IAI) suivront.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley