Après plusieurs années durant lesquelles la communauté internationale a averti Israéliens et Palestiniens que le statut quo était intenable, elle a finalement pu s'écrier cette semaine qu'elle avait raison ces derniers jours, alors que la violence se propage en Israël, en Judée-Samarie et à la frontière avec Gaza...
Cela pourrait expliquer pourquoi, durant les premiers dix jours de cette vague de violences, les réactions de l'opinion internationale ont été presque inexistantes. Toutefois, alors que les affrontements et les émeutes arrivent à la fin de leur deuxième semaine, le ton semble avoir changé.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est entretenu à plusieurs reprises ce week-end avec le Premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne, et a exprimé sa "profonde préoccupation" quant à la situation.
Plus tard cette semaine, les émissaires du Quartet pour le Proche-Orient se sont rendus à Jérusalem et à Ramallah pour rencontrer des hauts responsables des deux camps, afin de tenter de trouver une issue à l'impasse politique et de mettre un terme au cycle de la violence.
Netanyahou et Abbas n'ont pas attendu que le monde se réveille et initie une médiation : depuis que les violences se sont intensifiées, les deux dirigeants ont communiqué par divers canaux : l'envoyé spécial de Netanyahou, Yitzhak Molcho a entretenu des contacts permanents avec la Moukata, le siège de l'Autorité palestinienne, et les responsables sécuritaires israéliens et palestiniens ont fréquemment débattu pour tenter de désamorcer les tensions.
Hélas, ces efforts ont été principalement déployés en coulisses. En public, les deux dirigeants poursuivent leur jeu habituel de condamnation. Lors de sa conversation avec Kerry vendredi, Netanyahou a désigné l'incitation à la violence palestinienne comme la principale source des violences; Abbas a quant à lui profité de son entretien avec le responsable américain pour lui faire part de la protestation des Palestiniens à l'égard des provocations des Israéliens vivant dans les implantations en Judée-Samarie.
Jusqu'à présent, le Premier ministre israélien a été attentif à la dynamique de l'opinion mondiale, en prenant plusieurs mesures visant à réduire une pression internationale qui pourrait contrarier les initiatives israéliennes.
Il a interdit aux hommes politiques de se rendre sur le Mont du Temple, a rejeté la pression de son aile droite en évitant d'annoncer l'expansion des implantations, et a résisté aux appels du bouclage total de la Judée-Samarie, indiquant que cela pourrait être perçu comme une punition collective pour les Palestiniens.
Il paie cependant un prix politique certain, puisque les politiciens de droite comme Naftali Bennet ou Avigdor Lieberman remettent constamment en question son action vis-à-vis de la situation avec des déclarations bellicistes, et certains membres de son propre parti viennent fréquemment à la tente des représentants des Israéliens vivant dans les implantations, plantée devant la maison de Netanyahou.
Son leadership accuse le coup: selon un sondage réalisé par la chaîne israélienne Arutz 2, 73% de la population israélienne est insatisfaite par la façon dont il gère la situation.
Alors que le parlement israélien (Knesset) entame demain sa session d'hiver, la pression politique va augmenter. La coalition de droite protestataire intérieure anti-Netanyahou ne disparaîtra pas tant qu'il continuera à refuser d'approuver les plans de construction dans les implantations.
Les députés et les ministres irrités par sa position pourraient commencer à utiliser des outils parlementaires pour afficher leur opposition à l'inaction du gouvernement, et gagner des points chez leurs électeurs.
Si les efforts de Netanyahou et d'Abbas n'ont pas encore produit de changements sur le terrain, la pression internationale pourrait être leur bouée de sauvetage, qui leur sera nécessaire pour mettre fin à ce cycle de violence. Mais il faudra que les deux dirigeants déploient des mesures concrètes pour rebâtir la confiance, ce qu'ils ne sont pas nécessairement en mesure de faire.
Abbas a besoin de reprendre le contrôle sur le soulèvement populaire, et Netanyahou a besoin de faire des concessions, comme l'annonce du gel total des implantations, ou de la libération de prisonniers palestiniens. Et pour cela, ils ont tous les deux besoin d'un certain capital politique, difficilement à disposition actuellement.
Tal Shalev
Source I24News
