Lorsque je croise de vieilles connaissances et que nous discutons un peu, je sais d'avance qu'ils me poseront LA question : « Tu n'étais pas religieuse à l'époque, il s'est passé quelque chose dans ta vie pour que tu fasses Téchouva ? ». Entendez par là : « As-tu survécu à un cancer ou à un accident de la route ? As-tu connu un échec sentimental ? Tes parents ont-ils divorcé ? As-tu fait une dépression ? »...
Après tout, il faut certainement avoir un problème psychologique pour porter des collants 40 deniers par 40 degrés, se couvrir la tête, mettre des t-shirts à manches longues en toutes circonstances, renoncer aux plages de Tel-Aviv pour partir à la montagne, ou préférer les danses séparées aux folles soirées en boîtes de nuit…
Feuj contre Juif
En d'autres termes, pourquoi avoir renoncé à une société qui cultive les plaisirs (éphémères) pour vivre dans un monde de « contraintes » ? Après tout, si on compare la jeunesse d'un « feujeur » à celle d'une personne dans la Torah, on peut affirmer que leurs univers respectifs sont diamétralement opposés.
Le premier va voyager dans le monde entier, sortir fréquemment dans des soirées (très) arrosées, participer à des tournois de Poker, multiplier les rencontres et immortaliser tous ces moments par des « selfies » pour les publier via Facebook, Instagram, Snapchat et j'en passe, pour se connecter ensuite frénétiquement toutes les 5 secondes à son compte afin de suivre les commentaires sur son mur.
En fonction du nombre de « j’aime », il pourra évaluer sa côté de popularité et gonfler ainsi son égo.
Après tout, You Only Live Once (on ne vit qu’une fois…)
C'est sûr que comparé à cette liberté d'apparat, l'étudiant en Yéchiva ou la jeune fille en séminaire qui sanctifient leur temps par la prière, l'étude de la Torah, et le travail sur soi afin de se rapprocher d'Hachem semblent tout de suite beaucoup moins « fun ».
Malgré tout, d'année en année, des centaines de personnes reviennent vers leur Créateur en faisant Téchouva. Pourquoi ?
Une sensation de vide
La même phrase revient sans cesse : « Ma vie manquait de sens ». Accumuler les plaisirs procure certes de l'adrénaline, mais le lendemain, la réalité nous rattrape en nous laissant une amère sensation de vide...
Lorsque nous « profitons » de notre jeunesse, comme nos parents nous l'ont si souvent conseillés, nous nous créons de nouvelles difficultés pour l'avenir. Quel plaisir peut avoir une personne à gagner 1 500 € par mois en travaillant lorsqu’elle peut en gagner 4 000 en participant à des tournois de Poker ? A quoi penserons-nous lorsque nous longerons les plages de Deauville avec nos enfants lorsque, il n'y a pas si longtemps, nous nous trouvions à Phuket avec nos amis ?
Pire encore, quel genre de Chalom Bayit (harmonie avec son conjoint) peut avoir une personne qui a multiplié les relations avant le mariage ? A quoi pensera-t-elle après une dispute avec son conjoint ? A ses "ex" bien sûr, sans pouvoir s'empêcher de les comparer… Quelle frustration !
Il faut faire tellement d'efforts pour obtenir un compliment de son conjoint alors qu’une simple photo de nous en maillot de bain publiée sur Facebook rapporte 60 « j’aime » et 10 commentaires du type « trop belle » ou « magnifique ». D'après vous, à quoi pense le jeune homme à l’origine de ce genre de commentaire ?
Certainement pas à la construction d'un foyer juif authentique…
Contrairement à ce que les publicitaires nous font croire depuis des années, le bonheur ne se trouve ni dans son Iphone, ni sur internet, ni chez Zara ou L’Oréal (même si « nous le valons bien »), mais dans les Mitsvot, la remise en question et la persévérance.
Celui qui sait quitter une réunion très importante pour respecter le Chabbath, se priver d'un repas car il n'a pas trouvé où manger strictement Cachère, rester Tsanoua (pudique) même par 35 degrés ou diminuer sa Parnassa (subsistance matérielle) pour aller étudier la Guémara, autrement dit celui qui place la Torah au centre de sa vie aura beaucoup plus de facilités à mettre son amour-propre de côté pour réussir son mariage, à déployer son énergie pour l'éducation de ses enfants et à tenir la barre face aux aléas de la vie.
Reprendre sa vie en main
En somme, faisons d’abord le pas de la religion pour ressembler à ces hommes et à ces femmes modelés par notre sainte Torah, qui paraissent si proches et déjà si loin de nous.
Comment ces gens parviennent-ils à pleurer sincèrement sur notre épaule lorsque nous rencontrons une difficulté ? Comment, en quelques mots, un Rav arrive-t-il à cerner un problème qu’il n’a jamais rencontré auparavant dans sa vie ? Comment ces femmes parviennent-elles à faire tout ce qu’elles font sans jamais se plaindre ?
La réponse est simple : devenir religieux, c’est chercher à toujours faire mieux, à s’oublier pour les autres et à donner le meilleur de soi-même pour faire plaisir à notre Créateur, Lui qui est si Haut et pourtant si Proche.
Quelle satisfaction de reprendre sa vie en main, de choisir véritablement de changer tel ou tel trait de caractère et de s’émanciper du regard des autres !
Roch Hachana est terminé, et Kippour arrive à grands pas. Il ne nous reste plus que quelques jours pour faire Téchouva.
Quoi qu’il en soit, retenons bien qu’il n’y a pas de limites vers le haut, sauf celles que l’on se fixe.
Par Lea Nabet
Source Torah Box