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lundi 21 septembre 2015

Tribune Noé...


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« Noé : faire des jeunes juifs de France, les premiers acteurs de la construction de leur avenir ». Les séjours en centres de vacances qui se sont déroulés cet été ont confirmé la tendance profonde qui traversent la jeunesse juive de France : à la fois collectivement mobilisée mais individualiste dans ses aspirations, bâtissant ici mais se projetant ailleurs de plus en plus souvent, la jeunesse juive de France est en train de changer en profondeur. C’est notre responsabilité collective de dresser les bons constats et de proposer des réponses nouvelles à cette mutation...



3 facteurs conjugués ont, en quelques années, changé la donne pour notre jeunesse :


D’abord, l’antisémitisme. Si l’antisémitisme s’est considérablement développé en France ces dernières années, il faut prendre conscience que ce sont nos jeunes qui en sont la cible privilégiée : l’essentiel des actes et menaces antisémites est dirigé contre les moins de 30 ans.
Retenons cette statistique effroyable : les jeunes juifs de France, c’est-à-dire 0,3 % de la population française concentre la moitié des actes racistes (de toutes natures) commis dans notre pays !
Notre jeunesse grandit avec des militaires en faction devant nombre de lieux de vie communautaire (écoles, centres communautaires, synagogues etc…) et cela bouleverse la manière dont chacun d’entre eux, et par là même chacun d’entre nous, peut se projeter.
Ensuite, une Alyah en hausse, qui n’est pas seulement la conséquence de l’antisémitisme mais aussi d’une génération naturellement plus mobile que celles qui l’ont précédé : 10 000 personnes ont fait leur Alyah en 2014, il y en aura sans doute autant en 2015.
Ce sont souvent des personnes au cœur du tissu communautaire, qui partent en familles, ou des jeunes qui partent seuls et qui sont ensuite rejoints par leurs proches dans les années qui suivent. Le phénomène de « vacances » au sein d’institutions communautaires locales ou nationales, que nombre de dirigeants voient poindre, va prendre corps. C’est maintenant qu’il faut préparer notre relève, ou nous en paierons durablement les conséquences.
Enfin, la jeunesse juive n’est pas épargnée par les transformations qui concernent l’ensemble de la jeunesse française : le déficit d’engagement chez les jeunes, la logique d’individualisme propre à notre époque, rend le défi du renouvellement des cadres communautaires encore plus difficile que par le passé, car ils sont moins nombreux à rejoindre les mouvements de jeunesse et que leur engagement communautaire s’arrête parfois au partage d’un article sur Facebook.
Face à ces constats, il nous revient de rendre la communauté juive plus attractive et de faire massivement passer nos jeunes d’une logique de consommation à une logique d’engagement.
C’est le sens du programme Noé, que je promeus comme la réponse unifiée de l’ensemble des organisations juives à destination de toute sa jeunesse.

Concrètement, le programme Noé aspire à faire trois choses :

D’abord renforcer l’existant. Le tissu associatif et institutionnel de la communauté juive est très dense (écoles, centres aérés, associations, etc…) ; or, on ne peut rien construire en fragilisant l’existant. Aussi, le premier défi de Noé sera de renforcer les initiatives en cours, afin de leur donner les moyens de se renouveler et d’engager à leur tour leur mutation.
Noé va également être un accélérateur direct pour les projets conçus par les jeunes et pour les jeunes. La nouvelle génération est celle du Do it Yourself !  Nos jeunes sont les mieux placés pour savoir par eux-mêmes de quelles manières ils peuvent œuvrer à la construction de leur devenir individuel et collectif. Noé devra être là pour les accompagner.
Enfin, le programme Noé va proposer une action spécifique en direction des 12- 18 ans, qui sont dans une période de confirmation identitaire. Nous pensons que cette confirmation ne peut se faire que dans l’action concrète, que dans l’engagement.
Aussi, nous allons lancer le projet « Alliance » qui vise concrètement à faire en sorte que tous les jeunes effectuent un service civique communautaire de 8 semaines entre leur bar/bat Mistva et leur majorité civile.
Tous ensemble et maintenant, nous devons déployer des moyens afin que les jeunes juifs de France, quel que soit leur degré de proximité avec la communauté juive organisée, deviennent les premiers acteurs de la construction de leur avenir.


Gaby Bensimon
Membre du Bureau Exécutif du FSJU,
Président fondateur du centre Moadon,
Lauréat du Prix Edmond Tenoudji 2013


Source Tribune Juive