Alain Juppé, ancien Premier ministre, a dénoncé mardi à Paris "les actes antisémites" qui "se multiplient dans les banlieues", affirmant que l'augmentation des départs pour Israël de Français juifs était "un grave échec pour la République"...
"Les actes antisémites se sont multipliés dans les banlieues où certains instrumentalisent le conflit israélo-palestinien pour essayer de donner une vague explication à ce qui n'est souvent que la reprise des vieux stéréotypes odieux", a affirmé M. Juppé, devant l'Association des Amis du Crif (Conseil représentatif des Juifs de France).
Selon lui, "l'assassinat d'Ilan Halimi" (en 2006) a été un signe annonciateur qui n'a pas été suffisamment pris au sérieux. La communauté juive s'est retrouvée seule face à ce drame qui portait tous les signes pourtant d'un antisémitisme le plus abject".
Le candidat à la primaire de sa famille politique pour 2017, qui vient de publier un livre sur l'école, "réclame une extrême vigilance sur ce point dans les écoles et parmi la jeunesse, où la parole antisémite se libère trop souvent. Nos enseignants doivent recevoir la formation et le soutien nécessaire pour sanctionner immédiatement toute dérive négationniste", a-t-il dit.
Dieudonné, à qui il a refusé la possibilité de tenir son spectacle dans sa ville de Bordeaux, "a décomplexé chez beaucoup de jeunes la négation de la Shoah", a-t-il aussi regretté, jugeant également "inacceptable que l'on trouve sur le Net des films comme +L'antisémite+ de Dieudonné , financé par l'Iran". "Il faut aller plus loin dans la régulation d'internet et des réseaux sociaux".
M. Juppé a également affirmé avoir été "choqué par la remise en cause cet été de l'opération Tel-Aviv-sur-Seine par le Front de gauche et des membres du PS. Encore une fois, cela a été l'occasion de travestir la réalité de ce qu'est l'Etat d'Israël", a-t-il déploré.
Il a annoncé qu'il se rendrait "prochainement en Israël" pour affirmer sa "solidarité" à "un Etat plus que jamais entouré par un Moyen Orient déstabilisé par le terrorisme islamiste sunnite et confronté au retour de l'Iran chiite sur la scène internationale".
"Je reste aussi - je n'ai jamais eu de double langage - attaché aux droits des Palestiniens à un Etat indépendant", a-t-il dit, estimant que "les deux parties (devaient) avoir le courage de reprendre le processus des négociations".
Qualifiant d'"exemplaire" le "dialogue que la République entretient avec le Crif et la communauté des juifs de France", M. Juppé a souhaité que "la communauté musulmane puisse être représentée par un organisme dont tous les membres partagent et respectent les valeurs de la République, et avec lequel il serait possible d'engager un dialogue authentique. Ce n'est pas le cas avec le CFCM", le Conseil français du culte musulman.
"Je ferai des propositions en ce sens dans les mois qui viennent car j'estime que les responsables du culte musulman doivent aussi faire davantage pour enseigner la tolérance et le respect des lois de la République", a-t-il dit.
Source Le Parisien