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mardi 21 juillet 2015

Netanyahou à l’épreuve de Beit-El



La localité de Beit-El, au nord de Jérusalem, est de nouveau au centre d’une bataille juridique et politique qui oppose ses habitants à la Cour suprême et au Premier ministre Netanyahou. Il y a trois ans, la Haute-Cour de justice israélienne ordonnait la destruction de trente unités de logements du quartier de l’Oulpena...



Des démolitions évitées grâce à un accord conclu entre le chef du gouvernement et les autorités religieuses du village. Fin juin, la plus haute instance juridique du pays a donné trente jours pour voir disparaître un autre quartier de Beit-El, celui de Draïnoff, nommé après le promoteur éponyme qui l’a construit. Une décision qui pourrait avoir de fâcheuses conséquences pour l’actuelle coalition. Explications.
Il faut se rendre jusqu’à l’extrémité est de la localité de Beit-El pour saisir l’ampleur du problème qui oppose ces dernières semaines les habitants du village de la région de Binyamin et les autorités du pays.
Deux bâtiments en construction de trois et quatre étages, peints en gris et noir. Deux édifices bâtis au nom de l’entrepreneur Meïr Draïnoff, habitant de la localité et situés à quelques mètres seulement du camp de réfugiés palestinien de Jelazoun.
Le 23 juin dernier, la Cour suprême a ordonné leur destruction au motif de leur emplacement: une terre appartenant à un particulier palestinien. Pourtant, le terrain avait été réquisitionné il y a 36 ans par l’armée officiellement pour des besoins de sécurité.
Le plaignant palestinien, aidé par des organisations d’extrême gauche, a contesté la légalité de l’expropriation israélienne. Au terme d’un combat juridique de plusieurs années, l’ex-président de la Cour suprême, Acher Gronis, avait ordonné il y a huit mois la destruction des « maisons Draïnoff » et avait fixé le calendrier de sa démolition à la fin du mois de juillet.
Dans la foulée de la décision du juge Gronis, un appel a été déposé par la société de construction.
Une requête rejetée par la nouvelle présidente de la Haute-Cour de justice du pays, Myriam Naor. Les juges ont ainsi calé au 30 juillet la destruction des bâtiments considérés comme « illégaux ».
Un jugement qui a provoqué la colère des habitants de Beit-El mais aussi de ses autorités locales. Le président du conseil municipal, Shaï Alon, a multiplié début juillet les rencontres avec les députés du Likoud et du Bayit Hayéhoudi pour discuter avec eux d’un possible report voire d’une annulation de la décision de la Cour suprême. Tous se sont déclarés prêts à le soutenir. Sauf que les clés de cet imbroglio juridique se trouvent aujourd’hui entre les mains du Premier ministre et de son ministre de la Défense, Moshé Yaalon.
Ainsi, pour tenter de calmer les esprits, Binyamin Netanyahou a envoyé sur place le 8 juillet dernier le secrétaire du gouvernement, le général de réserve Avishaï Mendelblit.
L’envoyé spécial du Premier ministre s’est vu dispenser une visite des lieux et un cours d’histoire juive par… Hagi Ben Artsi qui n’est autre que le beau-frère du chef du gouvernement. Des rencontres ont eu lieu aussi avec les autorités religieuses du village et notamment avec le rabbin Zalman Melamed, l’une des figures de proue du sionisme-religieux en Israël.
En outre, l’administration civile avait prévu d’organiser au sein de sa commission d’appel un débat pour tenter de trouver un terrain d’entente entre les responsables de la localité juive et le plaignant arabe. Or, la réunion a été annulée sans qu’aucune date de report n’ait été précisée. « Nous essayons de trouver une solution et l’administration civile a décidé de nous fermer la porte au nez.
Cette situation ne nous permettra pas de sauver les habitations ni de pouvoir les reconstruire. Quelqu’un a semble-t-il pris la décision de donner une interprétation élargie à la décision de la Cour suprême et d’empêcher tout règlement dans la construction de ce projet immobilier. Si c’est le cas, c’est une déclaration de guerre », a affirmé Shaï Alon.
Face aux menaces du responsable local, l’administration civile s’est décidée toutefois à débattre du dossier mercredi dernier. Selon les informations transmises par le site NRG, la construction des bâtiments du quartier Draïnoff pourrait être autorisée. Sauf qu’aucune décision n’a été prise au terme de cette réunion.
Le site d’informations indique qu’en cas d’avis favorable, les responsables de la localité juive pourraient déposer une nouvelle requête à la Cour suprême pour faire annuler sa décision prise fin juin.
Toutefois, sur le terrain, les habitants de Beit-El commencent à trouver le temps long. Dimanche 19 juillet, des manifestations ont eu lieu devant l’enceinte de la Haute-Cour à Jérusalem mais aussi devant l’entrée de la localité juive pour soutenir le maintien des maisons de Draïnoff. Lors du rassemblement organisé à Beit-El, des heurts ont opposé manifestants et forces de l’ordre. Huit personnes ont ainsi été arrêtées.
En marge de ces mouvements de protestation, les responsables locaux et nationaux unissent leurs forces pour faire pression sur le Premier ministre Netanyahou et son ministre de la Défense, Moshé Yaalon. Lors d’une réunion organisée jeudi dernier, les autorités religieuses du village juif, le rabbin Zalman Melamed en tête, ont rappelé au chef du gouvernement sa promesse faite en 2012 au moment de l’affaire du quartier d’Oulpena. Binyamin Netanyahou s’était en effet engagé auprès du rabbin Melamed à empêcher la destruction des bâtiments Draïnoff, rappelle ainsi le journaliste Hofi Amos dans un article publié le 8 juillet dernier sur le site Makor Rishon.
« La décision de la cour suprême et le silence du Premier ministre dans ce dossier ont profondément blessé le rabbin Melamed », affirment ses proches.
Le ministre de l’Agriculture, Ouri Ariel et le député du Bayit Hayéhoudi Betsalel Smotrich ont eux rappelé ce lundi au chef du gouvernement une autre promesse : celle prononcée à quelques heures du scrutin législatif du 17 mars dernier et son soutien à la poursuite des « constructions sur tout le territoire de la terre d’Israël y compris en Judée-Samarie ».
Le ministre et responsable du Parti Tekouma a appelé les responsables du Likoud à convaincre le Premier ministre à mettre fin à « sa politique d’étranglement des localités juives de Judée-Samarie et à mettre fin au gel des constructions au-delà de la ligne verte. »
Les membres du comité politique du Ihoud Léoumi se sont déclarés, par ailleurs, favorable dimanche à infliger « des sanctions progressives » contre l’actuelle coalition.
Binyamin Netanyahou se retrouve donc en première ligne dans ce dossier. Les bureaux du Premier ministre refusent de faire le moindre commentaire officiel sur cette affaire des maisons de Draïnoff qui pourrait devenir pour le gouvernement une sorte d’Amona numéro 2 (au mois de février 2006, de violents heurts avait opposé forces de l’ordre et habitant de cet avant-poste situé proche de la localité d’Ofra en Judée-Samarie. 250 policiers et civils avaient été blessées).


Source IsraPresse