C’est un courrier qui a été adressé à toutes les officines du Val-d’Oise. Sur une page, le Collectif urgence Palestine 95 invite chaque pharmacie à « refuser de fournir […] les médicaments de la marque Teva », leader mondial des médicaments génériques, et dont le siège est basé à… Petah Tikva, en Israël...
Il évoque l’article 225-1 du code pénal, qui indique que « constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur appartenance […] à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. »
D’après lui, le collectif avait lancé de premières actions de ce type il y a environ 6 mois : « Des affiches avaient été collées sur des devantures et des militants étaient rentrés dans des pharmacies pour distribuer des prospectus. »
Dans sa lettre, le collectif se défend de toute idéologie antisémite. « C’est de l’antisionisme, explique une militante.
Ce n’est pas le peuple juif que nous attaquons, mais la politique du gouvernement israélien. Il n’y a aucune connotation religieuse. » Le collectif estime que « c’est la politique coloniale d’Israël qui engendre l’antisémitisme, et qui met en danger les juifs de tous les pays ». « L’antisionisme, c’est de l’antisémitisme ! » rétorque Sammy Ghozlan.
Extrait du courrier adressé aux pharmacies du Val-d’Oise.
Les militants du collectif mettent en avant les décisions favorables du tribunal correctionnel de Pontoise après la campagne d’appel au boycott du BDS (Boycott Désinvestissements Sanctions), notamment dans le supermarché Carrefour de Montigny.
Sept militants, dont Sylvain de Smet, conseiller régional (EELV), ou encore Omar Slaouti (ex-NPA), avaient été relaxés en 2013. Jugement qui allait à l’encontre de la circulaire Alliot-Marie de 2010, qui incite les procureurs à donner « une réponse cohérente et ferme […] aux appels au boycott des produits israéliens », sur le fondement de la « provocation à la discrimination envers une nation ».
Plusieurs décisions contradictoires ont été rendues par les tribunaux depuis. Un mois avant le jugement de Pontoise, la cour d’appel de Colmar (Haut-Rhin) avait ainsi condamné douze membres d’un collectif pour une action similaire. Dans le Val-d’Oise, l’initiative est soutenue par plusieurs associations, comme l’association France Palestine solidarité, et des partis politiques, dont le PCF ou le NPA.
« Depuis plusieurs années, notre laboratoire fait l’objet de discriminations liées à sa nationalité », répond la direction de la société Teva, qui tient à rappeler que ses médicaments sont « produits dans le monde entier, au bénéfice de tous les patients ».
Elle indique que les différentes actions menées par des collectifs propalestiniens n’ont eu « aucun impact » sur les ventes. La société a toutefois demandé à être reçue par le Conseil de l’ordre des pharmaciens, afin qu’il s’engage à inciter les officines à ne pas suivre l’appel au boycott.
Source Le Parisien