Après les attaques contre les ambulances transportant des blessés syriens dans le Golan, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a invité les dirigeants druzes pour une réunion à son bureau à Jérusalem mercredi. "Je considère cela avec la plus grande gravité", a déclaré Netanyahou tôt dans la journée. "Nous ne permettrons à personne de faire sa propre loi. Nous ne permettrons à personne d'entraver les soldats de Tsahal dans leur mission. Nous allons localiser ceux qui ont perpétré ce lynchage et nous allons les juger"...
Par ailleurs, un porte-parole du gouvernement jordanien a affirmé qu'Amman n'a pas l'intention de permettre aux réfugiés druzes syriens d'entrer dans le Royaume hachémite, malgré le massacre de la secte dans le sud de la Syrie.
Les médias syriens ont salué mardi l'attaque d'une ambulance israélienne transportant deux blessés syriens par des Druzes du Golan.
Pour l'agence de presse officielle syrienne SANA, les villageois druzes du Golan, qualifiés "de jeunes Syriens héroïques", ont repéré que l'ambulance transportait deux combattants du Front al Nosra blessés et leur ont infligé "le châtiment réservé à ceux qui participent à l'agression contre la mère patrie".
Moshe (Boguy) Ya(alon, le ministre israélien de la Défense, a réagi mardi matin, au lynchage des blessés transportés dans l'ambulance, quelques heures après le lynchage par des Druzes dans le Golan de deux blessés syriens transportés dans une ambulance militaire israélienne, dont un est finalement décédé, qualifiant l'attaque de gravissime qui ne restera pas impunie et sera traitée avec la plus grande sévérité par les autorités judiciaires.
"Israël est un Etat de droit et nous ne permettrons pas la violence ni qu'une infime minorité de citoyens ne fasse la justice elle-même. Cet incident va à l'encontre de toutes les valeurs de l'Etat qui s'illustrent aussi par les soins prodigués aux blessés syriens pour des raisons humanitaires ou à n'importe quelle personne qui en aurait besoin", a déclaré le ministre de la Défense.
"Une infime minorité violente n'arrivera pas à porter atteinte au pacte particulier entre l'Etat d'Israël et ses citoyens druzes et n'arrivera pas à salir la renommée de cette communauté", a ajouté Ya'alon.
"J'appelle toutes les personnalités publiques qui s'expriment sur ce sujet à faire preuve de retenue. La situation en Syrie est compliquée et nous y faisons face de manière responsable en prenant en compte toutes les options tout en tenant informée et en y associant la communauté druze", a conclu Ya'alon.
Quelques heures après l'attaque, les chefs de la communauté druze ont lancé un appel au calme.
Le vice-ministre de la Coopération régionale et député druze du Likoud Ayoub Kara a appelé ses coreligionnaires à "reprendre leurs esprits".
"Nous ne sommes pas une communauté qui a l'habitude d'attaquer ou ne fut-ce que de faire mal à une mouche», a déclaré Kara.
Le leader spirituel de la communauté druze israélienne, le cheikh Mawfik Tarif, a également condamné l'attaque dans les termes les plus sévères.
"Cela n'est pas notre manière d'agir. Nous sommes malheureux de ce qui s'est passé, un acte criminel commis par des gens sans foi ni loi", a-t-il déclaré.
Un blessé syrien transporté en Israël dans une ambulance militaire a été tué lundi par des Druzes qui ont attaqué à coups de pierres le véhicule sur le plateau du Golan, a indiqué la police.
"Une foule a attaqué à coups de pierres une ambulance militaire près de Majdal Shams dans le Golan et blessé ses occupants (...). L'un des blessés syriens qui s'y trouvait est mort des suites de l'attaque", a expliqué un porte-parole de la police israélienne dans un communiqué.
L'autre blessé syrien transporté par l'armée israélienne est blessé grièvement, selon ce communiqué.
Les deux soldats qui conduisaient l'ambulance ont été blessés légèrement dans cette attaque et ont été relativement épargnés du fait qu'ils appartiennent eux-mêmes à la communauté druze.
Selon les médias israéliens, près de 200 habitants du village druze de Majdal Shams ont participé à cette attaque.
Le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou a qualifié l'incident de très grave et promis de faire justice avec les responsables de cette attaque, selon un communiqué de son bureau.
"Nous ne laisserons personne prendre la loi entre ses mains et empêcher l'armée de réaliser ses missions', ajoute le communiqué.
M. Netanyahou a par ailleurs appelé les responsables de la communauté druze à calmer les esprits.
Le général Gadi Eizenkot, chef d'état-major de l'armée israélienne, a condamné l'attaque contre des militaires israéliens et les blessés syriens. Une réunion d'urgence du haut commandement s'est tenue lundi soir en présence du général Eizenkot et du général Yaïr Golan, commandant du Front nord.
A l'issue de cette réunion, Tsahal a décidé d'adjoindre un véhicule de la police militaire à toute ambulance transportant des blessés syriens. Des contacts ont également pris avec les responsables de la communauté druze pour ramener le calme.
Le porte-parole de l'armée, le général Moti Almoz, a indiqué que les incidents à la frontière nord sont très graves. Il a souligné que Tsahal condamne tout acte de violence contre les militaires israéliens et les blessés syriens. Tsahal ne vient pas en aide à l'organisations terroriste al-Nosra, mais vient au secours des blessés syriens qui s'approchent de la frontière.
"Nous aidons les Syriens blessés qui arrivent à la frontière et nous leur prodiguons des soins. Nous appelons au calme et souhaitons aux blessés de l'attaque de hier soir un prompt rétablissement", a déclaré le général Moti Almoz.
Succession d'attaques et de manifestations druzes
Dans la matinée, un véhicule militaire avait déjà été bloqué dans le nord d'Israël par des druzes qui pensaient qu'il transportait des rebelles syriens blessés, selon la police israélienne.
Plusieurs centaines de Syriens blessés dans les combats en Syrie, où une guerre civile fait rage depuis quatre ans, ont été soignés en Israël.
Les Druzes de Syrie, une minorité musulmane hétérodoxe qui représente environ 3% de la population, ont récemment exprimé leurs craintes face aux avancées des rebelles.
Les dirigeants de la communauté druze en Israël ont appelé récemment le gouvernement à venir en aide à leurs coreligionnaires.
Dans la nuit de samedi à dimanche, une trentaine de Druzes ont manifesté devant le centre médical de Nahariya pour protester contre la prise en charge par Israël de "terroristes du groupe Jabhat al-Nosra", blessés dans le conflit en Syrie.
Israël n'a pas souhaité faire de commentaire.
Une manifestation similaire s'est produite la semaine dernière à l'hôpital Ziv.
Des membres de la communauté druze accusent le gouvernement israélien de soutenir les factions sunnites qui combattent les forces du président syrien Bachar al-Assad en leur donnant la possibilité d'être soignés dans des hôpitaux israéliens.
Or, les Druzes de Syrie sont actuellement attaqués par les rebelles sunnites dans la région du Djabal al-Duruz (la Montagne des Druzes) au sud de la Syrie.
Corridor humanitaire ?
Un responsable israélien aurait confié au site Walla News la semaine dernière que l'Etat hébreu prévoyait la création d'un corridor humanitaire sur le versant syrien du Golan, à la frontière israélienne, pour venir en aide aux Druzes.
Cette zone tampon, envisagée par Israël, serait administrée par des travailleurs humanitaires israéliens et internationaux, dont des envoyés de l'ONU, selon cette source sous couvert d'anonymat.
"Nous n'avons aucune intention d'accueillir les Druzes en Israël, mais ayant vécu un génocide, nous n'avons pas l'intention d'ignorer la possibilité d'un massacre de la minorité druze", a déclaré la source.
Les leaders de la communauté druze en Israël ont de leur côté lancé un appel aux responsables politiques et militaires pour venir en aide à leurs frères syriens à la lumière des attaques rebelles de ces derniers jours.
Une délégation d'officiers druzes israéliens a été reçue la semaine dernière par le Premier ministre Benyamin Netanyahou pour discuter de la situation en Syrie.
Le vice-ministre en charge de la Coopération régionale, Ayoub Kara (Likoud), un Druze, n'a cependant pas confirmé la réunion, mais a confié avoir discuté avec le Premier ministre du problème des Druzes syriens. Selon lui une aide éventuelle provenant d'Israël ne pourra se faire que dans le cadre d'une assistance communautaire.
Un millier de Syriens soignés en Israël
Les Druzes d'Israël, principalement installés près des frontières du Liban et de la Syrie, soutiennent Bachar al-Assad dans les combats qui l'oppose aux différents groupes rebelles.
"Ce n'est pas la première fois que nous lançons un avertissement et aujourd'hui il est clair qu'Israël soutien les groupes qui luttent contre le régime syrien en fournissant des armes et en soignant leurs blessés, y compris lorsqu'il s'agit de combattants de l'Etat islamique et du Front Al-Nosra", a expliqué l'année dernière un groupe de militants druzes dans un communiqué.
"Nous appelons les membres de la communauté druze à sanctionner sévèrement la politique de l'Etat d'Israël", poursuit le message.
"Au cours des deux dernières années, l'armée israélienne a fourni une assistance humanitaire et sauvé la vie de blessés syriens, sans tenir compte de leur identité", a affirmé un porte-parole de l'armée israélienne interrogé sur les accusations soulevées par la communauté druze.
Selon le ministère israélien de la Santé, près d'un millier de Syriens ont été soignés dans quatre hôpitaux israéliens depuis le début de la guerre civile en Syrie.
La plupart des blessés pris en charge sont des civils et d'autres servent dans les rangs de l'Armée syrienne libre.
Selon plusieurs sources anonymes du centre Ziv, des blessés appartenant à des groupes rebelles radicaux sont également hospitalisés sans avoir le droit de recevoir des visiteurs.
Les sources interrogées ont déclaré à i24news que l'animosité entre les différents groupes rebelles est ressentie dans l'hôpital: les blessés refusent de se parler même lorsqu'ils occupent des lits côte à côte.
Israël contrôle depuis la guerre des Six-jours en juin1967 quelque 1.200 km2 du plateau du Golan, qu'il a annexés en 1981, une décision non reconnue par la communauté internationale. Environ 510 km2 restent sous contrôle syrien.
Source I24News