Réalisé par Sharon Maymon et Tal Granit. Israël/Allemagne. Comédie. 1h35 (Sortie le 3 juini 2015). Avec Ze'ev Revach, Levana Finkelstein, Aliza Rosen, Ilan Dar, Hana Rieber, Raffi Tavor, Smaul Worf et Yosef Carmon. On a parfois osé faire des comédies sur la vieillesse, on n'avait jamais osé en faire une, grinçante et morbide, sur la grande vieillesse. Avec "Fin de partie" de Sharon Maymon et Tal Granit, le défi a été enfin relevé...
Au premier abord, si l'on est soi-même proche de personnes très âgées atteintes par la maladie d'Alzheimer, grabataires ou subissant des traitements lourds pour pouvoir prolonger leur vie végétative, on risque d'avoir du mal à être à l'unisson de ce "commando" de vieillards paillards prêts à donner un coup de pouce à la faucheuse.
Il faudra donc que le film fasse son "travail" pour que l'on admette son bien-fondé transgressif et que l'on trouve soudain que le film mérite d'avoir emprunté le titre d'une pièce de Samuel Beckett, qui n'est d'ailleurs par sans correspondance avec lui.
"Fin de partie" se passe en Israël. Dans une maison de retraite plutôt "chic" de Jérusalem, avec des pensionnaires dénués de toute religion, au point que l'un d'eux, l'inventeur d'une "machine à euthanasier" peut s'amuser à "imiter" Dieu auprès de sa très vieille mère.
Car, l'astuce du film est de traiter de l'euthanasie avec les concernés eux-mêmes. Ceux qui vont donner la mort sont en âge de la vivre et finalement, cette proximité leur garantit une légitimité qui permet de ne plus se perdre dans des débats philosophiques qui ne débouchent sur rien.
"Fin de partie" de Sharon Maymon et Tal Granit décrit les aventures d'un "club des cinq" de la mort douce. Au passage, on aura une visite guidée d'un établissement, un "paradis blanc" qui fait frémir, où atterrissent ceux qui souffrent de "démence sénile".
Joué par des acteurs populaires israéliens, comme Ze'ev Revach et Levana Finkelshtein, "Fin de Partie" de Sharon Maymon et Tal Granit a eu un vrai succès en Israël. Dans un pays clivé entre "religieux" et "laïcs", il incarne une vision progressiste et occidentalisée du pays.
Chose rare de nos jours, on y verra même une scène très émouvante ayant pour protagonistes des kibboutzim. Avec son lot de mécréants et d'homosexuels, sa vieille dame très digne en tenue d'Eve, "Fin de Partie" , hymne à la mort choisie, est aussi un bel exercice de tolérance.
Passée la petite appréhension devant la dureté de son sujet, on est devant un film généreux qui fera date sur l'euthanasie.
Source Froggy Delight