Après les promesses électorales, l’heure est aux décisions. Le quatrième gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou devra se mettre rapidement à la tâche pour lancer les chantiers les plus urgents. Certains dossiers sont déjà prêts et attendent la signature d’un ministre ; d’autres réformes ont déjà été lancées en cours mais elles seront peut-être modifiées. En fait, beaucoup de décisions nécessiteront un nouvel examen approfondi...Analyse...
AGROALIMENTAIRE
Les prix de l’alimentaire sont encore trop élevés en Israël. Une loi visant au renforcement de la concurrence dans la filière de l’agroalimentaire est entrée en vigueur en 2015, mais elle est déjà détournée par des accords d’entente entre fournisseurs et détaillants. Le gouvernement israélien devra relever le défi soulevé par un secteur composé principalement de cartels, et qui symbolise la cherté de la vie pour le consommateur israélien.
BANQUE
Le coût des opérations bancaires est encore une des composantes de la cherté de la vie en Israël. En 2014, les cinq grandes banques du pays ont réalisé un profit net de 6,5 milliards de shekels, soit 1,5 milliard d’euros. Comme pour la réforme du secteur de la téléphonie, le prochain gouvernement devra prendre des décisions pour encourager la concurrence dans le secteur bancaire, pour introduire de nouveau acteurs et faire tomber les prix.
BUDGET
Le gouvernement devra décider rapidement s’il adopte un budget transitoire pour les six derniers mois de cette année ; ou s’il concocte un budget biannuel pour 2015 et 2016. C’est la seconde solution qui sera vraisemblablement adoptée, tout comme après les législatives de janvier 2013. Le futur ministre des Finances pourra se baser sur le budget 2015 préparé par son prédécesseur, ou en préparer un autre qui sera bâti sur de nouvelles hypothèses.
ÉDUCATION
La dépense publique par élève en Israël est une des plus basses des pays occidentaux ; l’insuffisance des investissements et les effectifs croissants d’élèves sont à l’origine de ce déséquilibre. Résultat : les classes restent surchargées et les résultats scolaires des petits Israéliens ne s’améliorent pas. Une réforme du financement de l’éducation nationale devient urgente.
FISCALITÉ
Le prochain gouvernement devra remettre de l’ordre dans le système fiscal israélien très déséquilibré. Il devrait réduire la fiscalité indirecte trop élevée (comme la TVA à 18%), relever l’impôt sur le revenu trop modeste et réduire les niches fiscales trop nombreuses. Il devra aussi réformer les incitations fiscales à l’investissement, considérées comme trop généreuses pour les grandes entreprises.
GAZ
Le prochain gouvernement devra faire face à un secteur en pleine ébullition. Son prédécesseur avait tenté de briser le cartel du gaz qu’il avait lui-même autorisé il y a quelques années, mais en vain. Or, le monopole de la prospection gazière, détenu par le groupe israélo-américain Delek-Nobel, n’entend pas se laisser faire. Le gouvernement devra trancher cet épineux dossier et mettre un terme aux zigzags de son administration.
LOGEMENT
Les réformes promises par le gouvernement précédent n’ont pas été réalisées : la TVA sur le logement n’a pas été supprimée, la construction massive de logements locatifs n’est restée qu’une vague promesse, la réforme du KKL n’a pas eu lieu, le programme de logements vendus à un prix maximum (prix-cible) vient seulement de démarrer. Entretemps, les prix de l’immobilier continuent de monter, alors que les mises en chantier ne sont pas suffisantes.
PAUVRETÉ
La commission Elalouf (2014) avait recommandé au gouvernement de lancer un vaste plan anti-pauvreté pour tirer 1,6 million d’Israéliens de la pauvreté ; le train de mesures, proposé par les experts, a été estimé à 7 milliards de shekels (1,5 milliard d’euros). Si le gouvernement sortant a bien approuvé le plan Elalouf, seulement un dixième des budgets nécessaires a été débloqué pour 2015 ; le nouveau gouvernement devra décider de la poursuite, ou non, de la lutte contre la pauvreté.
SANTÉ
La réforme préparée par l’ex-ministre de la Santé Yaël Guerman visait à favoriser la santé publique, en réduisant notamment la part de la médecine privée. Le prochain gouvernement pourrait enterrer la réforme Guerman et revenir à un modèle qui laissera une large place à la médecine privée. Dans tous les cas, les experts israéliens estiment qu’il manquerait 20 milliards de shekels à la santé publique (5 milliards d’euros) pour que renouveler les infrastructures et améliorer le niveau des soins.
TRANSPORTS PUBLICS
Ce dossier va vite revenir à la une de l’actualité ; le coût des transports en commun est encore trop élevé pour le consommateur et le retard dans les grands chantiers s’accumulent. Le gouvernement devra considérer les transports publics comme un projet national prioritaire pour réduire les encombrements et pour encourager les Israéliens à préférer les trains, tramways et autobus.
ZÉRO INTÉRÊT
Le prochain gouvernement va sans doute inaugurer l’ère des crédits à zéro intérêt. Les analystes s’attendent à ce que la Banque d’Israël abaisser son taux d’intérêt à zéro pourcent, dans le but de relancer la croissance et dévaluer le shekel face au billet vert. Résultat attendu : le futur grand Argentier aura à faire face à un dollar cher (jusqu’à 4,30 shekels), ce qui renchérira les importations israéliennes. En revanche, le gouvernement israélien devra contenir le déficit public à un niveau supportable, même au prix d’un relèvement de la pression fiscale.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley