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jeudi 26 février 2015

Toulouse : De plus en plus de départs dans la communauté juive

Lors d'une cérémonie de recueillement en mars 2012, à la grande synagogue de Toulouse.
 
Touchée de plein fouet par les meurtres perpétrés le 19 mars 2012 à l’école d’Ozar Hatorah par Mohamed Merah, la communauté juive toulousaine vit une vague de départs ces trois dernières années. Vers les Etats-Unis, le Canada et surtout vers Israël. Et même si l’Alya, l’immigration en Terre Sainte, ne se fait pas du jour au lendemain, ils sont de plus en plus nombreux à y réfléchir...


Et à participer à des réunions telle que celle organisée dans la Ville rose ce mercredi soir par l'association «All With Us-Tous Avec Nous» et le centre culturel Roger-Zimermann. Au micro de cette conférence, Dov Maïmon, coordinateur du groupe de travail du gouvernement israélien sur l'avenir des juifs d'Europe et auteur du plan d'urgence sur l’Alya.
«Il y a en France un problème politique, économique et identitaire très compliqué qui fait que la moitié des  juifs de France pourraient quitter la France dans les trente prochaines années. Mais il n’y pas que les juifs, 250.000 Français partent chaque année», insiste le chercheur au discours bien rodé.
Selon le directeur de l’Agence pour Israël, Daniel Benhaïm, en 2014 7.231 juifs de France sont allés s’installer en Israël. Un chiffre qui a doublé en un an. Et qui devrait continuer sa progression après l’attentat contre le supermarché casher de Vincennes.

Cent familles toulousaines ont émigré en 2014

Nicole Yardeni, la présidente régionale du Conseil représentatif des institutions juives de France confirme cette tendance de fond.
«Il y a toujours eu des jeunes Toulousains qui partent s'installer un peu partout dans le monde, mais aussi des retraités qui vont en Israël pour leurs vieux jours. En 2012, pas une famille n'était partie. En 2013, il y en a eu 67 et 100 l'an dernier. Les enfants c'est l'avenir. Les juifs de France sont protégés physiquement par les pouvoirs publics, mais ils n'ont pas le discours qui les empêchera de s'en aller», relève la Toulousaine qui estime que la diaspora juive compte 12.000 membres actifs et entre 3.000 à 5.000 personnes moins engagées.

Attrait économique

Les attentats, la recrudescence des actes et des propos antisémites à Toulouse, la 4e ville de France la plus touchée, sont des facteurs déclenchant. Mais ce ne sont pas les seuls à les pousser au départ.
Arrivées en Israël, souvent ces familles «s'installent dans les mêmes immeubles pour conserver l'esprit de solidarité de la communauté, poursuit Nicole Yardeni. S'ils partent, ce n'est pas uniquement par peur. Mais aussi parce qu'il n'y a pas de perspective. Et si la France ne s'imagine pas un avenir, ils vont être les boucs émissaires», prédit-elle.
Et Israël sait se vendre auprès des jeunes générations. «Ici, le chômage des jeunes est de 26%, en, Israël il est de 12%. Il faut transformer cette crise en opportunité et faire en sorte que chaque Français qui quitte la France devienne l'un de ses ambassadeurs», plaide Dov Maïmon.
Source 20 minutes