Un rapport du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, diffusé mardi 17 février, s’inquiète d’un « recul de la tolérance » en France, et appelle l’Hexagone à lutter contre les actes haineux et racistes. Finalisé avant les attentats parisiens, il ne prend pas en compte l’explosion des actes islamophobes survenue depuis janvier...
« Le commissaire s’inquiète du recul de la tolérance et du nombre élevé d’agressions verbales et de démonstrations injurieuses à caractère haineux ou discriminatoire recensées en France », introduit d’emblée le rapport. L'état des lieux témoigne d’« un inquiétant effritement de la cohésion sociale et du principe d’égalité » selon Nils Muiznieks.
« Malgré des avancées législatives et des mesures visant à lutter contre l'intolérance et le racisme », les discours et les actes haineux « non seulement persistent mais sont en hausse » s’inquiète le rapport, qui appelle à « mieux (les) contrer d'une manière soutenue et systématique ».
Avant même l’explosion des actes antimusulmans depuis les attentats, Nils Muiznieks qualifie leur nombre de croissant, et celui des actes homophobes, de « très inquiétant », et il souligne que les juifs vivent dans un « sentiment d’insécurité », en témoigne le nombre de départs vers Israël multiplié par trois entre 2012 et 2014.
Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe pointe le « fort climat d’antitsiganisme qui règne en France de très longue date. » « Inquiet », il pointe « l’urgence » de garantir aux Roms l’accès à l’éducation, à l’emploi et à la santé, alors qu’ils sont « ciblés et stigmatisés par certains discours de haine ».
Le rapport s’étonne aussi que le handicap ne soit jamais abordé en termes de droits de l’homme en France. Le commissaire a notamment constaté « avec préoccupation qu'environ 20 000 enfants, notamment ceux souffrant de troubles autistiques, demeurent sans solution de scolarisation ».
Le commissaire épingle en outre la France pour sa gestion des demandeurs d’asile, qui fait l’objet d’« insuffisances graves et chroniques ».
Il appelle l’Etat à « améliorer les conditions de vie des migrants à Calais et à mieux les protéger de violentes attaques xénophobes ». Ces manquements « posent de sérieuses questions de compatibilité avec les engagements internationaux de la France ».
Il s’agit du premier rapport du Conseil de l'Europe concernant la France depuis 2008. En 2006, un précédent rapport estimait que « beaucoup d’Européens voient la France comme le pays des droits de l’homme et qu’effectivement la France offre un haut niveau de protection ». Les choses ont bien changé depuis.
Source Saphir News