Pages

lundi 16 février 2015

Franck Belhassen : « Je suis optimiste pour l’avenir du football israélien »

 
Il est en France l’agent de joueurs qui a, ces dernières années, le plus œuvré pour faire venir des Israéliens en Ligue 1. Aujourd’hui, après les départs récents de Shechter (Nantes) et d’Atar (Reims), il n’en reste aucun. En exclusivité pour Actualité Juive, ce fin connaisseur du ballon rond livre son ressenti tout en apportant une analyse pertinente sur la situation du football bleu et blanc...


Actualité Juive: La Ligue 1 a hébergé Ben Sahar (Auxerre), Eden Ben Basat (Brest puis Toulouse), Maor Melikson (Valenciennes), Eliran Atar (Reims) et Itay Shechter (Nantes). En ce début 2015, plus aucun Israélien n’émarge dans le Championnat de France. Quel est votre diagnostic, vous qui avez contribué à la quasi-totalité de ces transferts ?

Franck Belhassen : Le premier problème des footballeurs israéliens est d’ordre physique. Quand ils débarquent en France, ils ne sont clairement pas au niveau. La Ligue 1 est très exigeante.
Il faut répéter les efforts pendant 90 minutes. A son arrivée à Reims, Atar avait le coffre pour jouer 35 minutes maximum. Ensuite, il pouvait tenir plus sur le terrain. Shechter avait, lui, moins de problèmes physiques.
Mais il manquait de confiance. Ce qui complique forcément les choses quand on est attaquant. Il faut savoir que Nantes n’a jamais voulu se séparer d’Itay. C’est le joueur qui a manifesté sa volonté de partir. Les attentats parisiens de début janvier ont évidemment pesé dans son choix. Sa femme ne voulait plus revenir en France.
L’autre problème à mes yeux est d’ordre mental. En Israël, ces joueurs ont quasiment tous un statut de star. Ils gagnaient déjà bien leur vie. En Ligue 1, ils n’étaient plus des stars. Souvent sur le banc des remplaçants. Avec peu de familles et d’amis à leur côté. Très loin du soleil et de la vie israélienne. A un moment, ils craquent…
Pour eux, c’est un vrai manque. Maintenant, ils sont contents de rentrer au pays. Ils ont en tous les cas progressé mentalement et dans l’approche des matchs. Peut-être que dans plusieurs années, après leur carrière,   ils apporteront quelque chose de leur expérience française au football israélien.

« Avec eux, j’étais plus que leur agent. On partageait des choses. Nos relations étaient affectueuses »

A.J.: Mais d’autres parviennent à réussir comme Yossi Benayoun qui a effectué une brillante carrière européenne en Espagne et en Angleterre.

F. B. : Il existe heureusement des exceptions. Je suis optimiste pour l’avenir. Des jeunes joueurs israéliens vont bientôt percer. Les sélections U19 et U21 sont intéressantes. Il y a des talents. Des choses doivent être cependant améliorées dans la façon de travailler au quotidien. Collaborant avec les clubs israéliens depuis une dizaine d’années, j’avais été très surpris de voir que les joueurs avaient au menu du houmous et de la tehina ! Je suis sûr que certains clubs fonctionnent encore comme ça. Ce n’est pas un hasard si le Maccabi Tel-Aviv sort aujourd’hui du lot après avoir fait venir des préparateurs physiques espagnols.

A.J.: Quel joueur israélien aurait aujourd’hui le niveau pour évoluer en Europe ?

F. B. : L’attaquant du Maccabi Tel-Aviv  Tal Ben Haïm (25 ans) dispose d’un fort potentiel. Mais il a encore du travail.

A.J.: Vous avez noué des relations amicales avec ces Israéliens passés en France. Racontez-nous.

F. B. : J’étais plus que leur agent. On partageait des choses. Nos relations étaient affectueuses. Je prenais beaucoup de plaisir à leur livrer des produits cashers chez eux. Ils sont aujourd’hui partis. Mais ils m’appellent comme s’ils étaient encore en France.

A.J.: Les bons résultats actuels de la sélection israélienne (1ère de son groupe après trois matchs) dans les éliminatoires de l’Euro 2016 peuvent-ils aider certains à franchir le cap de partir en Europe ?

F. B. : Tout à fait. Israël a un formidable coup à jouer en vue de la qualification. Elle doit pouvoir prendre des points contre le Pays de Galles et la Belgique qu’elle affrontera fin mars à domicile.

Source Actualite juive