Pages

jeudi 22 janvier 2015

Micmac judiciaire au sein de la communauté juive de Casablanca...


Ce sont des histoires des plus rocambolesques qui secouent actuellement la communauté juive de Casablanca. En décembre dernier, Yabiladi publiait un article sur le traitement judiciaire d’une affaire d’escroquerie présumée autour d’une villa voisine à celle du roi à Casablanca...Détails...


Dans le suivi de ce dossier, nous avons découvert que la mise en cause est également visée par une affaire familiale portée en justice, dans laquelle elle est également accusée d’escroquerie. Sa famille entend mener le combat « jusqu'à ce que justice soit faite », même si elle estime la jeune dame « soutenue par une personnalité influente » du royaume.
L’affaire concernant la villa voisine à celle du roi à Casablanca a beaucoup alimenté les conversations au sein de la communauté juive depuis la parution de notre article le 24 décembre dernier.
Et ce sera encore certainement le cas dans les prochains jours, car ladite villa a finalement été vendue aux enchères hier, mardi 20 janvier, « à 33 400 000 dirhams », indique à Yabiladi le plaignant, l’homme d’affaires Benjamin Chetrit. Il avait pourtant déposé un référé en décembre dernier pour annuler la vente de cette maison évaluée par l’Administration des douanes à 74 800 000 dirhams et à plus de 80 millions de dirhams par d’autres experts.
Aujourd’hui, M. Chetrit espère encore que la Cour de cassation - vers laquelle il a porté l’affaire le mois dernier - casse le verdict de la Cour d’appel. Le 25 décembre dernier, le tribunal d’Ain Sebaâ devait entendre Stéphanie Dayan, poursuivie dans cette affaire pour « escroquerie et abus de confiance et faux et usage de faux ».

Mais « à ce jour, les huissiers ne sont pas encore parvenus à la faire assister aux audiences », déclare le plaignant. « Une autre audience est prévue dans les prochaines semaines, je ne sais pas si elle se présentera », confie M. Chetrit.

Après la villa, une autre affaire d’escroquerie immobilière présumée

Ce même tribunal d’Ain Sebaâ devrait également entendre Stéphanie Dayan le 11 février prochain dans une autre affaire d’escroquerie présumée. Mais cette fois la plainte (dont Yabiladi détient copie), en lien avec l’héritage familial, émane de ses propres frères, Chalom et Sidney Hanania Dayan.

Ils ont « émis une citation directe pour escroquerie, abus de confiance et falsification de document bancaire [chèque, ndlr] », indique à Yabiladi leur avocat, Me Leghlimi Messaoud. Les deux frères résidant en Israël, c’est leur tante – la sœur de leur père Suzanne Dayan – qui suit le dossier au Maroc par procuration.

Quand une fille attribue l’Alzheimer à son père pour le déposséder ?

Cette affaire débute en février 2012 quand leur père, Albert Dayan, vend l’appartement familial qu’il détient conjointement avec leur mère, Ninette I., à raison de 50% chacun. Selon le récit de Suzanne, son frère « avait prévu de rembourser ses dettes avec le produit de la vente », dont 100 000 dirhams qu’elle lui avait prêtés. Mais un mois plus tard, Stéphanie Dayan réussit à annuler l’acte de vente.
Selon Suzanne, Stéphanie avait « préparé son coup » bien avant le décès de son père. Elle « avait contraint sa mère de lui donner ses 50%. Peu de temps après, mon frère a été mis en quarantaine avec un plan machiavélique. Mère et fille ont eu la macabre idée de faire une fausse ordonnance à l’encontre de mon frère comportant des maladies imaginaires telles que violence type A, Alzheimer et Parkinson.

Elles me l’ont montré par la suite, j’étais écœurée de voir ce système diabolique alors qu’il n’avait rien de tout ça », se souvient Suzanne, expliquant que le but de Stéphanie était de déposséder son père des 50% de la maison de telle sorte que ses deux frères établis en Israël ne puissent recevoir cela en héritage. Peu de temps après, Albert Dayan est confié au « Home des vieux », une sorte de maison de retraite accueillant les personnes âgées issues de la communauté juive à Casablanca.

Un juge rabbinique autorise une vente illégitime

Suite à cela, Stéphanie Dayan saisit le Conservateur de la propriété foncière de Casa-Anfa pour annuler la vente de la maison faite par son père, au motif que « mon père est sous tutelle de ma mère en vertu d’un jugement n°=11/2012 rendu le 29/02/2012 déclarant l’insuffisance mentale de mon père », selon la demande datée de mars 2012, dont Yabiladi détient une copie. Le 23 février 2013, un événement tragique se produit.

Albert Dayan meurt à l’âge de 90 ans, succombant selon Suzanne « à la déprime et la solitude ». Une fois son père décédé, Stéphanie relance le dossier de la vente de la maison.
C’est ainsi que le 6 février 2014, Elle obtient l’autorisation de vente du président de la chambre rabbinique au tribunal de 1ère instance de Casablanca, Joseph Israël. Mais comment le juge a-t-il pu délivrer cette autorisation alors qu’ayant été mariée du vivant de son père, Stéphanie n’avait pas droit à l’héritage, conformément à la loi juive ?

Elle a agi en tant que « mandataire » de sa mère, mais ses deux frères étant co-héritiers avec leur mère, la maison ne pouvait être vendue sans leur consentement. Comment le juge a-t-il pu passer outre cette règle ? Quelques temps après, la maison est finalement vendue à la même personne à qui le défunt Albert l’avait proposée de son vivant. Chose curieuse, le notaire émet le chèque à l’ordre de trois personnes : La mère Ninette et les deux frères héritiers.
« La part de mon frère [qui devait revenir aux deux fils, ndlr] a été placée à l’agence Attijariwafa située sur le Boulevard Lalla Yacout en face de la maison de mon frère. A partir de là, Stéphanie a transféré la totalité de la vente sur son compte personnel en truquant les signatures des trois bénéficiaires légitimes », affirme la tante Suzanne.

L’argent d’une synagogue détourné ?

S’appuyant sur le fait que « la famille était informée » du prêt de 100 000 dirhams qu’elle avait fait à son frère de son vivant, Suzanne réclamera cet argent à sa nièce. « J’ai essuyé un non catégorique de la part de Stéphanie », affirme cette dame d’un âge avancé, soulignant que l’argent n’est pas le sien, mais celui de la synagogue dont elle a la responsabilité.

Malgré ce problème en suspens, « Stéphanie est venue me voir en septembre 2014, accompagnée de son fils, pour un emprunt urgent de 50 000 dirhams, promettant de me les rendre à la fin du mois », raconte-t-elle. Mais à cette échéance, Suzanne ne percevra rien et devra par la suite se contenter de promesses jamais tenues.
Entre temps, Stéphanie Dayan aurait dépensé cet argent dans les « casino, croisière en Europe… ». « Cette femme a une chance incroyable dans la magouill (...). Tout ce qui lui importe, c’est de s’enrichir sur le dos des autres. Normalement avec ce genre d’affaires, les gens sont condamés par la justice. Mais elle, comme par magie, arrive à chaque fois à s’en sortir », constate la tante Suzanne qui attend aujourd’hui que sa nièce lui rembourse les 150 000 dirhams (100 000 prêtés à Albert + 50 000 prêtés à Stéphanie) rpris dans les caisses de la synagogue.

La vieille dame se dit « navrée » de parler ainsi d’un membre de sa famille, mais « elle a débordé les limites ». « Si Stéphanie n’avait pas refusé de me rembourser l’argent de la synagogue dans les 50% de mon frère, je me serais retirée de cette affaire, parce que logiquement je n’ai pas le droit de m'immiscer », reconnait-elle.

Menaces

Depuis que Suzanne a émis l’idée d’un éventuel recours à la justice, sa nièce l’intimiderait. « Elle me menace régulièrement. Une fois elle a même menacé de faire fermer la synagogue.

C’est un gangster de grande envergure. Les autorités savent que j’ai un lieu de culte sous ma responsabilité. Je ne la laisserai pas tranquille tant que je n’aurais pas récupéré l’argent de la synagogue. Je vais la combattre par tous les moyens. Même si des centaines d’articles sont publiés, peu m’importe. Celui qui a la conscience tranquille n’a rien à craindre », conclut la vieille dame.
Face à toutes ces allégations, Yabiladi a contacté Stéphanie Dayan pour avoir sa version des faits. « Je suis occupée, rappelez-moi plus tard », a-t-elle répondu. Mais plus tard, le téléphone de Mme Dayan était éteint.
 
« Il y a quelqu’un d’influent derrière ses magouilles »
Ayant le même avocat, Benjamin Chetrit et la tante de Suzanne Dayan se côtoient régulièrement et se dit « choqué » que quelqu’un fasse de pareils choses aux membres de sa propre famille.

« Quand on voit tous les problèmes d’argent qu’elle a, comment aurait-elle pu me prêter 5,3 millions de dirhams [dans l’affaire de la villa voisine à celle du roi, ndlr] comme elle le prétend ? », se demande l’homme d’affaires. Pour lui, la vente de sa villa « est un coup monté clair ».
Il a toujours d'éploré le traitement judiciaire expéditif qui s'est soldé par la vente aux enchères de sa villa. Pour rappel, il avait juste fallu 10 mois au tribunal pour rendre son verdict. « Du jamais vu au Maroc » dans ce type d'affaire, constatait-il. 
Aujourd’hui donc, c’est la parole des uns contre celle de Stéphanie Dayan. Interrogée par Yabiladi en décembre dernier, la jeune dame affirmait : « la justice qui m’a donné mon droit » face à M. Chetrit en décidant la vente de la villa.

Pour sa tante, Stéphanie Dayan serait « téléguidée ». « Elle n’est pas seule dans ses magouilles. Il y a quelqu’un d’influant qui la téléguide », affirme Suzanne, lançant qu’elle sait de qui il s’agit, mais préfère se « taire » afin d’éviter que l’affaire prenne une autre tournure.
Source Yabiladi