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jeudi 22 janvier 2015

Le Hamas aurait pu choisir la paix...

 
Le Hamas aurait pu choisir la paix. Au lieu de cela, il a fait souffrir Gaza. Voici la première partie d'un article rédigé par le diplomate américain Dennis Ross le 8 Août 2014. Dennis Ross, conseiller à l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, a été le négociateur du président Bill Clinton pour le Moyen-Orient et a été assistant spécial du président Obama entre 2009 et 2011...

Durant l'hiver de 2005, Ziad Abu Amr, un représentant de Gaza au sein du Conseil législatif palestinien, m'a invité à parler dans la ville de Gaza . Tandis que j'entrai dans le bâtiment où je devais parler, je vis Mahmoud al-Zahar, l'un des co-fondateurs du Hamas. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, Ziad Abu-Amr m'expliqua : « Nous avons décidé d'inviter l'opposition à vous entendre. Nous pensons qu'il est important qu'ils le fassent. ».
Je n'avais pas pensé que des hauts dirigeants du Hamas seraient présents, mais cela ne modifia pas l'essentiel de mon message. Israël avait prévu de se retirer de la bande de Gaza dans quelques mois et je soulignai donc que cela était un moment opportun pour les Palestiniens ; ils devraient le saisir. Je dis à l'auditoire d'environ 200 habitants de Gaza que cela était un moment qui devait servir à promouvoir les aspirations nationales palestiniennes.
S'ils profitaient du retrait israélien afin de développer d'une façon pacifique Gaza, la communauté internationale et les Israéliens verraient que ce qui pouvait fonctionner à Gaza pourrait également être appliqué à la Cisjordanie. Cependant, je demanda rhétoriquement : si les Palestiniens font plutôt de Gaza une plate-forme pour attaquer Israël, qui pourrait alors pencher en faveur d'un retrait israélien de la Cisjordanie et la création d'un Etat palestinien ?
Je dis alors qu'une grande partie de l'histoire des Palestiniens leur a été sans aucun doute imposée par d'autres. Cependant cette fois, ils avaient le pouvoir de façonner leur avenir. S'ils faisaient le mauvais choix, ils ne pourraient alors pas blâmer les Arabes, les Européens, les Américains - ou les Israéliens.
Même si le public qui était présent lors de cette soirée n'hésita pas à critiquer le rôle des États-Unis dans le rétablissement de la paix, personne ne contesta mon message principal du jour.
Malheureusement, nous savons le chemin que Hamas a choisi. Même pendant qu'Israël était en train d'achever le processus de retrait de toutes ses colonies et de ses soldats de Gaza, le Hamas organisa une attaque explosive dans une gare d'autobus en Israël. Ensuite, à partir de la fin 2005 jusqu'au début 2006, le Hamas a mené plusieurs attaques contre les points de passage mêmes qui permettaient aux personnes et aux marchandises de circuler dans et hors de Gaza. Pour le Hamas, il était plus important de poursuivre la « résistance » que de laisser les habitants de Gaza tester d'une manière constructive leur nouvelle liberté - ou de donner aux Israéliens une raison de penser que le retrait pourrait fonctionner. Certains affirment que si Israël se retira, un siège fut imposé sur Gaza. En réalité, le Hamas a produit le siège. L'embargo serré d'Israël sur Gaza est venu seulement après les attaques du Hamas.

L'embargo sur Gaza a sans doute porté préjudice aux Palestiniens qui y vivent, mais cela n'a pas empêché le Hamas de construire un labyrinthe de tunnels souterrains , des bunkers, des postes de commandement et des abris pour ses dirigeants, de former des combattants et de lancer des roquettes. Les tunnels se trouvent sous les maisons, les écoles, les hôpitaux et les mosquées ; ils permettent aux combattants du Hamas à descendre d'un puit et de partir d'un autre. Selon l'armée israélienne, environ 600 000 tonnes de ciment - dont une partie a été amenée en contrebande par des tunnels à partir de l'Egypte, certains détournés de matériaux qui aurait dû servir à la reconstruction à Gaza - ont été utilisées pour le réseau souterrain du Hamas.
Plusieur fois, j'ai discuté avec les dirigeants israéliens et les responsables de la sécurité, en leur disant qu'ils avaient besoin de permettre à plus de matériaux de construction, comme le ciment, d'entrer dans la bande de Gaza ; cela afin que le logement, les écoles et les infrastructures de base puissent être construits. Ils me rétorquaient que le Hamas utiliserait ce matériel pour autre chose, et ils avaient raison. Développer Gaza - favoriser un avenir pour son peuple et le protéger - n'était pas l'objectif du Hamas.
Aussi longtemps qu'Israël existera, le Hamas cherchera à le combattre. Ce ne fut pas l'opposition israélienne à l'accord de réconciliation entre le Hamas et l'Autorité Palestinienne (AP) qui a conduit à cette dernière étape de la guerre. Plutôt, ce fut l'isolement politique du Hamas et sa situation financière de plus en plus désespérée. La santé financière du Hamas groupe fut brisée après que l'Egypte ferma les tunnels de contrebande dans la bande de Gaza , que l'Iran mit fin à son financement en raison de l'opposition du Hamas à Bachar al-Assad de la Syrie et le Qatar ne fut plus capable d'envoyer de l'argent à travers le passage de Rafah, que l'Égypte contrôle.
L'accord de réconciliation évita au Hamas d'assumer sa responsabilité de gouverner Gaza et de respecter ses obligations financières – sans pour autant qu'il soit obligé de se débarasser de ses armes. Cependant, l'AP ne fut pas prête à payer les salaires du Hamas, y compris celui de ses forces de sécurité ; ainsi, le Hamas fit ce qu'il fait de mieux : utiliser la force pour changer le paysage politique.

À suivre...

Dennis Ross
Source MediaPart