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lundi 24 novembre 2014

Les risques sécuritaires en Israël freineront la reprise économique


Les promesses de reprise économique en Israël dès la fin de 2014 pourraient voler en éclats face à la détérioration de la situation sécuritaire. La reprise attendue de l’économie israélienne ne sera peut-être pas au rendez-vous de 2015 : l’agence de notation financière internationale Fitch vient de déclasser légèrement les perspectives de l’économie israélienne en lui attribuant la note « stable » au lieu de « positive » auparavant...


Les analystes de Fitch ont justifié leur décision par les dépenses militaires élevées causées par le conflit avec le Hamas, ainsi que les pourparlers de paix avec les palestiniens qui sont au point mort.
La recrudescence des attentats en Israël est donc une mauvaise nouvelle pour l’activité économique : investisseurs, consommateurs, touristes et industriels, vont devoir adapter leur comportement économique à un environnement conjoncturel dominé par l’incertitude et l’attentisme.

RÉCESSION OU RALENTISSEMENT ?

Selon les derniers indicateurs connus, le PIB israélien a reculé de 0,4% au troisième trimestre 2014, en tendance annuelle. Certes, ce sont les 50 jours de guerre à Gaza qui ont provoqué ce recul de l’activité qu’Israël n’avait pas connu depuis 2009 : des dépenses militaires trop importantes et des risques géopolitiques croissants ont remis à plus tard les perspectives de reprise.
D’où l’inquiétude des économistes israéliens concernant le quatrième trimestre de 2014 et le début de 2015 : l’économie israélienne aura-t-elle la capacité de rebondir et de récupérer les pertes de production enregistrées au début de cette année ? Ou bien, au contraire, Israël va s’enfoncer davantage dans la récession ?
La réponse à ces interrogations se trouve essentiellement dans la situation sécuritaire qui prévaut en Israël : la poursuite de la tension entre les citoyens juifs et arabes, tout comme l’impasse des négociations entre Israéliens et Palestiniens, pourraient porter un coup fatal aux promesses de reprise économique.

INVESTISSEMENT : LA GRANDE PANNE

L’indice économique le plus alarmant de la situation actuelle se trouve dans la baisse des investissements : au troisième trimestre 2014, l’investissement dans l’économie israélienne a reculé 4%, après une baisse de 5% au second semestre et de 9% au premier trimestre.
Or, l’investissement est un moteur essentiel de la croissance israélienne. En achetant moins de machines et d’équipements, les entreprises industrielles réduisent leurs moyens de production pour les mois à venir, tout en freinant l’emploi et le pouvoir d’achat des salariés. Ce qui laisserait présager la poursuite de la récession jusqu’au début de 2015.

DEVISES : RUÉE SUR LE DOLLAR REFUGE

Face à l’incertitude liée à la recrudescence des actes de violence, les investisseurs, étrangers comme israéliens, modifient la destination de leurs investissements et la composition de leurs portefeuilles. Depuis quelques jours, ils se réfugient dans le dollar considéré comme un bon gage d’assurance face aux risques sécuritaires actuels.
Conséquence de cette ruée sur le dollar : le billet vert est reparti à la hausse, s’échangeant en fin de semaine à 3,85 shekels, taux que l’on n’avait pas connu depuis plus de deux ans. Depuis le début 2014, le dollar a repris 11% sur le shekel et son envolée se poursuit.

EXPORTATIONS : REPRISE EN ATTENTE

Le principal bénéficiaire du renforcement du dollar face au shekel devrait être les exportations israéliennes. En fait, celles-ci sont soumises à deux tendances contradictoires : un taux de change favorable face à la perte de débouchés extérieurs.
Au troisième trimestre 2014, les exportations de biens et services (diamants et start-up exclus) ont encore reculé de 4,4% ; cette baisse inquiétante concerne aussi bien les biens industriels que les services touristiques. En préférant se réfugier dans le dollar au détriment de l’économie réelle, les investisseurs ne contribuent pas à la reprise de l’économie israélienne lourdement handicapée par un environnement incertain.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley