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mardi 30 septembre 2014

Nétanyahou compare le Hamas à l'État islamique


À la tribune des Nations unies, le premier ministre israélien a répliqué au discours prononcé vendredi par le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui réclame un calendrier de retrait d'Israël des «territoires occupés». Il avait promis de dissiper «les mensonges et les calomnies» proférées contre son pays. Devant l'Assemblée générale des Nations unies, Benyamin Nétanyahou a vigoureusement répliqué, lundi, au réquisitoire prononcé trois jours plus tôt par le président de l'Autorité palestinienne...



Rejetant les accusations de «génocide» portées contre Tsahal, dont les frappes ont fait au cœur de l'été plus deux mille morts dans la bande de Gaza, il a justifié cette guerre par la nécessité de lutter contre le «fanatisme musulman». «L'État islamique et le Hamas sont les deux branches d'un même arbre empoisonné, a-t-il martelé, déplorant au passage que certains des pays aujourd'hui engagés dans le combat contre les djihadistes aient, il y a quelques semaines, reproché à Israël sa lutte contre le Hamas.»
De même qu'il avait utilisé, il y a deux ans, une esquisse représentant une bombe pour mettre en garde contre le programme nucléaire iranien, le premier ministre israélien a brandi lundi une photo montrant de petits Palestiniens en train de jouer autour d'un lance-roquette dans les rues de Gaza. «Mesdames et messieurs, a-t-il souligné, voici un crime de guerre!» Tout au long du conflit, Benyamin Nétanyahou a accusé le Hamas d'utiliser les habitants de l'enclave côtière comme boucliers humains. À la tribune de l'ONU, il décrit par contraste l'armée israélienne comme «la plus morale du monde», rappelant que des avertissements ont été diffusés à la population de Gaza avant certains bombardements. «Un génocide?, interroge-t-il encore, comme si Mahmoud Abbas se trouvait face à lui. Dans quel univers moral les auteurs d'un génocide préviennent-ils les civils ennemis afin de leur permettre de se mettre à l'abri ? »
Devant le même parterre, le président palestinien s'était livré vendredi à une charge inhabituellement dure contre l'État hébreu. Accusant Tsahal d'avoir multiplié les crimes dans la bande de Gaza, tuant des centaines d'enfants et détruisant près de 20 000 maisons, il a plus généralement reproché au gouvernement israélien de refuser toute concession et d'utiliser le temps des pourparlers pour accroître son emprise sur la Cisjordanie et Jérusalem-Est.

«Il est impossible - j'ai bien dit impossible - de poursuivre des négociations qui ont échoué à traiter des racines du conflit», a lancé Mahmoud Abbas, qui a soudain paru vouloir tourner la page ouverte il y a plus de vingt ans par les accords d'Oslo. Explorant une nouvelle voie, il a invité les États membres du Conseil de sécurité à voter une résolution qui ordonnerait la fin de l'occupation «selon un calendrier ferme».
Surpris, les commentateurs israéliens se divisent sur la portée de ce changement de ton. Beaucoup, notamment à droite, estiment que le chef de l'Autorité palestinienne s'est discrédité par la virulence de son propos. Selon Avigdor Lieberman, l'ultranationaliste ministre des Affaires étrangères, «Abou Mazen prouve une nouvelle fois qu'il n'est pas un homme de paix mais un digne successeur d'Arafat qui use de méthodes différentes». D'autres, tel l'ex-ambassadeur d'Israël aux États-Unis, Michael Oren, invitent à ne pas sous-estimer le sursaut palestinien.
«La menace que représente Abou Mazen pourrait bien s'avérer, sur un plan stratégique, plus sérieuse que celle incarnée par le Hamas, écrit-il dans le quotidien Yediot Ahronoth. Son discours à la tribune de l'ONU a donné le coup d'envoi d'une offensive diplomatique. Elle vise à isoler l'État d'Israël dans l'arène internationale, à le délégitimer et à lui imposer des sanctions.»

Source Le Figaro