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vendredi 18 juillet 2014

Les combattants juifs de la Première Guerre Mondiale


En ce jour de commémoration du centenaire du début du premier conflit mondial, conflit qui initia à la fois l’implication de multiples pays, le développement et la modernisation des armes et techniques de combat, et un nouvel ordre mondial, le défilé de ce 14 juillet 2014 sur les Champs-Élysées a réuni des soldats de 80 pays. Des pays qui, depuis ce conflit et les suivants, sont soit devenus partenaires, comme la France et l’Allemagne, soit ont acquis leur indépendance, comme les anciennes colonies du Maghreb et d’Afrique, soit après le démantèlement de l’Empire Soviétique, sont à nouveau en confrontation comme la Russie et l’Ukraine...
 

Les juifs n’étant pas identifiables au sein de la commémoration parce qu’ils ont participé avec un identique patriotisme et un égal dévouement aux combats au sein des troupes françaises comme allemandes ou autres, un hommage devait leur être rendu. 

Ils ne seront récompensés ni par les uns, ni par les autres.

 Moins de vingt ans après le début de la Première Guerre Mondiale, le nazisme fera d’eux les boucs émissaires désignés responsables de la capitulation, de la crise de 1929 et d’un complot international.
Et moins de trente plus tard, c’est la France de la collaboration qui les raflera et les livrera aux nazis.
Aucune reconnaissance d’un côté comme de l’autre pour leur sacrifice au combat.
Pour ceux qui n’avaient pas encore pu acquérir la nationalité française, comme pour ceux qui l’avaient acquise et en furent destitués, le sort sera le même.
Pourtant la communauté juive de France, parfaitement intégrée, avait fait sienne la devise du Consistoire : « Religion et Patrie ».
Et ils seront très nombreux à s’engager dans les Forces Françaises de Libération et dans la Résistance au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
Véronique Chemla a publié sur son blog le 2 juillet dernier un papier très intéressant sur les juifs dans la Grande Guerre.
Elle fait référence au livre de l’historien Philippe Landau « Les juifs de France et la Grande Guerre, un patriotisme républicain ». 


 

Elle indique que pendant les quatre années de guerre, plus de 1,5 million de juifs ont été mobilisés, dont 500 000 russes.
Plus de 36 000 juifs sur 180 000 juifs de France et d’Algérie sur une population de 39 millions, 96 000 juifs sur 480 000 juifs allemands sur une population de 65 millions, 50 000 juifs sur 270 000 juifs britanniques sur une population de 46 millions d’habitants.
A partir de 1917, 250 000 juifs américains se joignent au conflit.
Sans oublier les 20 00 juifs engagés volontaires dans les forces anglaises.
Principalement originaires des pays de l’est et de l’empire ottoman, les juifs qui s’engagent dans l’Armée Française, le font par reconnaissance envers le pays qui les a accueillis.
Curieusement, les juifs allemands meurtris par l’affaire Dreyfus et l’antisémitisme français et russe, espèrent que le conflit mettra fin à celui de leurs compatriotes.

 Des actes de bravoure et de sacrifice.

Du côté français, le Grand Rabbin Abraham Bloch sera tué alors qu’il apportait un crucifix à un soldat catholique, et le courage du Grand Rabbin Jacob Kaplan lui vaudra la Croix de Guerre.
Ainsi que le rappelle Véronique Chemla, les actes de bravoure des juifs des deux côtés des belligérants ne manquent pas, pas moins que le rôle primordial des médecins et chirurgiens juifs.
Sur 13 millions de morts lors de la Première Guerre Mondiale, 170 000 étaient juifs. 90 000 russes, 12 000 allemands, 8 500 britanniques et 6 800 français.

« Français sans restriction, juif sans honte ».

 C’est la devise de l’Association des Anciens Combattants Volontaires Juifs, sioniste et socialiste créée en 1928, pendant que d’anciens combattants juifs intègrent les Croix de Feu du lieutenant-colonel de la Rocque, ou d’autres, en 1934, l’Union Patriotique des Français Israélites antibolchévique d’Edmond Bloch.
Pour d’autres, plus mesurés, et peut-être plus confiants, la promulgation des infâmes lois discriminatrices sur le statut des juifs va tomber tel un couperet fatal qui mettra fin à leurs dernières illusions.
Un ancien combattant français juif blessé de la Grande Guerre et amputé, pose fièrement aux côtés de ses enfants.
Sa fillette a sur sa robe l’étoile jaune que le régime collaborationniste de Vichy l’oblige à porter.
Quant à lui, à la place de l’étoile jaune, il arbore fièrement ses médailles.
Son fils n’a pas encore, et n’aura plus jamais l’âge, de porter cet insigne distinctif. 




Il envoie cette photo avec un courrier à l’attention du Maréchal Pétain.
Peine perdue. Pas de réponse. Rien ne les sauvera.
 
Pascale Davidovicz
Source Tribune Juive