Les services de renseignement israéliens ont préparé l’intervention dans la bande de Gaza, notamment en localisant les stocks d’armes du Hamas. Les combats risquent de durer longtemps. C'est ce qu'indiquait, le 21 juillet, Youval Steinitz, ministre israélien chargé des services de renseignement. Israël est l'un des rares pays où les services secrets ont un ministre. C'est dire leur importance, y compris politique, dans l'opération actuelle à Gaza...
Les Palestiniens alertés des frappes par téléphone
Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) et auteur, avec David Elkaïm, du plus récent et complet ouvrage sur le sujet (1), explique : « A Gaza, c'est le Shin Beth – la sécurité intérieure – et Aman – le service du renseignement militaire - qui ont fait 80 % du travail préparatoire, c'est-à-dire infiltré les réseaux, entretenu des sources sur place, écouté, identifié des leaders, localisés des stocks de roquettes, etc. »
L'Unité 504 d'Aman, spécialisée dans le renseignement technique (écoutes électroniques, imageries etc.) a évidemment fourni des cibles à Tsahal, l'armée qui est entrée dans Gaza et qui va tenter de détruire prioritairement ces stocks. « Elle n'avance pas à l'aveuglette, ni au hasard », souligne Éric Denécé.
Pour autant, faut-il voir dans les « dégâts collatéraux » l'échec du renseignement ? « La stratégie du Hamas est d'imbriquer dans la population hommes et armement », répond Éric Denécé, « c'est pourquoi, le plus souvent, Israël prévient les populations, parfois en appelant directement sur leurs portables les gens qui habitent des immeubles utilisés par le Hamas. » Ces numéros, ce sont évidemment les services secrets qui les ont identifiés.
Des innocents sont néanmoins tués… « Israël sait que, de toute façon, il perdra la guerre de la communication d'image, alors une fois les gens prévenus, l'armée ne se soucie pas de savoir si les gens alertés ont ou non obtempéré. » Ou pu obtempérer.
Pour Éric Denécé, « même si d'anciens chefs du Shin Beth ont publiquement dit (2) que la répression face aux Palestiniens mène à l'impasse, c'est Netanyahu qui décidera dans les prochains jours de la suite de l'opération. » Intensification ou non.
Intenses tractations pour un cessez-le-feu
Réunis au Caire, le chef de l'ONU Ban Ki-Moon et celui de la diplomatie américaine John Kerry ont tenté mardi d'arracher un cessez-le-feu, deux semaines après le début de l'offensive menée par Israël dans la bande de Gaza. « La violence doit cesser immédiatement », a exigé Ban Ki-Moon, qui s'est ensuite rendu en Cijordanie et en Israël. Mais l'armée s'est dit déterminée à poursuivre les combats « pour lutter contre le terrorisme ». L'opération a déjà fait plus de 600 morts côté palestinien, et tué 27 soldats et deux civils israéliens.
Par Bruno Besson
Source La Nouvelle Republique