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jeudi 17 juillet 2014

8.000 reservistes en plus des 40.000, Israël veut museler durablement le Hamas


L'armée de l'État hébreu a franchi une étape en détruisant les maisons de dirigeants de la branche «politique» du mouvement islamiste. Un cessez-le-feu sera observé jeudi matin à la demande de l'ONU pour acheminer l'aide humanitaire. De son cote, le cabinet de sécurité a également autorisé le rappel de 8000 réservistes, portant à 56.000 le nombre de mobilisés supplémentaires...



L'affrontement entre le Hamas et Israël se joue aussi sur le front des images. Quelques heures après ce qui apparaît comme une terrible «bavure», avec la mort mercredi de quatre enfants palestiniens âgés de 9 à 11 ans, tués lors d'un bombardement sur une plage alors qu'ils jouaient, Israël a annoncé un cessez-le-feu de six heures, jeudi, à la demande de l'ONU, pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Il ne s'agit que d'une pause. L'armée israélienne a prévenu qu'elle réagirait «fermement» à tout tir de roquettes du Hamas durant ce cessez-le-feu. Jeudi, avant l'entrée en vigueur de cette trêve, un Palestinien a été tué jeudi à l'aube lors d'un raid aérien israélien dans le centre de la bande de Gaza.

En attendant, Tsahal joue la carte de l'escalade. L'annonce d'une trêve de quelques heures est intervenue après une nouvelle journée sanglante. Au moins vingt-cinq Palestiniens dont huit enfants ont été tués mercredi, selon les secours palestiniens. Quatre des enfants ont péri dans un bombardement qui a détruit une cahute de pêcheurs sur une plage de la ville de Gaza, près du port, où se trouvait un groupe d'enfants, tout près d'un hôtel utilisé par les journalistes. L'armée israélienne a indiqué enquêter «consciencieusement» sur l'incident «tragique» tout en notant que «selon les résultats préliminaires, les cibles de la frappe étaient du Hamas, une organisation considérée comme «terroriste» par Israël, Washington et l'Union européenne.

La branche politique du Hamas visée
L'aviation israélienne a par ailleurs franchi une nouvelle étape en détruisant les maisons de plusieurs dirigeants de la branche «politique» du mouvement dans la bande de Gaza. Jusqu'à présent, ce genre d'opération visait avant tout des cadres des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire de l'organisation islamiste.

L'armée israélienne avait appelé, sur un ton pressant, 100.000 habitants du nord de la bande de Gaza à évacuer leur domicile. Les militaires avaient déjà utilisé cette tactique dimanche en faisant passer leur message par SMS, messages téléphoniques et tracts disséminés par des avions, provoquant la fuite de milliers de Palestiniens, mais sans passer à l'action. Difficile de prévoir, dans ces conditions, s'il s'agit d'un nouvel épisode de la guerre psychologique ou d'une menace bien réelle et imminente. Le cabinet de sécurité a également autorisé le rappel de 8000 réservistes, portant à 56.000 le nombre de mobilisés supplémentaires.

Lieberman réchappe à un tir

Pas le moins du monde impressionné, le Hamas a pressé les habitants de rester chez eux, tout en continuant ses tirs de roquettes. Un millier de ces engins ont atteint le sol israélien en neuf jours. Deux cents roquettes ont été détruites en vol par le système de défense Dôme de fer. Avigdor Lieberman, le ministre des Affaires étrangères, accompagné de son homologue norvégien, Borge Brende, a vécu lui-même ce genre d'attaque lors d'une visite à Ashdod, au sud d'Israël. Au son des sirènes, les deux diplomates et leur garde du corps ont dû se précipiter dans un abri public, alors que la roquette, qui n'a pas pu être interceptée, a explosé près d'eux.
Selon des sources médicales à Gaza, les attaques israéliennes ont fait 215 morts et plus de 1500 blessés, en grande majorité des civils. Benyamin Nétanyahou plaide non coupable pour les victimes non combattantes. «Le Hamas, qui a refusé la proposition égyptienne d'un cessez-le-feu mardi, est entièrement responsable des malheurs de la population» palestinienne, a affirmé le premier ministre quelques heures avant la mort des quatre enfants.
La poursuite des attaques de roquettes - qui pour la première fois depuis le début de l'opération ont coûté la vie, mardi, à un Israélien venu distribuer des sucreries aux soldats déployés près de la frontière avec Gaza - ainsi que le rejet par le Hamas de toute trêve exaspèrent la population israélienne qui semble de plus en plus favorable à la manière forte. Benyamin Nétanyahou résiste aux pressions et refuse de céder aux sirènes des faucons de sa majorité, en donnant son feu vert à une réoccupation de la bande de Gaza, ainsi que le suggère Lieberman. Résultat: le ministre se retrouve très isolé au sein du Likoud, son parti et dans sa majorité de droite, alors qu'il est soutenu et loué pour sa «prudence» par l'opposition travailliste, voire par le quotidien de gauche Haaretz, qui ne l'a jamais ménagé.

Source Le Figaro