Pages

jeudi 1 mai 2014

Erekat : " Israël a saboté les pourparlers "


Le négociateur en chef palestinien Saeb Erekat a accusé Israël de saboter activement les pourparlers de paix, a rapporté l'agence palestinienne de nouvelles Ma'an mardi. Après neuf mois de rencontres infructueuses et une dizaine de visites du secrétaire d’Etat américain John Kerry au Proche-Orient, les négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne prennent fin ce mardi, dans une atmosphère d’échec...



"Malheureusement, Israël n'a jamais donné aux négociations une chance de réussir", a déclaré Erekat.
"Construire des colonies en territoire occupé, tuer des Palestiniens et démolir des centaines de maisons palestiniennes n'est certainement pas le comportement d'un gouvernement qui veut mettre fin à l'occupation, mais d'un gouvernement qui veut faire de l'occupation une annexion", a-t-il accusé.
Erekat a affirmé que le Premier ministre Benyamin Netanyahou avait profité de la période de négociation de neuf mois pour "consolider un régime de l'apartheid."
De son côté, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a exigé mardi, pour poursuivre les pourparlers, qu'ils se concentrent prioritairement sur le tracé des frontières, ainsi que sur un gel de la construction dans les implantations.
"Depuis la création d'Israël, personne n'en connaît les frontières. Nous sommes déterminés à connaître nos frontières et les leurs, sans quoi il n'y aura pas de paix", a déclaré M. Abbas lors d'un discours.
"Si nous voulons prolonger les négociations, il doit y avoir une libération des prisonniers, et nous irons aux négociations sur la base d'un arrêt de la colonisation, et la discussion des cartes et des frontières pendant trois mois, au cours desquels l'ensemble de la colonisation sera arrêtée", a expliqué M. Abbas lors d'une réunion consacrée à l'établissement d'un fonds pour Jérusalem.
Durant les neuf mois impartis aux négociations, Israël aurait approuvé la construction de 13.851 logements dans les implantations de Cisjordanie et à Jérusalem-Est, selon le mouvement la Paix Maintenant opposé aux constructions dans les Territoires.
Yariv Oppenheimer, directeur de La Paix Maintenant a déclaré à i24news que durant ces 9 mois, les autorités israéliennes ont promu des projets de construction portant sur 8.983 logements dont 6.661 dans les implantations de Cisjordanie et le reste dans les quartiers de Jérusalem-Est.
Par ailleurs, 4.868 appels d'offres pour la construction d'habitations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ont été lancés durant cette même période.

Le Conseil de "Judée-Samarie" qui représente les habitants des localités juives de Cisjordanie a démenti ces chiffres évoquant un total de 9.000 unités de logement. Invité à réagir, Yariv Oppenheimer a déclaré à i24news que "la tendance était néanmoins claire".

Des conditions difficiles pour négocier

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est fait l'écho de ce sentiment. "Il y a une confrontation fondamentale concernant les implantations - 14.000 nouvelles unités de logement depuis que nous avons débuté les négociations."C'est vraiment difficile pour n'importe quel responsable de négocier dans ces conditions", a-t-il dit faisant référence à Mahmoud Abbas.
Kerry a fait ces remarques lors d'une réunion à huis-clos vendredi dernier avec des diplomates étrangers, sans préciser si les chiffres auxquels il a fait allusion se basaient sur des sources indépendantes ou sur les données de La Paix Maintenant.
Par ailleurs, selon la radio militaire israélienne Galeï Tsahal citant des responsables politiques, le Premier ministre Benyamin Netanyahou aurait donné des instructions au ministre de la Défense Ya'alon d'annuler une réunion portant sur la promotion de programmes de constructions dans les implantations.
Cette réunion, qui devait se tenir demain mercredi, a été annulée car le moment pour promouvoir la construction dans les implantations a été jugé "non opportun", selon des responsables politiques interrogés par la radio militaire.
"Nous faisons des efforts importants pour convaincre la communauté internationale que Mahmoud Abbas ne veut pas la paix lorsqu'il se réconcilie avec le Hamas, c'est un de nos atouts et ce n'est pas le moment de le perdre. L'annonce de constructions pourrait retourner en un instant l'opinion internationale contre nous", a déclaré un responsable israélien.
L’annonce de la réconciliation entre le Fatah et le Hamas mercredi a eu l’effet d’une bombe en Israël, où l'on a accusé le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas d’avoir choisi la paix avec le Hamas plutôt qu’avec Israël.
Mais d’après Washington, cette réconciliation inter-palestinienne "n’est pas nécessairement une mauvaise chose" et servirait au contraire à renforcer le leadership du président Abbas, a expliqué le conseiller de Barack Obama pour le Moyen-Orient, Philip Gordon, cité par le quotidien israélien Haaretz.
"Un accord de paix pourrait être conclu au nom de tout le peuple palestinien", a indiqué M. Gordon lors de la Conférence des présidents des principales organisations juives vendredi.
"Vous ne pouvez pas faire la paix avec seulement une partie du peuple palestinien", a-t-il ajouté, expliquant qu’il serait difficile de parvenir à un accord uniquement avec une "moitié de l’entité palestinienne".
Il a néanmoins admis que l’administration américaine avait été déçue par le "timing" choisi pour cet accord inter-palestinien et a réaffirmé que l’aide américaine à un éventuel gouvernement d’unité entre le Hamas et le Fatah serait coupée en cas de non-respect des trois conditions du Quartet.

Risque d'escalade

Dans le même temps, d’anciens responsables sécuritaires israéliens et palestiniens ont recommandé à leurs dirigeants respectifs de poursuivre les négociations afin d’éviter une flambée de violences, en particulier en Cisjordanie, rapporte Haaretz.
Cette mise en garde a été énoncée par d’anciens officiers supérieurs à la retraite qui ont servi dans des postes clés en Cisjordanie et par d’ex-généraux palestiniens.
Elle a été directement adressée au Premier ministre Benyamin Netanyahou, au chef d’état-major Benny Gantz et au ministre de la Défense Moshe Ya’alon, lors de réunions tenues avant la dégradation des pourparlers de paix.
Dans leur lettre au Premier ministre, il est écrit que les membres de ce groupe ont cherché à "mettre en évidence le risque important d’escalade en Cisjordanie si les recommandations ne sont pas mises en œuvre". "A notre avis, la mesure la plus appropriée à ce stade est d’assurer la continuité de véritables négociations avec les Palestiniens", expliquent-ils.
Source I24News