Le ministère israélien de l’Intérieur a donné son feu vert au projet de construction d'un musée archéologique controversé dans le quartier palestinien de Silwan, à Jérusalem-Est occupée et annexée, a-t-on appris vendredi auprès du ministère...
"La commission régionale du ministère de l’Intérieur a entendu les objections au projet de construction (...) mais a estimé que ce projet permettra d'exposer au public d'importantes découvertes archéologiques et contribuera, en tant qu'attraction touristique, au développement de la ville de Jérusalem", a expliqué le ministère dans un communiqué.
"La commission a décidé d'approuver le projet sous réserve de modifications concernant la hauteur du bâtiment, initialement prévu sur trois étages, et qui devait dépasser la hauteur des remparts de la Vieille ville", précise le communiqué. L'autorisation sera publiée officiellement d'ici deux semaines.
Des dizaines de familles juives se sont installées à Silwan, en contrebas des murailles de la Vieille ville, au milieu de la population palestinienne sur un site appelé la "Cité de David", en référence à l'ancien roi de Judée David.
Les habitants de Silwan dénoncent une tentative des Israéliens de renforcer leur présence dans ce quartier de Jérusalem-Est.
Ce projet de musée controversé est administré par Elad, une organisation d'extrême droite qui milite pour la colonisation juive à Jérusalem-Est et est impliquée dans un projet de parc biblique à Silwan.
"Depuis 1967 (date de l'occupation de Jérusalem-Est), l'Etat d'Israël essaye de vider ce quartier de sa population en refusant aux Palestiniens des permis de construire. Maintenant, il autorise cette construction qui est déconnectée de l’histoire des Palestiniens", a déclaré à l'AFP Sami Ershid, l'avocat qui représente les habitants de Silwan.
Le projet prévoit l'établissement d'un complexe d'une superficie totale de 16.000 m2 sur plusieurs étages, a précisé M. Ershid à l'AFP.
La décision du ministère de l'Intérieur survient au moment où le processus de paix israélo-palestinien s'enfonce dans la crise, chacun des deux camps s'accusant mutuellement d'avoir violé leurs engagements.
"C'est une réaction classique de l'Etat d’Israël et de la municipalité de Jérusalem que d'essayer dans ces circonstances de porter atteinte aux Palestiniens de Jérusalem", a estimé l'avocat des opposants au projet.
Israël s'apprête à prendre une série de sanctions économiques et sécuritaires contre les Palestiniens à la suite de leurs démarches auprès d'instances internationales.
Dans un rapport interne le mois dernier, les chefs de mission de l'Union européenne à Jérusalem-Est et Ramallah (Cisjordanie) se sont inquiétés de l'accélération de la colonisation, soulignant que la politique israélienne met en péril "la viabilité" de Jérusalem comme future capitale des deux Etats, Israël et la Palestine.
Israël considère Jérusalem comme sa capitale "unifiée et indivisible". Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion en 1967 de la partie orientale occupée de la ville, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Source Direct Matin