Pages

jeudi 27 mars 2014

Les dessous de la paix de Camp David 35 ans après


Mêmes peurs, mêmes menaces, mêmes clichés, rien n'aurait-il changé ? Le Département d'Etat américain déclassifie mercredi des documents 35 ans après les accords de Camp David avec l'Egypte qui révèlent les crises avec les Etats-Unis sur les négociations avec l'Egypte et sur le dossier palestinien. Menahem Begin fulmine: "Oui au voisinage, oui à la paix, mais la terre ! Un lopin de terre dont dépend la vie de tous nos enfants"...




La sécurité contre la terreur palestinienne, l'évacuation de la rive occidentale du Jourdain, suspicion dangereuse, une administration américaine perçue en Israël comme étant aveugle, c'était exactement la situation il y a 35 ans lors des négociations de paix entre Israël et l'Egypte.
Les archives nationales dévoilent ce mercredi des documents historiques et des memorandums secrets de cette période dramatique.
Une grande partie des documents traite de la question palestinienne. Le président égyptien Anouar el Sadate, leader du monde arabe à l'époque, fit l'objet de pressions intenses de la part des pays arabes afin de solutionner la question territoriale. Ce sujet aboutit à une crise jusqu'à ce que fut trouvé une formule qui permit de faire l'impasse sur ce terrain miné et le laisser pour les générations futures.
Le 2 juillet 1978, le ministre israélien des Affaires étrangères Moshe Dayan rencontra à Jérusalem le vice-président américain Walter Mondale. Les relations entre Israël et les Etats-Unis étaient très tendues car, en dépit des espoirs après la visite du président Sadate en Israël, aucun progrès réel n'était alors noté dans les négociations. Les Américains faisaient pression pour obtenir d'Israël de nouvelles concessions et Sadate exigeait le retrait de toute la Cisjordanie.
Lorsque le président américain Jimmy Carter prête serment, en Israël le Premier ministre s'appelle Yitshak Rabin et son ministre de la Défense est Shimon Peres. Rabin se brouille avec Carter et, entre temps, est forcé de démissionner à cause d'un compte en dollars détenu par son épouse aux Etats-Unis.
Les Américains misent alors sur Peres comme alternative à Menahem Begin qu'ils considèrent de plus en plus comme un obstacle à la paix.
Mais c'est Moshé Dayan, en pleine traversée du désert après les premiers jours catastrophiques de la Guerre de Kippour en 1973, qui devient le ministre des Affaires étrangères de Menahem Begin qui a réussi à conquérir le pouvoir en 1977 à la surprise générale. Dayan fut l'un des premiers à oser exprimer sa confiance dans la sincérité du président Sadate.
L'administration Carter noue des contacts étroits avec Dayan bien que les Américains en avaient déjà avec le glorieux général israélien avant qu'il ne retrouve sa position d'influence.
Dayan explique au secrétaire d'Etat Cyrus Vance qu'il était opposé à la conquête du Golan en 1967, mais maintenant que le plateau syrien est "entre nos mains", il est opposé à l'évacuation de territoires.
"Si on propose la paix à Israël contre l'évacuation totale des territoires, je m'opposerai à la paix", confie-t-il à Cyrus Vance. "Sadate veut vraiment la paix, la Jordanie aussi, ainsi que les habitants des territoires, puisqu'il n'ont pas créé de front supplémentaire lors de la guerre de Kippour", explique Dayan. Mais il ajoute: "Aucun gouvernement israélien n'acceptera un retrait total même en contrepartie d'un accord de paix. Il est possible de trouver une solution intermédiaire comprenant une grande évacuation du Sinaï, une petite évacuation du Golan et une consultation des habitants des territoires sur l'évacuation des Israéliens de là-bas".
Mais Moshé Dayan sort découragé de son entretien avec le président Walter Mondale à l'hôtel King David de Jérusalem le 2 juillet 1978. "J'ai une expérience de 30 ans de négociations sans résultats avec les Arabes, si ce n'est que la plupart de ceux avec lesquels nous avons négocié ont été assassinés", dit-il.
Les accords de Camp David furent signés le 17 septembre 1978, par le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, sous la médiation du président des États-Unis, Jimmy Carter. Ils consistent en deux accords-cadres qui furent signés à la Maison-Blanche après 13 jours de négociations secrètes à Camp David. Ils furent suivis de la signature du premier traité de paix entre Israël et un pays arabe : le traité de paix israélo-égyptien de 1979.
Source I24News