En Afrique, on reparle de l’affaire de la mine de fer de Simandou, en Guinée. Pas un mot dans la presse française sur le virus Ebola qui se répand en Guinée (et pas seulement dans ce pays, d’ailleurs..), mais en revanche, une nouvelle péripétie dans cette histoire de mine de fer guinéenne. Souvenez-vous. En septembre dernier, ici-même, nous avions déjà évoqué ce feuilleton révélée initialement par le bimensuel américain NewYorker, et qui avait provoqué l’ire du diamantaire franco-israélien Beny Steinmetz...
Présenté alors par un journal français (l’hebdomadaire M) comme « l’homme le plus riche d’Israël », proche de l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, Beny Steinmetz se défend d’avoir tenté de soudoyer la quatrième épouse de feu le général-président Lansana Conté, afin de circonvenir l’ancien dictateur guinéen et d’obtenir ainsi des droits de recherche sur la mine de Simandou, « plus grand gisement de fer inexploité au monde ».
Droits que Beny Steinmetz finira par acheter 165 millions de dollars pour, un an et demi plus tard, en revendre 51 % au prix de 500 millions de dollars au groupe brésilien Vale, avec une option de 2 milliards de dollars supplémentaires sur le reste des droits.
Après perquisition chez elle, aux Etats-Unis, le FBI obtiendra de la veuve de Lansana Conté qu’elle collabore avec la police. Laquelle l’équipera d’un micro pour piéger un envoyé spécial de Beny Steinmetz, venu lui demander de détruire des documents compromettants relatifs à la vente de la mine de Simandou. Documents qu’elle était censée détenir.
On en sait plus sur cet envoyé spécial et sur ce qu’il a dit à la justice américaine. Il s’appelle Frédéric Cilins. C’est un Français. Il a été arrêté par le FBI après avoir été enregistré à son insu lors de rencontres la veuve.
Le Canard Enchaîné affirme que, le 10 mars dernier, Frédéric Cilins a annoncé à ses juges américains « qu’il plaiderait coupable ».
L’hebdomadaire satirique publie des extraits de conversations qu’il présente comme sortis de la bouche de Frédéric Cilins, alors que ce dernier s’adressait à la veuve sans savoir que la police ne perdait pas une miette de ces conversations.
Après d’autres largesses accordées à la veuve, Cilins, écrit Le Canard Enchaîné, « lui promet 5 millions de dollars supplémentaires. Il ajoute : « Il y aura encore plus. Et ça, c’est la communication qui m’a été donnée directement par le numéro 1. Je ne veux même pas donner son nom. » Puis, en chuchotant, il lâche ce prénom : « Beny », et Le Canard Enchaîné ajoute entre parenthèses le nom : « (Steinmetz). ».
Au sujet des « fameux papiers » que la veuve était censée détenir, le journal affirme que Cilins lui aurait dit : « C’est un truc qui fait 28 pages. Personne ne sait qu’on a ça (…), c’est une bombe atomique pour toi (…) il faut détruire. Très, très urgent (…), il faut tout détruire et nier. ».
Selon l’hebdomadaire satirique, la veuve lui aurait alors rétorqué : « Vous me dites qu’il faut mentir à la (sic) FBI ? ». Et le confrère affirme que Frédéric Cilins aurait fini par lui déclarer : « Bien sûr qu’il faut mentir ».
Précisons qu’en septembre dernier, Le Canard Enchaîné avait évoqué des opérations de financement de l’homme d’affaires franco-israélien visant au renversement du président guinéen Alpha Condé ; et ajoutons que Beny Steinmetz, par l’intermédiaire de ses défenseurs, avait annoncé son intention de porter plainte pour diffamation. Affaire à suivre..
Source Guinée 58