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jeudi 21 novembre 2013

Nucléaire iranien : les négociateurs entrent dans le vif du sujet à Genève

 

Les négociateurs des grandes puissances et de l'Iran commencent jeudi à Genève à discuter dans le détail un projet d'accord intérimaire sur le nucléaire iranien et vont tenter de "concilier leurs lignes rouges" respectives pour aboutir à un compromis.


Jeudi, "on rentre dans le dur, on discute des vrais sujets. Le travail va être de plus en plus précis, ça devient concret", a expliqué un négociateur occidental à l'issue de la première journée de discussions dans la ville suisse, où les diplomates des 5+1 (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne) et de l'Iran se sont retrouvés mercredi pour le troisième round de négociations depuis la mi-octobre. Les discussions "détaillées" se tiendront entre la délégation iranienne emmenée par le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif et la diplomate en chef de l'UE Catherine Ashton. Elles porteront sur un texte agréé le 9 novembre dernier lors des précédentes négociations.

Suspension de l'enrichissement
Ce texte est un "accord intérimaire" de six mois prévoyant une limitation du programme nucléaire de Téhéran en échange d'un allègement limité de sanctions. Les détails n'en sont pas connus, mais "tout le monde sait quels sont les principaux enjeux", a souligné Michael Mann, le porte-parole de Mme Ashton, citant particulièrement la question de l'enrichissement de l'uranium, "droit" revendiqué par les Iraniens, mais dénoncé par les Occidentaux qui soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique.
Les principales questions concernent donc la suspension de l'enrichissement, ainsi que le sort du stock iranien de 186 kg d'uranium enrichi à 20 % (seuil critique pour arriver rapidement à un taux d'enrichissement à 90 % ouvrant la porte à la bombe nucléaire). Elles portent aussi sur le réacteur à eau lourde d'Arak, qui permet de fabriquer du plutonium à des fins militaires, et qui est la deuxième filière pour fabriquer une bombe atomique. "Tout le problème va être de concilier nos lignes rouges respectives", a estimé une source diplomatique occidentale, alors que ces lignes ont été clairement formulées de part et d'autre et que les déclarations faisant monter la tension autour de ces négociations se sont multipliées.
Mercredi, avant même la reprise des discussions à Genève, le guide suprême iranien Ali Khamenei a répété que son pays ne reculerait pas sur ses "droits nucléaires". "J'insiste sur la consolidation des droits nucléaires de l'Iran", a déclaré Ali Khamenei dans un discours en direct à la télévision, insistant sur les "lignes rouges" du programme nucléaire, dont l'enrichissement d'uranium sur le sol iranien et le refus de fermer le site souterrain d'enrichissement de Fordo. L'ayatollah a également lancé une violente attaque contre Israël affirmant que "le régime sioniste" était "voué à la disparition".

"Négociations difficiles"
Le président français François Hollande a exhorté l'Iran à "apporter des réponses, et pas des provocations", tandis que le secrétaire d'État américain John Kerry a rejeté par avance tout accord qui permettrait de "faire gagner du temps" à Téhéran et ne répondrait pas aux "inquiétudes fondamentales" de la communauté internationale. Soucieux de rassurer les faucons du Congrès américain, qui veulent un durcissement des sanctions contre Téhéran, et Israël, hostile à tout allègement de ces sanctions, des sources américaines à Genève ont également fait valoir que les contreparties offertes à l'Iran en cas d'accord resteraient "assez petites". L'allègement des sanctions porterait essentiellement sur le dégel d'avoirs financiers iraniens détenus dans des banques étrangères.
"Les négociations sont difficiles. Elles sont dures", a souligné une de ces sources, prudente sur la possibilité de conclure un accord avant la fin de la semaine. "C'est loin d'être dans la poche, mais on est pragmatiques, et il y a de vraies discussions", a nuancé une autre source occidentale. Plusieurs bilatérales sont encore prévues jeudi. Pour le moment, il n'est pas question que les ministres des pays du P5 +1 rejoignent les discussions, comme cela avait été le cas lors du dernier round de négociations. "Cette fois-ci, ils viendront s'il y a quelque chose à signer", selon une source diplomatique occidentale.

Source Le Point