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mardi 19 novembre 2013

Le conseil spirituel à l'hôpital fait ses premiers pas en Israël


Apparue dans le monde chrétien, la fonction de conseiller spirituel (« chaplain », en anglais) a beau avoir pignon sur rue dans les pays anglo-saxons, y compris au sein d'autres religions, elle commence seulement à émerger en Israël. L'Etat hébreu vient en effet de lui entrouvrir la porte en cautionnant un programme inédit dans le domaine de la formation professionnelle, puisqu'une première promotion de vingt-trois conseillers spirituels ont reçu leur diplôme certifié voilà quelques jours à Neve Ilan, en banlieue de Jérusalem.


Une étape importante dans la formalisation de cette nouvelle profession dans l'Etat juif, même si le conseil spirituel n'a pas encore obtenu de reconnaissance formelle de la part des services médicaux ou sociaux du pays.
En Israël, comme ailleurs, le conseiller spirituel accompagne des personnes en état de détresse devant affronter des situations médicales extrêmes. Une approche qui a connu ses premiers succès dans le monde hospitalier, avec des expériences pionnières dans les centres Shaare Zedek, Sheba - ou Tel Hashomer - ou l'hôpital de Haïfa. Pour l'heure, les conseillers spirituels y interviennent en se faisant pour la plupart rémunérer par le Fonds social juif unifié, qui a investi 6 millions de dollars pour promouvoir cette profession au niveau israélien.

 
« Eviter toute dérive vers le charlatanisme »

Il est vrai que l'Etat juif ne possède pas de tradition enracinée dans ce domaine. « Dans les pays occidentaux où la séparation de la religion et de l'Etat est de mise, le spirituel peut facilement être évoqué sans faire référence de façon automatique à un concept religieux », confiait voilà peu au journal Haaretz l'un des diplômés de la première promotion israélienne, Eli Sharon. Ex-cadre du high-tech, ce juif pratiquant s'est illustré comme bénévole dans l'unité de pompes funèbres de Tsahal, et a suivi une formation de bibliothérapie avant de rebondir sur un programme de « soin pastoral » au sein de l'hôpital Shaare Zedek. « Ici la situation est différente, poursuit-il. Notamment parce que les laïcs israéliens sont par définition opposés à ce type d'approche qu'ils assimilent à de la coercition religieuse ».
Représentant près de 800 heures d'apprentissage, le programme de formation mis en place par le réseau de soin spirituel israélien (Israel Spiritual Care Network) est parrainé par un comité pluridisciplinaire associant des universitaires dans le domaine de la psychologie, de l'oncologie palliative ainsi qu'un rabbin membre de l'Association nationale de conseillers spirituels juifs des Etats-Unis (NAJC). Il propose un curriculum équivalent aux standards internationaux et s'articule sur des critères en matière d'exercice professionnel, « pour éviter toute dérive vers le charlatanisme ».
Comme le signale Uri Leventer-Roberts, le directeur de la branche israélienne du Fonds social juif unifié - Fédération de New-York, le conseil spirituel a largement dépassé le simple cadre hospitalier aux Etats-Unis, pour s'étendre au soutien aux personnes en situation extrême sur le plan économique, notamment dans la foulée d'une catastrophe naturelle comme l'ouragan Sandy. Mais l'expérience israélienne n'est pas censée se caler sur cette formule. « L'idée est d'adapter la profession aux besoins de la société (...) de bâtir un modèle israélien unique basé sur notre culture, notre nature et nos sources historiques ».