Le nom de Mohamed Helmy devrait bientôt être gravé sur le Mur d'honneur du jardin des Justes du mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem. Cet Egyptien, né en 1901 à Khartoum et mort à Berlin en 1982, est le premier citoyen d'un pays arabe à se voir attribuer le titre de "Juste parmi les Nations" par Israël.
Depuis 1963, la distinction a été décernée à 25 000 non-juifs de 47 pays, parmi lesquels des dizaines de musulmans d'Europe de l'Est, ayant au péril de leur vie sauvé des victimes de la Shoah. Parti étudier la médecine à Berlin en 1922, le docteur Helmy a, pendant la seconde guerre mondiale, sauvé quatre membres d'une famille juive, avec l'aide de sa fiancée, l'Allemande Frieda Szturmann.
Anna Boros Gutman avait 21 ans quand les persécutions de juifs gagnèrent la capitale de l'Allemagne nazie. "Un très bon ami de la famille, le docteur Helmy, m'a cachée dans sa cabane à Berlin du 10 mars 1942 à la fin des combats en 1945, témoignera-t-elle quelques années plus tard dans une lettre. Dès 1942, je n'ai plus eu aucun contact avec le monde extérieur. La Gestapo savait que le docteur Helmy était mon médecin et qu'il possédait une cabane dans le quartier du Buch. Il a échappé à tous leurs interrogatoires..."
Ce risque, Mohamed Helmy le prit en dépit des discriminations et de la surveillance policière dont il faisait lui-même l'objet. N'appartenant pas à la race aryenne et opposé au régime nazi, l'homme s'était vu tour à tour interdit d'exercer dans le système de santé public et d'épouser sa fiancée, avant d'être arrêté en 1939 avec d'autres Egyptiens. Relâché un an plus tard pour raisons médicales, il demeurait étroitement surveillé. "Lorsque la pression devenait trop forte, il m'emmenait chez des amis qui me gardaient avec eux durant quelques jours", a écrit Anna Boros Gutman, qui a échappé à la déportation. Le médecin a également aidé et soigné la mère d'Anna, Julie, et son second mari, Georg Wehr. Sa grand-mère, Cecilie Rudnik, est restée pendant un an cachée chez Mlle Szturmann, partageant ses maigres rations.
A la fin de la guerre, les quatre survivants ont émigré aux Etats-Unis sans jamais oublier "la générosité" du docteur Helmy et de Frieda Szturmann, que le médecin pu enfin épouser. Les lettres de gratitude qu'ils ont envoyées au Sénat de Berlin dans les années 1950 et 1960 en témoignent. Retrouvées il y a un an dans les archives par un chercheur allemand, elles ont été transmises à Yad Vashem pour qu'ils soient élevés au rang de Juste. Le mémorial recherche désormais leurs proches pour leur remettre officiellement le diplôme et la médaille d'honneur.
Cet honneur, rendu l'année des 50 ans de la distinction, pourra-t-il contribuer à battre en brèche le tabou, et parfois le déni, de l'Holocauste dans les pays arabes et musulmans en conflit avec Israël ? C'est ce qu'espère l'historien américain Robert Satloff, auteur en 2006 de Parmi les Justes, une enquête sur l'histoire longtemps occultée des Justes en terre arabe. "J'espère que les médias égyptiens et arabes donneront à cette histoire de Juste arabe l'attention qu'elle mérite. C'est une réponse puissante à l'ignorance et à la dénégation de l'Holocauste", a-t-il réagi sur Twitter, plaidant pour la candidature et la distinction d'autres Justes arabes et aussi iraniens.
Koide9enisrael vous avez informé le 30 Septembre de cette information :
Source Le Monde