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mardi 23 juillet 2013

Le Big Mac Index : trop simpliste ?


Israël fait partie des pays de référence dans le “Big Mac Index” inventé par The Economist. L’Etta hébreu se retrouve quelques rangs avant la France (un hamburger en Israël coûte théoriquement moins cher en Israël). Depuis longtemps nous savions que cet indice assez étonnant n’avait en réalité aucun sens pour les économistes d’Israël qui l’ignorent royalement. Surtout lorsque l’on tente de l’utiliser pour mesurer la compétitivité du pays.

L’indice Big Mac de Mc Donald’s est une mesure de parité de pouvoir d’achat (PPA). Depuis plus de 20 ans, l’hebdomadaire The Economist dresse la liste des différents prix du Big Mac de Mc Donald’s dans les principales zones géographiques. Le Big Mac étant un produit vendu sur toute la planète, cet indice donne une idée du coût de la vie dans les pays. L’indice se base sur un seul produit et ne prend pas en compte la politique commerciale de Mc Donald’s et des économies d’échelle que peut réaliser cette société dans chaque pays.(D.R.A.)

Un article paru récemment (1) : "En 1986, le journal The Economist innovait en élaborant un indice permettant de comparer le pouvoir d’achat entre différents pays à partir du Big Mac. L’idée paraissait simpliste mais a fait preuve de son efficacité. En effet, le Big Mac possède l’avantage d’être un produit mondialisé. Il est donc facile de comparer la somme d’argent qu’il est nécessaire de dépenser dans chacun des pays pour se procurer un Big Mac en convertissant le prix en une monnaie unique.
Jusque-là tout va bien. Mais voici que l’institut belge Bruegel s’est appuyé sur cet indice Big Mac pour parler de la compétitivité des pays européens entre eux. Selon le directeur de l’institut et auteur de l’article Guntram B. Wolff, les variations de prix du Big Mac entre janvier et juin 2013 permettraient de conclure à des gains ou des pertes de compétitivité selon les cas.

Une comparaison “simpliste”Ainsi, la Grèce, dont le Big Mac a perdu 70 centimes en l’espace de 6 mois (de 3,3 euros à 2,6 euros), aurait gagné en compétitivité. Il est devenu le pays où le prix du Big Mac est le plus bas dans l’Europe des 28. Au contraire, la France est avec la Finlande le pays où le Big Mac est le plus cher. Il coûte 30 centimes de plus qu’en janvier (de 3,6 euros à 3,90 euros). Dans le même temps, le prix du Big Mac allemand n’a pas évolué. Ce qui fait dire à Guntram B. Wolff que la France aurait perdu de la compétitivité par rapport à son voisin allemand (3,5 euros).
“Cette comparaison avec les Big Mac doit être regardé de façon anecdotique. En effet, il y a plein de facteurs qui rentrent en compte dans le calcul de la compétitivité comme la capacité d’innovation, la solidité du système financier, le niveau d’éducation, etc. ", rappelle Christian Saint-Etienne, économiste spécialiste des questions monétaires. “On ne peut pas tirer de conclusions de ces écarts mais juste dire que les touristes vont trouver un Big Mac moins cher que chez eux s’ils vont en Grèce”. Mesurer et comparer la compétitivité d’un pays est donc compliqué et utiliser l’indice Big Mac à cet escient est “simpliste” selon Christian Saint-Etienne.

Jusqu’à 300 critères pour élaborer un indice de compétitivitéD’autres instituts ont élaboré des études sur la compétitivité, mais en prenant cette fois un grand nombre d’indicateurs. Le forum de Davos a ainsi établi un indice mondial de la compétitivité à partir de 110 variables très diverses comme la qualité des infrastructures, la situation sociale des individus et l’intensité de la recherche et développement. Selon l’indice 2012, la Suisse est en tête du classement, suivie par Singapour et la Finlande. Or, la Finlande devait être le pays qui avait le plus perdu en compétitivité d’après l’étude de l’institut Bruguel.

Autre étude : celle de l’école de management de Lausanne. Celle-ci se base sur 300 critères pour élaborer son palmarès. En 2013, on y retrouve les Etats-Unis, la Chine et Hong-Kong sur le podium. La Finlande est 20ème (-3 places) et la France 28ème (+1 place). Gage s’il en est que la mesure de la compétitivité est complexe et ne peut être réduite à une simple comparaison du prix des Big mac. Même s’il donne des indications sur l’évolutions des prix et donc de la compétitivité, le prix des Big Mac dépend aussi d’autres critères comme la demande ou la concurrence.
Mais ces résultats devaient satisfaire les membres de l’institut Bruguel, dont la présidence est assurée par l’ancien directeur de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet. Une manière de pousser la France à se réformer en profondeur pour restaurer sa compétitivité perdue face à l’Allemagne".
Source Israel Valley
Source (1) Challenges